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Le Quotidien N° 919 du 16/11/2013

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Opposition au Burkina : Enfin, un contre- pouvoir crédible au régime de Blaise Compaoré
Publié le samedi 16 novembre 2013   |  Le Quotidien


Présidence
© Autre presse par Ivan Sama
Présidence du Faso : le chef de file de l`opposition reçu en audience
Jeudi 14 novembre 2013. Ouagadougou. Le président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu en audience une délégation de l`opposition conduite par son chef de file, Zéphirin Diabré


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« L’opposition politique a inscrit résolument son action dans une démarche républicaine basée sur le respect des lois et règlements en vigueur dans notre pays. Elle est fortement attachée à la cohésion nationale et à la paix sociale, dont elle mesure l’importance pour le progrès de notre pays. » Ce sont les premiers mots du mémorandum remis par l’opposition au président du Faso, le 14 novembre dernier. Ils traduisent la vision que le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, a de la politique, des relations entre pouvoir et opposition et de la démocratie. Voilà sans doute pourquoi il a bravé des tabous encore tenaces au sein de la classe politique, de la société civile et de l’opinion publique burkinabè pour se rendre à Kosyam, et rencontrer celui que bien des opposants considèrent comme le diable incarné. Certes, il ne faut rien attendre de ce premier contact assorti d’un mémorandum –ou plutôt d’un pamphlet- égrenant les maux du Burkina, selon l’opposition. On a bien vu aussi qu’il y a encore des blocages psychologiques qui font que ce type de rencontre n’est pas facile à assumer, en raison de sa délicatesse et surtout du fait qu’il n’est pas ancré dans la culture démocratique du pays. Un détail frappant, la présidence du Faso dit que c’est l’opposition qui a demandé à être reçue, tandis que l’opposition affirme avoir répondu à une invitation du chef de l’Etat. Mais peu importe qui a fait le premier pas.
Il n’y a d’ailleurs pas de honte à assumer la paternité d’une telle rencontre. Au contraire, celui qui en a pris l’initiative devrait être fier, car il inaugure peut-être une nouvelle ère des relations entre pouvoir et opposition. Par le passé en effet, l’opposition est souvent tombée dans le piège des compromissions, à travers des accords obscurs avec le pouvoir. Avec Zéphirin Diabré, la méthode semble avoir changé : la transparence est de rigueur et c’est devant les caméras des journalistes que toute l’entrevue avec le chef de l’Etat a lieu. Cela est important, s’il ne veut pas laisser libre cours à toutes les rumeurs à même de remettre en cause sa crédibilité. De toute façon, cordialité n’est pas synonyme de soumission, si l’on décrypte l’acte posé par le chef de file de l’opposition. Tout en inscrivant sa démarche dans un esprit d’apaisement, il n’en demeure pas moins ferme sur le sens de son combat. Dialogue n’est donc pas forcément compromission.
En tout état de cause, l’opposition vient de démontrer qu’elle est capable de marcher à tous les rythmes de la vie démocratique : manifester dans la rue, débattre au parlement ou engager un dialogue. Le tout étant de garder intactes ses convictions et sa ligne politique. L’initiative républicaine de l’opposition, de se rendre à Kosyam, permet autant que faire se peut de créer un cadre serein de discussions politiques. L’écoute mutuelle peut permettre d’instaurer un dialogue pour une démocratie apaisée. Si le Burkina peut faire l’économie des violences pour que les règles de la démocratie soient respectées, c’est tant mieux. Il appartient donc au camp présidentiel de savoir être à l’écoute des revendications de l’opposition qui, aujourd’hui, dépassent amplement le simple cadre partisan. Elles sont aussi portées par une large frange des Burkinabè et ne sauraient donc, de ce fait, être balayées du revers de la main. Pour briser le mur de glace, le pouvoir doit enfin jouer franc jeu avec la démocratie. Car par le passé, il nous a plutôt habitués à des mesures cosmétiques et à des manœuvres qui n’ont en rien fait avancer notre processus démocratique. A l’approche de 2015, date fatidique s’il en est, il est donc important que le pouvoir inscrive réellement son action dans le cadre du renforcement de la démocratie. Les Burkinabè ne veulent plus être les derniers de la classe en ce domaine.
L’opposition a aussi sa part de responsabilité dans l’avènement d’une démocratie réelle. Déjà, elle a innové en s’unissant autour du chef de file comme un bloc. Cela a donné les résultats que l’on sait. Elle doit aussi être une force de propositions. Elle vient de le faire en soumettant un mémorandum au chef de l’Etat. Jusqu’à présent donc, c’est un parcours quasiment sans faute que l’opposition a réalisé, sous la houlette de Zéphirin Diabré. Pour une fois au Burkina, personne ne pourra invoquer une quelconque irresponsabilité de l’opposition pour la mépriser. L’opposition burkinabè a su s’ériger en un contre-pouvoir sérieux, et il est donc temps de l’écouter .

La Rédaction

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