Un groupe de scientifiques issus entre autres, de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), d’Africsanté et de l’Université d’Oslo ont réalisé de 2010 à 2013 une étude pluridisciplinaire intitulée: « Coût de la santé reproductive en Afrique de l'Ouest: une étude approfondie de l'association entre pauvreté et accès aux soins liés aux avortements au Burkina Faso ». A cet effet, une réunion de restitution des résultats de ladite recherche s’est tenue le 29 novembre 2013 à Ouagadougou.
A l'instar de nombreux pays d'Afrique, l’avortement provoqué au Burkina Faso est caractérisé par la réprobation sociale, religieuse et la restriction juridique de sa pratique, stipulée par la législation. Cela amène ses principaux acteurs à agir dans la clandestinité avec tous les risques que cela comporte. C’est fort de ce constat que des spécialistes du monde scientifique, médecins, économistes, anthropologues, ont lancé depuis 2010, un projet de recherche intitulé : « Coûts de la santé reproductive en Afrique : une étude approfondie de l’association entre pauvreté et accès aux soins liés aux avortements aux Burkina Faso ». Alors, une réunion de restitution des principaux résultats de la recherche a été organisée le vendredi 29 novembre 2013 à Ouagadougou. Le projet est né d’une collaboration entre des chercheurs de la section de la santé de la communauté internationale à l’Université de la faculté de médecine d’Oslo, de la London school of hygiene and tropical medicine, de l’Institut de recherche pour le développement(IRD) et de Africsanté au Burkina Faso. Aussi, l’étude a soutenu six doctorants burkinabè de Africsanté, l’IRD et de l’UFR/SDS de l’Université de Ouagadougou (UO). L’objectif général étant d’étudier à partir d’une démarche quantitative et qualitative, comment les facteurs institutionnels, sociologiques et économiques ont un impact sur la santé de la reproduction au Burkina Faso. Cette recherche a permis d’identifier les coûts et les contraintes liés aux avortements aussi bien pour le système de santé que pour les femmes et leurs proches. De l’étude réalisée dans le district sanitaire de Bogodogo, sur les soins post-avortement par Masséni Diomandé, étudiante en médecine à l’UO, il ressort que la meilleure arme contre ce fléau réside dans le renforcement des activités préventives, l’éducation en santé de la reproduction et la vulgarisation des méthodes contraceptives. Quant aux coûts et aux conséquences de l'avortement au Burkina Faso, étude faite par Patrick G. Christian Ilboudo, doctorant à l’Université d’Oslo, elle démontre que les coûts liés à cette pratique quel qu’en soit le type, sont significatifs pour les hôpitaux et les familles. Par ailleurs, une autre étude sur la politique publique et les soins après-avortement a été réalisée par Fatoumata Ouattara et Kateríni Storeng, toutes deux anthropologues, respectivement à l’IRD(Marseille) et à l’Université d’Oslo. Il y ressort que l’attachement du gouvernement burkinabè aux soins post-avortement illustre d’une certaine manière, l’influence des idées de politiques transnationales ancrées dans un paradigme de santé publique. Pour elles, au lieu d'une ouverture d’un débat plus large sur la question de l’avortement qui met en évidence les droits humains, l’option des soins après-avortement sert à rendre discret le débat politique et moral inconfortable que représente tout questionnement sociétal sur le fléau. Le représentant de la Direction de la santé de la famille(D S F), Dr Philippe Sanon, a indiqué que cette étude faite autour de la question des soins post-avortement est d’une grande pertinence en ce sens qu’elle prend en compte la réduction de la mortalité maternelle, un des défis majeurs des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) fixés par les Nations unies. Elle constitue également un volet important de la politique de santé du Burkina. « Dans la mesure où nous nous attelons à ce que les soins après-avortement soient inscrits dans l’agenda des soins destinés aux patients, les résultats de cette étude sont attendus et feront l’objet de la plus grande attention de notre part », a-t-il confié.