Le Conseil de l’Europe a remis le Prix de l’innovation démocratique au Réseau des femmes ougandaises (WOUGNET), 29 novembre 2013, lors de la clôture du Forum mondial de la démocratie. Ce prix, choix des participants, est le résultat d’un vote sur une trentaine d’initiatives. Il récompense les efforts que ce réseau a entrepris pour impliquer davantage les citoyens dans la vie publique et le dans le processus démocratique.
"Quelle est la meilleure plateforme pour améliorer la participation des citoyens au niveau local ? Le centre d’expertise du Conseil de l’Europe devrait-il développer un nouvel outil pour aider les autorités locales à utiliser les nouvelles technologies pour encourager la participation des citoyens" ? Le Réseau des femmes ougandaises (WOUGNET) a su trouver des réponses à de telles questions et a été jugé digne du Prix de l’innovation démocratique que le Conseil de l’Europe lui a remis le 29 novembre 2013, lors de la clôture du Forum mondial de la démocratie. Il récompense les efforts que ce réseau a entrepris pour impliquer davantage les citoyens dans le processus démocratique. En effet, WOUGNET sensibilise les communautés et les organisations locales à la nécessité d’une bonne gouvernance dans cinq districts du Nord de l’Ouganda. Le but visé par ce réseau de femmes est d’améliorer la capacité des populations à utiliser la technologie pour rassembler toutes les informations sur la corruption et les dysfonctionnements des services publics au niveau local et les diffuser pour les porter à la connaissance du plus grand nombre.
La gestionnaire de projets ruraux au sein de ce Réseau des femmes de l’Ouganda, Mme Otika Brenda Akité mène activement des actions de sensibilisation au sein des communautés du Nord de l’Ouganda sur leurs droits, leurs rôles et leurs responsabilités en tant que citoyens de ce pays. Dans cette logique, WOUGNET a renforcé l’autonomie des populations rurales en les formant aux TIC pour qu’elles soient capables de contrôler et de rendre compte des questions de gouvernance et de prestation de services au sein de leurs communautés.
C’est un secrétaire général du Conseil de l’Europe tout heureux en la personne de Thorbjørn Jagland qui remit le prix à la lauréate Otika Brenda Akité. Tout en la félicitant pour son dynamisme et les activités menées par le réseau, il a indiqué que la promotion de l’alphabétisation numérique devrait rimer avec la sensibilisation des internautes des dérives du net sur la vie privée et la protection des données. Il a précisé que le Conseil de l’Europe veut, par ce prix, contribuer à enraciner la culture d’une gouvernance du peuple par le peuple et pour le peuple, en réponse au déclin de la participation démocratique dans de nombreux pays. Ce déclin, d’après lui, est souvent interprété comme le symptôme d’une séparation entre les citoyens et les institutions. Les médias et réseaux sociaux sont, alors, vus comme les seules alternatives permettant aux individus d’échanger, de planifier, d’agir et d’interagir avec les responsables politiques et les militants en-dehors des systèmes institutionnels. Citant l’écrivain franco-libanais, Amin Maalouf, il a souligné que les démocraties devaient protéger les droits des minorités. « Il ne saurait y avoir de vraie démocratie sans respect des droits universels de l’homme ».
Internet, un espace propice à l’innovation démocratique
Cet écrivain, a, particulièrement, invité les participants à imaginer des mécanismes nouveaux devant permettre aux citoyens de participer réellement à la réflexion des dirigeants et à la prise de décision politique. Il estime que les technologies nouvelles renforcent le progrès grâce à la diffusion du savoir et la possibilité de s’exprimer sans contraintes qu’elles offrent. « …Mais, du point de vue de la démocratie, ce progrès n’est encore qu’un progrès potentiel », a-t-il ajouté. Selon lui, pour que les outils de communication et d’échanges qui sont indéniablement prometteurs deviennent autre chose qu’un exutoire superficiel et un instrument d’agitation spontanée, il faut imaginer des mécanismes nouveaux. C’est en cela que le Forum de Strasbourg « peut contribuer significativement au nécessaire sauvetage de la démocratie », a-t-il révélé.
La représentante de la société civile russe, Irina Yasina, journaliste de profession, ne laisse aucun doute quant à sa perception du rôle démocratique important joué par les médias sociaux et la technologie numérique dans son pays. « J’ai parfois l’impression que je vis dans deux Russies différentes", dit-elle. Une Russie obtient ses informations par la télévision, qui est monopolisé par le discours officiel, et est seulement intéressé par le gain et les dépenses d’argent. L’autre Russie obtient ses informations à partir d’Internet et n’est pas indifférente aux autres » De son point de vue, les medias sociaux représente un grand espoir pour l’avenir de la Russie, voire du monde entier.
Aimée Florentine KABORE
De retour de Strasbourg
(France)
