S’ouvre aujourd’hui à Paris, en France, le sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité. Deux jours durant, plus d’une quarantaine de chefs d’Etat d’Afrique échangeront avec le président français, à l’Elysée, sur des questions relatives à la sécurité et à la paix sur le continent. Une rencontre qui fait suite à une invitation du président français, François Hollande, depuis Addis Abeba, lors du sommet de chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine en mai dernier. « Ce sommet permettra de définir ensemble les formes de la meilleure coopération pour prévenir et traiter les conflits et pour lutter partout contre le terrorisme », foi de l’Elysée.
« Paix et sécurité ». Il n’en fallait pas plus pour voir la ruée des dirigeants africains vers l’hexagone pour chercher la potion magique made by Gaulois contre l’insécurité. Insécurité contre laquelle les pays africains affichent une incapacité inouïe à faire face.
Pour sûr, ils sont peu les présidents africains à se laisser conter l’événement. Ils sont tous, ou presque, en France pour écouter le père protecteur. A événement exceptionnel, mobilisation exceptionnelle, sommes-nous tentés de dire. Même un sommet de l’Union africaine consacré à la paix et la sécurité n’a fait pareille mobilisation des chefs d’Etat africains. Le jamboree vaut son pesant d’or au regard de l’actualité et du thème. Pourtant, il semble qu’il faut rester sur son piédestal pour voir clair dans ce sommet qui cache bien d’intentions inavouées. N’en déplaise ainsi à l’Elysée qui nous fait croire qu’il s’agit d’une évolution des relations franco-africaines, d’un toilettage de la diplomatique gauloise en Afrique, histoire de rompre avec un passé turbulent. Que nenni ! Car tout observateur avisé conclura qu’il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un ronronnement diplomatique de la part de la patrie mère vis-à-vis de ses territoires d’outre mer. Sinon, on ne voit pas en quoi ce raout est différent du cadre légendaire existant, à savoir le sommet Françafrique. En effet, si nous avons bonne mémoire, depuis le premier sommet de la Françafrique en 1973, soit 26 au total, 4 (1978, 1983, 1994, 1998) ont été consacrés à la paix. Quid donc du bilan des recommandations et engagements pris lors ces rencontres ? En tout cas, la réalité sur le terrain est révélatrice d’un échec de toutes les résolutions antérieures. Sauf que là encore, on trouvera les pêcheurs en eau trouble pour justifier ce sommet par le changement de régime en France, donc un nouveau départ. Alors qu’ils battent leur coulpe, car sur ce point, il n’y a point de dissertations possibles. Certes, les régimes changent en France, mais les relations avec l’Afrique demeurent toujours les mêmes. Le poids de l’histoire, la philosophie et les intérêts en sont les mots clés.
Ainsi, en réunissant les chefs d’Etat africains sur les bords de la Seine, le seul objectif visé par la France est de maintenir toujours son pré-carré dans le giron de l’empire français menacé dans sa diplomatie étrangère par de nouvelles puissances plus concrètes dans leurs aides au développement. Cerise sur le gâteau, avec ses interventions militaires en Côte d’Ivoire, en Libye, au Mali, la France peut facilement convaincre ses vis-à-vis de son projet sécuritaire. Mieux, elle s’apprête à venir au chevet de la République de la Centrafrique plongée dans une crise sécuritaire sans précédent. Un projet qui cache mal les intentions économiques et militaires de la métropole. Intentions qui ont pour nom exploitation des ressources naturelles et installation des bases militaires françaises sur le continent. Après le colon, voilà donc « le Hollande gendarme » pour assurer la sécurité du continent.
Nous sérions la France que nous ne sérions pas autrement face à des dirigeants incapables d’assurer le minimum de survie pour leurs peuples. C’est là donc le fond du problème. L’insécurité que vit l’Afrique est la conséquence de la malgouvernance et du manque de démocratie sous nos tropiques. Mieux, les dirigeants des pays d’Afrique n’ont absolument pas besoin d’aller à l’Elysée pour une rencontre sur une question dont ils connaissent les causes. Tant que des peuples resteront exclus des politiques de développement, tant que des dirigeants s’accrocheront au pouvoir ad vitam aeternam, tant que le grand peuple déshérité sera malicieusement exploité par ses dirigeants, l’Afrique ne connaitra jamais la paix.
Ce faisant, avant de parler de sécurité et de paix, parlons d’abord de démocratie, seul gage d’une paix durable. Tout le reste n’est que folklore et chimère. Et ce sommet est celui de la honte, de la soumission et de l’incapacité des dirigeants africains à répondre aux exigences de leurs populations .