Le cadre de rencontre et de réflexion des journalistes de Bobo-Dioulasso a célébré la journée nationale de la liberté de la presse au Burkina Faso, le samedi 20 octobre 2012. Elle a été marquée par un don de sang, suivi de la projection du film « Borry Bana ou Le destin fatal de Norbert Zongo ».
Le Cadre de rencontre et de réflexion des journalistes de Bobo-Dioulasso (CRRJB), à l’occasion de la journée nationale de la liberté de la presse au Burkina Faso, a permis au public de revivre la passion de Norbert Zongo. Journaliste émérite et fondateur de « L’Indépendant » et mort tragiquement le 13 décembre 1998. Les journalistes ont suivi avec attention le parcours de Norbert Zongo dans la vie professionnelle et les différentes péripéties de sa vie. Somme toute, il ressort que ce fut un journaliste engagé, et qui met sa plume au service de la justice. « Avant de réclamer tout autre droit que ce soit, il faut d’abord avoir le droit à la vie », disait-il dans une de ses conférences dans le film. Au-delà du scénario, l’enjeu était d’échanger sur la liberté de presse au Burkina Faso, faire l’état des lieux et envisager des perspectives pour une presse plus libre. Pour cela, le CRRJB a bénéficié du soutien du Reporter du Faso, dont le secrétaire général, Abdoulaye Tao a échangé avec les journalistes. Avant cela, M. Tao a permis au directeur régional de la promotion des droits humains des Hauts-Bassins, Germain Pimé Zongnaaba, de faire l’état des droits humains au Burkina Faso. Ainsi M. Zongnaaba a fait comprendre que depuis la constitution du 2 juillet 1991, le pays s’est engagé sur la voie d’un Etat de droit, ancrée sur la démocratie. Il a relevé une amélioration par rapport au régime d’exception. Focalisant son intervention sur la liberté de la presse, le directeur régional a fait comprendre, qu’il est consacré dans la constitution en son article 8, de même que dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme (article 19) et dans le code de l’information. Il a de plus fait mention que les lois sont édictées afin de permettre aux journalistes de travailler plus librement. Cependant, il a invité les journalistes à prendre conscience de leur responsabilité sociale.
Une avancée en matière de liberté de presse
Le secrétaire général de Reporter du Faso, Abdoulaye Tao a indiqué que la liberté n’est jamais acquise. Elle émane d’une lutte, d’un sacrifice et c’est ce à quoi il a invité les journalistes présents. Aussi a-t-il dit que le Burkina Faso connaît une amélioration significative en matière de liberté de presse. En fait, il est classé 49e sur 179 pays. Cependant des efforts doivent être faits. Il a alors invité les journalistes à se former et à travailler avec plus de professionnalisme. « Les journalistes doivent être le gardien de leur liberté », a-t-il dit. Par ailleurs M. Tao a évoqué la précarité des conditions de travail des journalistes. La conséquence la plus évidente est l’asservissement de certains journalistes. Ces derniers ont posé des questions sur la dépénalisation des délits de presse et les auditions fréquentes du Conseil supérieur de la communication (CSC). A cela s’ajoutent les menaces proférées à l’encontre des journalistes et l’évolution du dossier Norbert Zongo. En ce qui concerne la dépénalisation, M. Tao a fait comprendre qu’elle est en train de devenir une réalité, mais elle sera peut-être remplacée par des peines pécuniaires. Le paradoxe, c’est qu’un seul journaliste en prison n’empêche pas un journal de fonctionner. Mais une peine pécuniaire importante infligée peut faire disparaitre tout un organe de presse au Burkina Faso. Ce faisant, il a insisté à ce que les journalistes soient regardants et travaillent professionnellement en respectant l’éthique et la déontologie de leur métier. Certains journalistes ont fait comprendre que dans le nouveau Code de l’information en cours, il est interdit de couvrir les audiences judiciaires. Là-dessus, M. Tao dit avoir pris note. Il a promis de vérifier l’information au bonheur de journaliste. Pour lui, toute audience judiciaire est publique sauf avis contraire du président du Tribunal.
Rabalyan Paul OUEDRAOGO
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