Les promoteurs burkinabè intègrent de plus en plus la dimension environnementale dans leurs activités. En témoignent les incinérateurs et les brûleurs conçus par Salif Guira de « Environnement durable & Ecologie » (EDE). En même temps que ses inventions offrent des opportunités d’économie et de rentabilité aux entreprises, elles participent efficacement à l’amélioration du cadre de vie.
L’innovation technologique se fraie un terrain honorable au Burkina Faso. L’exploitation de sa petite fabrique de briques en terre cuite a conduit le jeune promoteur, Salif Guira, la quarantaine à peine, a imaginé une unité de production performante et soucieuse de la préservation de l’environnement. Le traitement et la gestion des déchets médicaux et ordures constituent son domaine de prédilection. Il met alors au point un four dont l’efficacité dépasse aujourd’hui ses attentes. L’outil ainsi créé par le responsable de « Environnement durable & Ecologie » s’avère être un puissant incinérateur dont la modernité n’a rien à envier aux appareils semblables importés.
Si sa trouvaille lui sert aujourd’hui de moyen de production, elle donne les gages d’un « instrument made in Burkina Faso » dont la capacité de destruction des ordures est inégalée. « L’incinérateur que nous avions mis au point produit jusqu’à 1 800 degrés de chaleur. Quand on sait que le fer fond à partir de 1 600 degrés, aucune ordure ne peut y résister. Il est capable de détruire quatre (4) mètres cubes de déchets en une heure », explique l’inventeur. Guidée par un esprit écologique à tous les niveaux, son entreprise s’investit désormais dans la construction, l’équipement et l’exploitation des incinérateurs ainsi qu’à la collecte et au traitement des ordures. Elle intervient également dans la récupération et le traitement des huiles de vidange.
Convaincu de la place et du rôle d’une telle innovation dans la lutte contre l’insalubrité et la pollution de tous ordres, le ministère de l’Environnement et du Cadre de vie d’alors s’est intéressé à « l’incinérateur made by Salif Guira ». Une fois sa fiabilité prouvée, cet « outil de destruction massive » ou cet « instrument de propreté, voire de confidentialité » va faire ses épreuves dans des services de l’administration publique et du secteur privé. Les déchets lourds tels comme ceux des hôpitaux et des industries sont « dévorés » sans commune mesure. Les ministères de la Santé et de l’Environnement ainsi que des sociétés minières passent les premières commandes. La Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (DGTCP), la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG) et certains établissements scolaires et le plus grand établissement sanitaire du pays, le Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHU-YO) ne sont pas en reste.
Au secours de l’environnement et au service du développement
Les incinérateurs locaux créent des merveilles aux yeux des utilisateurs. Ils expriment un savoir-faire et une technologie bien burkinabè. « Nous étions confrontés à l’élimination d’un certain nombre de déchets notamment ceux à base de cyanure. Nous sommes très satisfaits de bénéficier d’un incinérateur fabriqué sur place à un prix très compétitif et à une efficacité irréprochable. Ce sont des atouts majeurs car nos attentes n’ont pas été toujours comblés avec les incinérateurs importés à des coûts exorbitants », soutient un minier. Accessible à moindre coût, l’incinérateur de « EDE » n’a besoin que de soixante mille (60 000) F CFA d’huile de vidange traitée pour offrir entière satisfaction. L’assistance et les conseils du promoteur sont aussi permanents. « Etant donné que le Burkina Faso n’est pas un pays énergétique, les utilisateurs gagneraient à minimiser les coûts et à réaliser des économies. Les incinérateurs fabriqués sur place présentent des avantages certains : fonctionnant à base d’huile de vidange traitée, ils ne dégagent ni fumée ni odeur nauséabonde et ne présentent aucun risque pour l’environnement. C’est une avancée notable dans la lutte contre la pollution », confie Salif Guira.
Sans être un forgeron, le promoteur de « Environnement durable et Ecologie » (EDE) ne tarit pas d’imagination dans tout ce qui touche au feu. Le souci de valoriser certains objets usés l’a amené à inventer des brûleurs pour les acteurs du secteur du BTP. Ils tiennent compte de la réalité burkinabè. Les « brûleurs by Salif Guira » utilisent les huiles de vidange, le plus souvent déversées dans la nature, pour produire du feu intervenant dans le traitement, en un laps de temps, du bitume, de la soude ou la cuisson de matériaux. Dans ce domaine-là aussi, il concurrence avec des modèles importés sur le plan du coût et de la performance.
Constructeur d’incinérateurs et fabricant de brûleur, Salif Guira est, en aval et en amont, des bonnes perspectives pour l’écologie. Il offre une alternative aux entrepreneurs souvent confrontés à des difficultés liées à l’acquisition des outils d’exploitation de leur matériel de travail. « Un brûleur fabriqué sur place peut fondre un conteneur de bitume en six (6) heures de temps. Les patrons des sociétés de travaux publics ignorent qu’ils ont à leur portée des alternatives très moins chères pour préparer le bitume. Le carburant utilisé est d’un coût exorbitant et grève leur budget alors que l’huile de vidange traitée que EDE leur propose est plus de 50 fois plus bas », souligne l’innovateur. Accueillie à sa juste valeur, cette nouvelle trouvaille commence à faire le beau temps sur de nombreux chantiers routiers.