C’est un match qui se prolonge à l’infini et dont il faudra bien siffler la fin à un moment donné.
En s’inclinant par 1 but à 0 à Blida le mardi 19 novembre dernier face aux Algériens, les Burkinabè faisaient leurs adieux à Rio. En tout cas au regard des résultats obtenus sur le terrain. Mais depuis, la partie se joue dans les couloirs, puisque le onze national, par l’entremise de son capitaine, Charles Kaboré, a déposé une réclamation ou plutôt, pour user du vocabulaire juridico-footballistique, introduit un recours au sujet d’un cumul de cartons jaunes par le capitaine algérien, Majid Bougherra.
La folle rumeur de la qualification des Etalons au détriment des Fennecs a fait le buzz le mercredi 20 novembre dans l’après-midi pendant quelques heures à Ouagadougou et dans d’autres villes du pays, donnant de faux espoirs aux Burkinabè. Un communiqué du ministère des Sports et des Loisirs viendra, au grand dam des fans du onze national, dire qu'il n'en était rien pour le moment avant que, le mardi 26 novembre, la décision de la FIFA ne vienne doucher les espoirs des irréductibles supporters burkinabè.
Définitivement, croyait-on.
Mais voilà que la Fédération burkinabè de football (FBF) ne semble pas vouloir lâcher prise, déterminée qu'elle est à conduire les Etalons au Brésil sur tapis vert. En effet, dans un communiqué publié dans L’Observateur Paalga n°8509 du jeudi 28 novembre 2013, l’instance fédérale prend acte de la décision de la FIFA tout en faisant remarquer : «Mais il convient de rappeler que le Burkina Faso avait, dans une précédente action, formulé le 19 novembre une réclamation, à la fin du match, sur le temps de jeu non mené à terme par l’arbitre sénégalais Badara Diatta. Le directeur du jeu n’avait fait jouer qu’une minute des quatre requises. La FIFA, qui ne s’est pas encore prononcée à ce sujet, continue d’examiner minutieusement la question pour en connaître les motivations profondes. En attendant donc le verdict final, le Burkina Faso n’est pas encore définitivement écarté de la course et peut encore se qualifier pour la coupe du monde 2014».
Que le supporter lambda s’accroche désespérément à de faux espoirs, on peut aisément le comprendre, car, comme dit Marc Levy : «Il suffit de cesser de croire une seule seconde pour que le rêve se brise en mille morceaux».
Mais que la structure fédérale s’obstine contre tout bon sens à croire qu’on peut être de la partie en juin-juillet 2014 au Brésil est assez surprenant.
On a le sentiment qu’on ne veut pas sortir du rêve. Or, il faut bien faire le deuil de Rio au lieu de continuer à bercer les gens d’illusions.
Oui c’est vrai, comme les membres de la Fédé et les autorités burkinabè, on est déçu, voire amer, de ne pas être au rendez-vous au pays de la Samba pourtant à portée de foulée.
D’abord parce que rarement on aura eu une équipe aussi compétitive, rarement on aura été si proches du but, ensuite, parce qu’on a le sentiment que cette qualification nous a été volée, pour la plupart de nos supporters, par la faute d’un arbitre sénégalais jugé partial.
Mais quand bien même nos récriminations contre l’arbitrage et les autres irrégularités seraient fondées, on voit mal la FIFA retirer à l’Algérie son ticket pour le mondial 2014. Tout au plus, peut-elle sévir contre le sifflet sénégalais, mais revenir sur le résultat du match, c'est là une hypothèse proprement surréaliste.
Pour toutes ces raisons, le colonel Sita Sangaré gagnerait à mettre balle à terre et à être fair-play malgré son amertume bien compréhensible. D’ailleurs on peut raisonnablement penser que pas grand monde dans le milieu sportif burkinabè n’y croit encore.
Il faut donc éviter que cette croisade footballistique de la FBF ne débouche sur une troisième défaite pour le Burkina Faso après celle sur le terrain et celle consécutive à la décision de la FIFA du 26 novembre dernier.
Que nos amis de la Fédé fassent leur la sagesse de Rémi Bezançon qui nous apprend qu’«aujourd'hui est le premier jour du reste de notre vie» et se tournent résolument vers l’avenir où de plus belles pages de l’histoire de notre football restent à écrire.