Après les hourras qui ont accueilli l’intervention française au nord du Mali, l’heure semble désormais être aux « à bas ! » la France.
Après l’âge d’or de l’opération Serval, la présence militaire de l’Hexagone est entrée dans sa phase critique.
En effet, le mercredi 27 novembre 2013, un millier de personnes, selon les médias locaux, ont manifesté à Bamako pour dénoncer « la politique française à Kidal » ; « une politique » jugée complaisante à l’égard du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), cette organisation qui avait pris les armes pour revendiquer l’indépendance du nord du pays, favorisant ainsi son occupation par des groupes armés terroristes. Par suite de l’expédition française et tchadienne qui a permis de repousser les phalanges djihadistes, le MNLA, un temps allié des salafistes qui rêvaient d’instaurer un califat dans cette partie du Mali, changea son fusil d’épaule. Au nom de sa prétendue maîtrise du terrain, il s’engagea à mettre son « expertise » au service de la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Dans la foulée, le Mouvement azawadien s’engagea également à renoncer à ses velléités sécessionnistes et à prendre langue avec Bamako à travers la médiation du président burkinabè, Blaise Compaoré.
Mais force est de constater qu’à force de palinodies et de retournements de chèche, les leaders du MNLA ont fini par convaincre nombre d’observateurs de la crise malienne de leur mauvaise foi. Par exemple à Kidal, son fief, où il devait se désarmer et se cantonner afin de permettre la tenue de la présidentielle, il n’en fit rien. Bien au contraire. C’est finalement l’armée régulière qui s’est retrouvée cantonnée, alors que des combattants rebelles tenaient les locaux du gouvernorat et ceux de l’Office de radiotélévision du Mali (ORTM). Le nombre d’escarmouches entre les deux camps avait faire craindre une déprogrammation du vote à Kidal, perçue comme le cœur de l’instabilité du pays. Malgré la relative pacification du septentrion malien, une ambiance de ni paix ni guerre règne toujours dans cette localité. Rappelons-nous l’enlèvement puis l’assassinat des deux journalistes de RFI après une interview avec un chef local du MNLA devant sa cour.
Dans ces conditions, on ne peut que comprendre le sentiment d’agacement de nombre de Maliens convaincus que si la France le veut, elle peut contraindre le mouvement indépendantiste à déposer les armes. Et sur ce point, ils n’ont pas tort. Le MNLA doit être désarmé.
Concernant les rapports entre l’Hexagone et le mouvement rebelle de l’Azawad, force est de reconnaître que la première a pendant longtemps surfé sur une coopération supposée payante avec le second. Le MNLA apparaissait comme fréquentable et sa cause comme défendable. Au temps fort de la crise, Paris ne lui a-t-il pas ouvert les portes de ses plus grands médias devant lesquels défilaient les représentants du Mouvement pour proclamer l’indépendance de leur territoire et menacer de réduire à néant l’armée gouvernementale ?
Avec ces manifestations hostiles, le Coq gaulois est-il payé en monnaie de singe ? Répondons plutôt que la France, « une et indivisible », paie la rançon de ses relations ambigües et contre-nature avec un groupe armé séparatiste. A elle d’arrêter cette politique de complaisance avec le MNLA et de le contraindre à s’inscrire clairement dans la logique d’une solution négociée.
Mais du côté de Bamako, il faut savoir qu’il y a des lignes à ne pas franchir dans ces manifestations contre la politique française à Kidal. Pour ne pas aller jusqu’à jeter l’eau du bain avec le bébé. Car il ne faut pas l’oublier, sans l’intervention de l’ancienne puissance coloniale au Nord, peut-être que les djihadistes seraient aujourd’hui les maîtres de tout le Mali, dont l’armée ne pouvait tenir tête aux envahisseurs salafistes.