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Le Quotidien N° 915 du 12/11/2013

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Modification du statut du chef de file de l’opposition : Le pouvoir se trompe de stratégie
Publié le mercredi 13 novembre 2013   |  Le Quotidien


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© Autre presse par DR
Des chefs de partis d’opposition politique à leur rentrée politique le 2 novembre 2013


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En sa séance du 16 octobre 2013, le Conseil des ministres a examiné un projet de loi relatif à la modification de la loi n°009-2009 AN du 14 avril 2009 portant statut de l’opposition politique au Burkina. Précision de taille du conseil des ministres : « Cette modification qui porte sur l’article 4, devra permettre aux partis politiques de l’opposition de s’exprimer, confortablement aux dispositions constitutionnelles et sans aucune entrave à leur liberté ». En effet, dans ses dispositions, l’article 4 de la loi stipule que : « Pour être un parti d’opposition, il faut faire une déclaration officielle de son appartenance à l’opposition et la transmettre au chef de file de l’opposition, ne pas accepter que ses militants occupent des postes politiques du genre hautes fonctions ( Premier ministre, président du CES, ministre, toute fonction de rang ministériel, directeur de cabinet des institutions et des ministères, fonctions de représentation spéciale et toute haute fonction de nature politique dont l’occupation est incompatible avec le statut d’opposant ». Et c’est cet article que le gouvernement veut remplacer par un nouveau qui, lui, stipule que : « Pour être un parti d’opposition, il faut faire une déclaration officielle écrite de son appartenance à l’opposition, adressée au ministre chargé des libertés publiques ».

Indignation de l’opposition, qui, depuis l’annonce de ce projet de loi par le gouvernement, a fait une déclaration pour condamner avec véhémence la nouvelle disposition. Au sein des partis politiques de l’opposition, comme dans une grande partie de l’opinion, c’est une levée de tollé, car l’on voit en cette mesure une manière de caporaliser les contre-pouvoirs. Une volonté manifeste des gouvernants d’embrigader les forces opposées à ses actions, concluent, à juste raison, les contempteurs de cette loi. En effet, avec la nouvelle organisation de l’opposition, suivie de ses actions de mobilisation et de communication réussies, cette loi ne pouvait qu’être interprétée comme étant une tentative d’explosion de la coalition autour du chef de file de l’opposition. N’en déplaise donc aux constitutionnalistes qui estiment que l’ancienne formule est contraire à la lettre et au principe de la loi fondamentale. Pour notre part, nous disons que cette disposition nouvelle est non seulement inopportune, caduque, voire provocatrice. Une manière de diviser l’opposition qui, depuis cette fameuse loi sur le Sénat, est dans une dynamique d’unité d’action.

Au demeurant, et en toute objectivité, le gouvernement n’a visiblement pas intérêt à morceler de l’opposition, car dans un pays démocratique digne, la meilleure des choses qu’on puisse souhaiter à un Etat, c’est d’avoir une opposition forte avec qui il faut dialoguer sur les grandes orientations politiques et des sujets de l’heure. En dispersant donc les partis politiques d’opposition, le pouvoir serait désormais obligé de faire face à plusieurs tendances et cela n’est pas de nature à asseoir un climat serein de dialogue. Mieux, il ne faut pas exclure la possibilité d’une radicalisation des positions de certains politiques de l’opposition qui seraient imperméables à toute tentative de dialogue. Toute chose qui peut nous conduire inéluctablement vers un chaos irréversible. Cette nouvelle mesure ne fera que polluer l’atmosphère nationale déjà très tendue.

De toute façon, ce n’est pas en refusant un cadre à l’opposition qu’on pourrait l’éliminer. Avec ou sans CFOP, les partis politiques d’opposition, convaincus et responsables, sauront opposer une résistance farouche aux mesures liberticides et antisociales du gouvernement. C’est pourquoi, le CFOP ne doit pas faire de cette loi une fixation. C’est plutôt un non-événement, en ce sens que c’est le peuple, avant tout, qui juge le bord politique de chaque parti politique ? Ce n’est donc pas par une loi qu’on peut de se dire de l’opposition ou de la majorité. C’est par le comportement, les actes posés et la capacité de faire face à un pouvoir.
En définitive, l’opposition doit comprendre que le combat pour une alternative ne fait que commencer et pourquoi pas, c’est maintenant qu’on distinguera la bonne graine de l’ivraie, l’opposition « caillou » de l’opposition « mouton », pour parler comme Zeph .

La Rédaction

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