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Le Pays N° 5481 du 12/11/2013

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Revision du statut du cfop : quel avenir pour l’opposition burkinabè ?
Publié le mercredi 13 novembre 2013   |  Le Pays




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La reconnaissance et l’affiliation des partis politiques d’opposition semblent poser problème au pouvoir burkinabè. Les choses ne se feront plus aussi librement que par le passé. Il faudra passer désormais par le ministère en charge de l’Administration territoriale, pour avoir droit au chapitre. Une intrusion qui s’explique difficilement.
Les nouveaux textes portant sur le statut du chef de l’opposition et leurs articulations, divisent l’opposition. Pour certains, ils visent davantage à mieux contrôler l’opposition qu’à faire avancer la démocratie. Une sorte de quitus du pouvoir paraît nécessaire pour qui aspire à se profiler dans les rangs adverses. Sans doute dans le souci de contrôler la situation.

A quoi sert une expérience démocratique dans laquelle on cherche à fabriquer à l’occasion des opposants ?

Très critiques, certains analystes avancent que le Burkina enregistre un vrai recul au niveau du processus démocratique, en cours depuis 1991. Ils reprochent au pouvoir de chercher à caporaliser l’opposition, comme si elle était devenue virulente au point de gêner les gouvernants. Cela ne participe sûrement pas de l’ancrage de la démocratie au Faso, soutiennent-ils. A quoi sert une expérience démocratique dans laquelle on cherche à fabriquer à l’occasion des opposants ?
Se préoccupe-t-on aujourd’hui, sur le plan de la démocratie, de la réputation du Burkina Faso ? Jour après jour, des délégations étrangères débarquent au Burkina, à l’effet d’examiner l’expérience démocratique, dans l’optique de s’en inspirer. Fort malheureusement, au même moment, certains individus travaillent à saper les quelques acquis. A cette allure, il faut craindre que le Burkina fasse de plus en plus figure de mauvais élève aux yeux de ceux-là mêmes qui s’inspiraient de ses acquis. Chaque fois qu’on croit pouvoir rebondir, on retombe en arrière. Des péripéties qui montrent ouvertement les limites d’une élite.
Cela dit, l’on peut déplorer chez certains opposants, leur inconstance, et leur absence de rigueur dans la démarche. A force de tourner comme une girouette au vent, ils se dépersonnalisent et sèment le doute dans l’esprit de plusieurs concitoyens. Nombreux sont ceux qui, parmi eux, aiment à faire le jeu du pouvoir.
De la démocratie républicaine, les Burkinabè ont retenu que la majorité gouverne et que l’opposition s’oppose. Jamais la majorité ne doit gouverner l’opposition. Celle-ci donne pourtant aujourd’hui le sentiment que, lassée de critiquer, elle semble vouloir laisser faire.

Le Burkina Faso, dans sa phase actuelle, a besoin d’une opposition forte. Dans une démocratie vraie, l’exercice du pouvoir ne peut conduire les gouvernants à organiser l’opposition

D’où vient-il que dans un pays qui dit avoir opté pour la démocratie libérale, des gens du pouvoir, parviennent à s’attribuer le rôle de censeurs de l’opposition ? Pourrait-on imaginer le pouvoir socialiste français se mêler de gérer, par textes interposés, des rivalités entre les nombreuses tendances de l’opposition de droite au sein de l’Union de la majorité présidentielle (UMP) ? Le Burkina Faso, dans sa phase actuelle, a besoin d’une opposition forte. Dans une démocratie vraie, l’exercice du pouvoir ne peut conduire les gouvernants à organiser l’opposition.
L’initiative doit appartenir aux opposants eux-mêmes, parce que l’absence de débats contradictoires cause la ruine de la démocratie. La quatrième République n’a aucun intérêt à chercher à se tailler une opposition à sa mesure. Reste que de manière paradoxale, l’intrusion du pouvoir sur le chantier de l’opposition, constitue en soi une épreuve. En effet, elle met les opposants au défi de travailler avec ardeur à consolider les acquis, mais surtout à renforcer la cohésion et à afficher une réelle combativité. Certes, de prétendus leaders de partis politiques aiment à amuser la galerie de temps à autre. Mais, ils ne mobilisent personne. A peine leurs militants remplissent-ils une salle de classe ! Mais, la démocratie leur permet d’exister. Qu’ils daignent donc en respecter les règles du jeu !
Il ne sert à rien de chercher à divertir le peuple chaque fois avec des tentatives de réformes politiques !
il faut vraiment espérer qu’un coup d’arrêt serait vite donné à certaines dérives. En tout cas, la dernière mesure en date, ne fait aucunement honneur à l’histoire de ce pays.

« Le Pays »

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