Après les contrôles inopinés effectués les 22 et 23 octobre derniers, sur les produits de grande consommation à Banfora, les inspecteurs de la direction générale de la qualité, des prix et de la métrologie du Ministère en charge du commerce sont revenus le 29 octobre 2013, sur leurs pas pour s’attaquer, cette fois-ci, aux vendeurs illicites de carburant. Pour cette opération, 2 554 litres de carburant et d’importants matériels servant à la vente ont été saisis.
Certainement alertés par leurs collègues par téléphone dès les premiers démantèlements des sites illicites de vente de carburant, la plupart des revendeurs installés sur les voies de Banfora se sont fondus dans la nature. Pourtant, ces revendeurs illicites de carburant dans la cité du Paysan noir sont nombreux. Dans la précipitation, certains ont trouvé des caches de fortune pour stocker leurs produits. Mais le flair des inspecteurs a permis de découvrir certaines. A Corona, un quartier de la ville, juste après les rails à gauche, l’inspecteur Kassoum Pagabelem et son collègue Seydou Traoré ont constaté que le dépôt de vente illicite d’un important revendeur, pourtant identifié la veille, avait disparu. Sans se résigner, l’équipe, sous escorte de la gendarmerie et accompagnée de sapeurs-pompiers, s’enfonce dans un champ de maïs contigu au site. Ils n’ont eu aucune peine à découvrir à une trentaine de mètres plus loin, deux étagères cachées derrière une maisonnette de dix tôles.
Il est 10 heures. Malgré le soleil qui flambe, ils ne baissent pas les bras et poursuivent les recherches. Alors, l’inspecteur Seydou Traoré pénètre dans une cabane de chaume dont la présence en ce lieu n’attire aucune attention. Pourtant, c’est là que le vendeur à la sauvette, a dissimulé son stock. On y découvre une quarantaine de litres et une trentaine de bidons vides de 20 litres, aussitôt embarqués dans un camion. Au secteur n°1 (zone commerciale), l’équipe « C », conduite par Arnauld Zongo, fait, elle aussi, une bonne moisson. Arrivées par surprise dans l’arrière-cour de la gare « Zonou transport international », ils ont saisi 24 bidons de 20 litres et 5 barriques de super 91 et de gasoil stockés en plein air, derrière un bâtiment.
Le chat et la souris avec les inspecteurs
Le propriétaire du stock est absent. Interrogé sur la provenance du carburant, Amadou Gansoré, son employé, est d’abord dubitatif avant de lâcher que son patron s’approvisionne à Bobo-Dioulasso. Le carburant stocké là est destiné à la vente aux différents revendeurs installés en ville. Amadou Gansoré indique que le carburant a été acheté dans une station légale de vente de produits pétroliers. La réplique ne se pas fait attendre. Même avec cela, répond un inspecteur, ils n’ont aucune autorisation d’exercer cette activité. Autrement dit, la pratique est illicite. Aucun des 30 revendeurs visités en cette matinée en effet, ne possédait une autorisation d’exercer la vente de carburant. Au cours de l’opération qui a duré à peine trois heures, ce sont 1 317, 5 litres de « super 91 », 73, 5 litres de mélange et 1 163 litres de gasoil qui ont été saisis. A priori, a indiqué Marius Zoungrana, inspecteur régional des affaires économiques de l’Ouest basé à Bobo-Dioulasso, c’est une bonne moisson pour une première sortie de leur service à Banfora. Mais au regard de l’ampleur du phénomène, les saisies auraient pu être plus significatives. Le carburant étant un produit spécifique très dangereux, a souligné Marius Zoungrana, les autorités ont toujours organisé son importation et sa distribution à travers la SONABHY qui a le monopole de la distribution auprès de sociétés agréées. Mais depuis un certain temps, la revente du carburant au détail a pris des proportions inquiétantes. Non contents de vendre du carburant souvent mélangé à du pétrole, ces revendeurs majorent arbitrairement les prix pour tirer le maximum de bénéfices. « L’Etat ne peut pas laisser ce genre de pratique perdurer et se développer, parce qu’elle expose les consommateurs à de multiples désagréments », a martelé Marius Zoungrana. En termes clairs, le phénomène doit simplement et purement prendre fin. Et cette première sortie à en croire les inspecteurs, n’est qu’un avertissement.