Dans ce communiqué, le point focal/Burkina du Réseau ouest africain des défenseurs des droits de l’homme (ROADDH), exige la libération du président du Mouvement de solidarité pour le droit au logement (MSP/DROL), Seydou Traoré.
Le 23 novembre 2013, la gendarmerie a procédé, à Ouagadougou, à l’interpellation de monsieur Seydou Traoré, président du Mouvement de solidarité pour le droit au logement (MSP/DROL) et militant des droits de l’homme bien connu du public pour ses activités de défense du droit au logement. Le fait a eu lieu au sortir d’une assemblée générale convoquée par le réseau No vox au Burkina dont l’organisation qu’il préside est membre. Cette assemblée générale a été organisée par la structure dans le but de restituer à ses militants les conclusions des assises nationales sur les lotissements tenues récemment par le gouvernement. Les circonstances de l’interpellation du défenseur des droits de l’homme demeurent pour le moins obscures puisqu’il lui avait été demandé de se présenter à la brigade de gendarmerie en face de la bourse du travail où se tenait l’activité. S’étant exécuté, M. Traoré sera arrêté et conduit au camp de gendarmerie de Paspanga.Les mobiles de l’arrestation paraissent encore imprécis à ce jour. Ce d’autant plus que l’accès au prévenu a été refusé à ses proches lors de la garde à vue jusqu’à sa comparution devant un juge le mardi 25 novembre 2013. A ce jour, il est détenu à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). La seule raison probable, qu’il conviendrait encore de vérifier, demeure cette affaire de lotissement du village de Zékounga dans l’arrondissement N°8 au secteur 36 de la capitale. En effet, un projet de lotissement de cette localité initié par la mairie de Tanghin Dassouri occasionne une levée de boucliers entre ladite commune et les habitants qui dénient à cette dernière la propriété de la localité. On dénombre au moins six arrestations opérées au sein de la population qui conteste, depuis lors, dans le cadre de cette affaire. Seydou Traoré s’est aussi impliqué activement au regard de sa mission de défenseurs des droits de l’homme pour la résolution de ce problème. L’incarcération du militant des droits de l’Homme, qu’il est, doit avoir pour principal motif son implication dans ce dossier et ses dénonciations à l’encontre de la politique entreprise par la mairie de Tanghin Dassouri. Toute chose qui lui vaut d’être aujourd’hui privé de sa liberté et de ses mouvements alors même que son état de santé est précaire à cause d’une crise de glycémie pour laquelle il suivait les soins appropriés et était mis sous un régime alimentaire. En effet, au regard des premières informations recueillies sur les mobiles probables de cette arrestation de monsieur Seydou Traoré, les circonstances qui entourent celle-ci et aussi de l’état de santé du prévenu forcé d’interrompre ses soins, l’on ne peut que craindre le pire tout en se demandant s’il ne s’agit pas d’une volonté délibérée de persécution et d’intimidation aux fins d’empêcher l’activisme de ce dernier. En tout état de cause, rien n’explique ces entraves inutiles à la promotion des droits de l’homme qui desservent l’image du pays de même que le fait de retenir en réclusion l’activiste sans le moindre contact avec l’extérieur. L’emprisonnement d’un DDH, dans ces conditions va formellement à l’encontre des engagements pris par notre pays au plan international quant à la protection des militants des droits de l’homme dans l’exercice de leur activité, leurs mouvements et leurs opinions au profit de la cause des droits et libertés reconnus. En rappel, les Nations-Unies ont adopté en 1998 la déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme visant la protection de ces derniers que tous les Etats y compris celui du Burkina-Faso se sont engagés à respecter.
Au regard de tout ce qui précède :
-Nous dénonçons les conditions de l’interpellation suivie de l’incarcération de monsieur Seydou Traoré ;
-Invitons le gouvernement du Burkina-Faso, conformément à ses engagements pris au plan international et africain, à mettre tout en œuvre pour que soient garantis les droits des défenseurs des droits de l’Homme qui ne demandent qu’à mener librement et sans entraves leur métier ;
-Demandons la mise en liberté de monsieur Seydou Traoré.
Par conséquent, nous suivons de près ce dossier et appelons à plus de discernement dans la résolution de cette affaire du lotissement de Zékounga dont une gestion peu sereine pourrait déboucher sur des situations à même d’être préjudiciables à la paix sociale.
Fait à Ouagadougou le 26 Novembre 2013
Le Point-Focal du ROADDH/Burkina
Secrétaire général du CDEC
El Hadj Lookman SAWADOGO