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Sidwaya N° 7549 du 25/11/2013

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Jean Miot, ancien président de l’agence France Presse : « Je ne crois pas au citoyen journaliste… »
Publié le lundi 25 novembre 2013   |  Sidwaya




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A l’issue de la 9e édition des Universités africaines de la communication (UACO), Jean Miot, journaliste et ancien président de l’Agence France presse et de la Fédération nationale de la presse française, s’est exprimé sur l’organisation de la manifestation, les satisfactions qu’il en a tirées et sur la confrérie de Gutenberg.

Sidwaya (S.) : Vous avez pris part à la 9e édition des UACO. Quels ont été vos points de satisfaction ?

Jean Miot (J.M.) : C’est la sixième fois que je participe aux UACO et je pense que c’est de plus en plus enrichissant. Il ne s’agit pas pour les journalistes, venus d’Europe ou d’Occident, de venir donner des leçons, bien au contraire, il s’agit d’une confrontation entre les journalistes africains et les journalistes européens. Compte tenu du fait que nos problèmes sont les mêmes, il y a une chose où nous pouvons vous être utiles. L’évolution de la presse en Afrique est lente, mais réelle. En Europe et en France en particulier, il y a une véritable crise de la presse liée à la crise économique, mais aussi à la méfiance des lecteurs. Or pour que le lecteur ait confiance, il faut que le journaliste fasse preuve d’une extrême rigueur. A l’heure d’Internet où n’importe qui peut se dire journaliste, n’importe qui peut prétendre être journaliste ou agence de presse, c’est là où nous devons défendre notre métier. Je ne crois pas au citoyen journaliste, car le journalisme, c’est un métier qui exige de la rigueur, mais aussi de la déontologie. Il ne faut pas mélanger les faits et les commentaires, c’est-à-dire qu’il faut respecter les règles élémentaires du journalisme. A l’occasion de ces UACO, nous avons rappelé toutes les règles fondamentales que le journaliste, où qu’il soit, doit respecter.

S. : Quelles sont les insuffisances constatées qui méritent des corrections pour la réussite des éditions futures ?

J.M. : Très sincèrement, je n’en ai pas vu parce que le thème était passionnant. Je crois que pour la dixième édition, les organisateurs trouveront un nouveau thème, aussi intéressant que celui de la 9e.

S. : vous avez animé un panel sur « opinion politique du journaliste et traitement de l’information en période de crise ». Quel doit être le comportement du journaliste en temps de crise ?

J.M. : C’est le respect de la déontologie et des règles fondamentales du journalisme. Dans le journalisme, il y a un mot que j’ai supprimé de mon vocabulaire, c’est le mot objectivité. L’objectivité n’existe pas, de même que le citoyen journaliste n’existe pas. Le journalisme, c’est un métier. Ce qu’il faut exiger du journaliste, c’est l’honnêteté. Dans mon exposé, j’ai beaucoup insisté sur le fait que le journaliste doit vérifier et revérifier son information. Nous l’avons vécu il y a trois jours, quand une rumeur s’est répandue dans Ouagadougou selon laquelle la FIFA a annulé le résultat du match Algérie-Burkina. C’est cela le danger aujourd’hui, une espèce de dictature de l’immédiateté. On veut aller plus vite que les autres et on ne vérifie rien. J’ai un rêve, c’est que dans toutes les salles de rédaction et dans toutes les écoles de journalisme, qu’on mette sur le mur, « pas d’information qui n’ait été vérifiée au moins deux fois ».

S. : Quelle appréciation faites-vous des médias d’opinion ?

J.M. : Chaque journal a une tendance. C’est ça la démocratie. Il faut que le lecteur puisse trouver le journal de son choix qui correspond à ses opinions. Au Burkina, il y a un pluralisme de la presse, il y a des titres qui expriment des opinions différentes, c’est en cela que la démocratie existe. Il y a une phrase d’Albert Camus que moi je retiens : « la presse, c’est la conscience d’une nation ». Il ne s’agit pas seulement de défendre la liberté d’expression, il faut aussi défendre le pluralisme de l’expression et avoir le plus large éventail d’opinions dans la presse.

S. : Vous êtes Grand maître de la confrérie de Gutenberg. Quelles sont les missions de cette organisation ?

J.M. : Gutenberg est l’inventeur de l’imprimerie. La confrérie de Gutenberg a été créée par le grand écrivain Robert Sabatier. C’est une association qui réunit, depuis plus de trente ans, des imprimeurs, des éditeurs de journaux, des journalistes, des écrivains. Nous espérons créer au Burkina, une confrérie comme il y a en au Maroc, au Canada et au Brésil.

S. : Gutenberg fait référence à la presse écrite. Comment votre groupe accompagne-t-il les médias imprimés ?

J.M. : Nous défendons l’écrit et l’imprimé, même si aujourd’hui, on peut s’inquiéter de l’avenir de l’imprimé. Mais, je fais partie de ceux qui estiment qu’il y aura toujours du papier. Je ne peux pas imaginer un monde sans rotative et sans marchand de journaux, sans crieur dans la rue. C’est vrai qu’on constate qu’en Europe et en particulier en France, il y a une baisse considérable de la diffusion des journaux, mais il restera toujours des journaux. La confrérie de Gutenberg n’a pas véritablement de moyens, mais nous défendons l’écrit, la langue de chaque pays.



Interview réalisée par
Souleymane KANAZOE

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