Le directeur de publication du journal « Le stratège » Arsène Bationo et la femme de la paix 2012, ont animé une conférence publique dans le cadre de la 9e édition des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO).« Les réseaux sociaux en temps de crise : quels impacts sur le déroulement des évènements » et « a paix et la démocratie passent par les femmes ». Ce sont les thématiques qui ont réuni le vendredi 22 novembre 2013, les professionnels de la communication et des médias, à l’occasion de la 9e édition des Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO). Animées respectivement par le directeur de publication du journal « Le stratège », Arsène Bationo et l’administratrice de l’ONG Avocats sans frontière par ailleurs femme de la paix 2012, Anne Monseu-Ducarme, ces communications ont été une aubaine pour les participants de connaître l’impact des réseaux sociaux et le rôle de la femme dans le processus démocratique. Selon M. Bationo, le monde connaît une évolution technologique qui engendre de grandes mutations sociales et sociétales. Car, a-t-il affirmé, les nouveaux médias (Facebook, Tweeter,...) sont caractérisés par leur simplicité, leur forte interactivité. A l’en croire, ces nouveaux outils procurent à leurs utilisateurs, la sensation de disposer d’un pouvoir exceptionnel via Internet. C’est la raison pour laquelle, dans une dizaine de pays d’Afrique (Burkina Faso, Sénégal, Mauritanie, Gabon, etc.), ces réseaux ont été utilisés pour exiger davantage de liberté et de démocratie aux dirigeants. Mais, pour le conférencier Bationo, c’est le printemps arabe qui a été l’élément déclencheur de l’exploitation des réseaux sociaux pour faire des revendications et pour exprimer des opinions politiques. « En 2010, l’Afrique est devenue le continent le plus dynamique sur Facebook. Et ces réseaux ont permis de contester la candidature du président Abdoulaye Wade et ont joué un rôle important dans la crise post-électorale en Côte d’Ivoire », a confié Arsène Bationo. Selon les statistiques de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), a-t-il soutenu, à la date du 31 décembre 2011, le nombre d’utilisateurs d’Internet au Burkina était de 340 025 et de 28 731 en 2010. Puissant moyen de communication, outre son caractère de mobilisation de la jeunesse, Facebook, a reconnu le directeur de publication du journal « Le stratège », est devenu un véritable phénomène social au Burkina, d’où la 21e place qu’occupe le « pays des Hommes intègres » des pays africains utilisateurs du réseau social Facebook. « Lors de la crise de 2011, la jeunesse a beaucoup utilisé Facebook pour appeler à des modifications profondes et à des changements politiques ». Cependant, a-t-il dit, l’influence des réseaux sociaux sur la crise que le Burkina a connue en 2011 et celle consécutive à la mise en place du Sénat est marginale. Et pour cause, le manque de répondant entre les activistes et les acteurs de la société civile. Pour faire des réseaux sociaux de véritables catalyseurs de la démocratie en Afrique, pour lui, il convient d’intégrer les Technologies de l’information et de la communication (TIC) dans un projet politique global, tout en définissant les cyber stratégies, de réduire la fracture numérique et de développer des programmes d’éducation aux médias. Pour Anne Monseu-Ducarme, qui a animé la communication sur : « La paix et la démocratie passent par les femmes », elle a d’entrée de jeu, affirmé que sans démocratie, il n’y a pas de paix durable. Et tant que la moitié de la population africaine qui est composée de femmes ne sera pas impliquée dans la gestion des Etats, « il sera difficile de parvenir à une véritable démocratie ». « Les femmes africaines sont appelées à prendre leur place dans les instances décisionnelles pour faire attendre leur voix et constituer une masse critique pour influencer les décisions politiques », a déclaré la femme de la paix 2012. Pour ce faire, a-t-elle dit, les femmes africaines doivent s’impliquer davantage dans le processus de paix, la lutte pour l’égalité homme-femme, la lutte contre les stéréotypes sexistes et œuvrer à l’accès à l’éducation pour tous. « Les femmes doivent s’impliquer dans les accords et négociations de paix, à l’élaboration d’un plan de reconstruction des Etats. C’est pourquoi, elles doivent vaincre les préjugés qui les empêchent d’accéder aux postes décisionnels, au plan politique, économique, culturel, etc. », a souhaité Monseu-Ducarme. Malheureusement, les femmes africaines, a-t-elle déploré, se heurtent toujours à des préjugés qui les maintiennent dans un rôle exclusif de maternité, de ménage et d’éducation des enfants. Pour une véritable participation des femmes africaines à la construction de la paix et de la démocratie, la conférencière a invité les gouvernants à mettre en place des politiques de discrimination positive afin que les filles puissent accéder à l’éducation. Aussi, il faudra que les médias fassent la promotion de l’image positive, des femmes actives dans différents secteurs d’activité. Ce qui permettra, selon elle, d’éliminer les préjugés qui tendent à « diminuer » les femmes. « Les femmes journalistes ont un grand rôle à jouer en mettant en lumière les réalisations des femmes à tous les niveaux, car la participation des femmes est plus qu’indispensable à l’avènement de la paix et de la démocratie en Afrique », a conclu la femme de la paix 2013.