Avec le recul, on comprend pourquoi paradoxalement les supporters algériens ont jubilé dans la capitale burkinabè, le soir du 12 octobre dernier, après la…défaite des Fennecs (2-3) face aux Etalons. On savait en effet qu’avec le bonus des fameux buts marqués à l’extérieur, un petit but chez eux au retour suffirait pour se qualifier à la coupe du monde. Et c’est ce scénario qui s’est réalisé à Blida le 19 novembre 2013.
Les Etalons n’iront donc pas au Brésil. Tout le monde en convient, c’est à Ouagadougou qu’on a compromis véritablement nos chances par notre fébrilité défensive.
Les spécialistes du football diront que la "hiérarchie" a été respectée, puisque, excepté l’Afrique du Sud, alors pays organisateur, c’est exactement les mêmes équipes qu’en 2010 qui se sont qualifiées dans la zone Afrique (1). Mais quand on voit l’évolution de notre onze national depuis quelque temps, on peut avoir des regrets comme ceux qui nous ont animés après finale de la CAN 2013. Après avoir franchi d’énormes obstacles, les poulains de Paul Put étaient tombés, on se le rappelle, par un petit but face aux Super Eagles du Nigeria. Faut-il y voir la pression extrême qui entoure toujours ce genre de rencontres surtout dans un environnement hostile comme ce fut le cas en Algérie ?
On peut le penser, mais nos professionnels évoluent dans des clubs et des championnats où ils sont habitués à ces tensions.
En Afrique du Sud, la chute finale des poulains de Paul Put avait été expliquée, entre autres, par l’extrême fatigue due aux deux prolongations successives face au Togo et au Ghana en quart et en demi-finale. Mais dans le cas présent, il s’est écoulé un bon mois de préparation même s’il est vrai que le tintamarre auquel ils ont été soumis pendant 72 heures a empêché le capitaine Charles Kaboré et ses camarades de se reposer et de décompresser convenablement avant l’assaut final. Il y a eu aussi, il est vrai, un arbitrage parfois approximatif, comme sur ce but refusé aux nôtres dès les premières minutes du jeu, et qui aurait pu sceller le sort de la partie ; comme sur cette agression caractérisée sur Charles Kaboré qui n’a pas été sanctionnée conséquemment ; comme sur ce temps additionnel non respecté par le sifflet sénégalais Badara Diatta, qui semblait avoir un chrono de cuisine ; comme…
Néanmoins ces errements arbitraux ne sauraient constituer une excuse absolutoire, car, en vérité, on a vu sur le terrain une équipe burkinabè qui a joué en deçà de ses possibilités et de ses capacités réelles.
Le onze national avait pourtant bien entamé la rencontre et on s’était dit que le technicien belge n’était pas allé à Alger pour défendre le score de Ouaga mais pour attaquer. Mais excepté les quinze premières minutes, au cours desquelles l’équipe était entreprenante, on n’a pas vu grand-chose si ce n’est le seul tir non cadré d’Alain Traoré. Ajoutons-y cette frappe sur le poteau dans les ultimes secondes du match. Trop peu pour prétendre à un résultat. C’est d’autant plus rageant qu’on n’a pas senti des Fennecs dominants et que l’on a eu toute une mi-temps pour revenir au score. Mais hélas, il y avait trop de précipitations, trop d’imprécisions dans le contrôle et les relances et, surtout, un engagement insuffisant.
Lors de la CAN 2013 en Afrique du Sud, le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Sita Sangaré, pour expliquer le parcours des Etalons, faisait remarquer à juste titre que dans ce genre de compétition la victoire revenait à celui qui en voulait le plus. Il faut croire que cette fois les protégés de Paul Put n’en voulaient pas particulièrement ; en tout cas ils ne l’ont pas spécialement montré sur le rectangle vert. Or des occasions comme celle-là sont rares comme une éclipse solaire, et Dieu seul sait quand on aura encore l’opportunité d’atteindre ce niveau. Pour autant, il ne faut pas blâmer outremesure les joueurs et l’encadrement technique qui, plus que tout autre, voulaient effectuer ce pèlerinage dans la Mecque du football et qui sont sans doute les plus déçus. Du reste, ils nous auront donné du bonheur ces derniers temps.
Maintenant donc qu’on sera obligé de regarder Brésil 2014 à la télé, il faut espérer que l’élan de cette équipe nationale ne sera pas brisé.
De toutes les façons, il faut préserver et consolider les acquis, bien négocier la transition entre les vieux Etalons et les jeunes poulains, continuer de travailler pour progresser constamment et ne pas retomber dans nos vieux travers.
Cela dit, face aux misères qui nous sont souvent faites à l’extérieur avec la complicité des fédérations locales et dans l’indifférence de la CAF et de la FIFA, il faut que nous arrêtions de revenir pleurnicher à la maison comme des gamins que leurs chenapans de camarades martyrisent. Qu’on sache aussi chez nous rendre les coups qu’on reçoit dehors en menant la vie dure à ceux qui ne nous déroulent pas le tapis rouge, bien au contraire.