Absents excusés : Le roi Mohammed VI (Maroc), Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Jacob Zuma (Afrique du Sud) ; Paul Kagamé (Rwanda).
Ce pourrait être l’appel fait par le majordome de l’Elysée sur le perron ce matin à l’ouverture du sommet de l’Elysée convoqué par François Hollande. Au total 39 chefs d’Etat et de gouvernement ont répondu à la convocation du chef d’Etat français pour ce «sommet pour la paix et sécurité en Afrique».
Un sommet France-Afrique qui ne dit pas son nom 40 ans après la tenue de la première édition du grand raout entre Paris et ses alliés du continent noir.
Avant de parler paix et sécurité, ils se seront intéressés à leurs préoccupations économiques et financières. Comment faire en sorte que l’Afrique se développe tout en faisant profiter la France, qui traverse actuellement une période difficile ? C’est la question à laquelle décideurs politiques et hommes d’affaires ont tenté d’apporter des éléments de réponse.
Mais pour commercer, faire des affaires, investir et développer, encore faut-il que règnent la paix et la sécurité. A cet effet, au-delà des discours et des belles résolutions, si François Hollande et ses homologues avaient besoin de travaux pratiques, ils en ont à profusion, tant les foyers de tension sont légion sur le continent :
- Le Mali toujours convalescent ;
- la Libye dans l’œil du cyclone ;
- l’Egypte qui semble oubliée par ses pharaons ;
- la Tunisie à la croisée des chemins, etc.
Mais le dossier le plus brûlant reste la Centrafrique, car, comme pour rappeler aux conférenciers l’urgence de la situation, Bangui a été secoué, hier jeudi 5 décembre par des tirs d'armes automatiques et à l'arme lourde notamment dans son quartier nord et au centre-ville. Jusqu’au moment où nous bouclions notre édition, on ne savait pas encore si ces attaques, qui ont fait 130 morts, étaient l’œuvre des groupes antibalaka (miliciens traditionnels opposés à la Seleka) ou d’anciens membres des Forces armées centrafricaines proches de l’ancien président Bozizé. Un couvre-feu a été décrété de 18 h à 6 h dans la capitale par le président Michel Djotodia.
Quoi qu’il en soit, cela vient ajouter à la chienlit en Centrafrique (quarante-huit heures avant a eu lieu le "massacre" à la machette perpétré contre des civils peuls au nord de Bangui), où petit à petit les germes d’un conflit ethno-religieux, pour ne pas parler de génocide comme Laurent Fabius, sont semés.
La France, qui a déployé son dispositif sur place en attendant le vote d’une résolution des Nations unies qui est intervenue hier dans l’après-midi, parviendra-t-elle à circonscrire le péril ? C’est la grande question qui se pose au regard de l’évolution de la situation.
En réalité, force est de reconnaître qu’il faut y engager la responsabilité des Etats africains, notamment ceux de la sous-région. S’il est vrai que l’Hexagone a les moyens diplomatiques de faire voter une résolution onusienne et les moyens logistiques et humains pour intervenir sur le terrain, c’est honteux pour les Africains de laisser le coq gaulois se débattre tout seul ; cela, d’autant plus qu’on accuse très vite la France de néocolonialisme et d’impérialisme toutes les fois qu’elle s’aventure sur ces terres de désolation. Et quand elle se garde de le faire, c’est l’accusation bien codée de non-assistance à peuple en danger qui est brandie.
Si les zones de conflits se multiplient sur le continent, la France aura-t-elle la surface nécessaire pour continuer à jouer au «gendarme de l’Afrique» ?
Il faudra bien qu’un jour ou l’autre, les Africains puissent s’affranchir de cette tutelle. Après tout, on n’est jamais que le meilleur serviteur de sa propre cause.