A peine le mois de décembre a-t-il débuté que déjà, des perturbations des cours dans les établissements scolaires suite aux mouvements d’humeur des élèves, ont été enregistrées. La situation a été vécue dans certains établissements le lundi 2 décembre 2013 à Ouagadougou. Un groupe d’élèves a sillonné des établissements pour faire sortir leurs camarades des classes, commettant au cours de leur passage, des actes de vandalisme. Constat
Lundi 2 décembre 2013. Alors que nous étions en pleine conférence de rédaction, des bruits de pétards se faisaient soudain entendre aux environs de 9h. L’intensité des bruits nous a amené à nous dépêcher sur les lieux pour en savoir davantage.
Que se passe-t-il ? Avons-nous posé comme question à notre arrivée dans 2 établissements. « C’est l’ouverture », a répondu un élève au milieu d’un groupe. De quelle ouverture parles-tu ? Avons-nous poursuivi. Réponse de l’intéressé, l’ouverture des grèves du mois de décembre. Il s’agissait donc, avons-nous compris, d’un mouvement d’humeur des élèves. Un autre élève témoigne : « Ce matin, on était en cours et les élèves sont venus nous faire sortir. Ils ont lancé des pétards soi- disant qu’il y a des grèves ; ils voulaient donc nous forcer à sortir », a-t-il indiqué. Quelques mètres plus loin, nous voici à l’entrée d’un établissement où les manifestants ont laissé des traces de leur passage. Des ampoules d’électricité détruites, le portail vandalisé. Les traces des dégâts restent encore visibles et peuvent être constatées.
Mais en fait, les manifestants n’ont pas réussi à pénétrer jusqu’à l’intérieur de cet établissement où les élèves étaient en composition. A en croire des témoignages, le vigile leur a opposé une résistance farouche. Les « grévistes » ont préféré rebrousser chemin non sans avoir perpétré des actes de vandalisme ; le portail et les ampoules ont fait les frais de leur furie. Ils ont promis de revenir, a indiqué un témoin. En attendant, les cours se poursuivent normalement. Occasion pour nous d’échanger avec un responsable de l’établissement. Il a souhaité que son identité et le nom de son établissement soient gardés dans l’anonymat. « Les manifestants qui nous ont rendu visite ce matin disent qu’ils sont en grève. Mais un mouvement de grève se veut pacifique. Ils ont cassé nos appareils, ils ont tout cassé », a-t-il affirmé. Sur les motifs de la manifestation, il dit ne pas comprendre le sens du mouvement de grève du jour : « On ne sait pas pourquoi les élèves sont en grève. Ce que nous savons, c’est que le 6 décembre et le 13 correspondent à des anniversaires d’assassinats et l’on a préparé notre calendrier en conséquence », a-t-il soutenu tout en déplorant la situation. « Il faut que l’on essaie ensemble d’adopter quelque chose de commun.
Jusqu’à présent, il n’y a pratiquement pas cours dans le mois de décembre. Les élèves viennent, cassent et en dernier ressort, quand un établissement subit des pertes, ni l’assurance, ni l’Etat ne le dédommage. Les écoles sont abandonnées à elles-mêmes », a-t-il poursuivi.
La situation est préoccupante.
Face à cette difficulté, une lettre en cours de rédaction par des responsables d’établissements sera remise au Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, afin que des solutions soient trouvées, a-t-il révélé. Sur l’identité des « fauteurs de troubles » en milieu scolaire, il pointe un doigt accusateur : « Ce qui nous est revenu, c’est que ce sont des élèves qui ne veulent pas l’école. Dès le départ, ils ne veulent pas fréquenter et veulent faire perdre tout le monde ». Selon lui, ces élèves se sont formés en un réseau et ont des « espions » partout dans les établissements. Il suffit d’un rien, a-t-il ajouté, pour que leurs « espions » leur envoient des sms, des « texto » pour inviter leurs camarades à venir les faire sortir des classes. « Nous sommes en face d’une génération de délinquants ; certains ne sont même pas des élèves, ce sont des drogués. La plupart fument la cigarette, boivent les liqueurs et commandent les boissons alcoolisées par caisse », a-t-il relevé. Cette situation explique selon lui, la récurrence des troubles en milieu scolaire. Ces mouvements d’humeur suivis d’actes de vandalisme surviennent au lendemain de l’organisation de la Semaine nationale de la citoyenneté (SENAC) et de la rencontre entre les acteurs de l’éducation qui se sont penchés sur les voies et moyens susceptibles de juguler le problème des grèves au cours des mois de décembre. « Si les grèves reprennent comme en 2011, notre année scolaire sera foutue », a relevé un élève qui s’apprêtait à regagner le chemin de son établissement pour suivre les cours au moment où nous quittions les lieux à 10h 33mm.