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L’Observateur Paalga N° 8490 du 31/10/2013

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Assassinat journalistes à Kidal : Ils ont osé faire ça !
Publié le lundi 4 novembre 2013   |  L’Observateur Paalga




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Dans ce travail de Sisyphe que constitue la libération des otages, on se doutait bien, après celle le 29 octobre 2013 des quatre captifs d’Arlit, détenus depuis trois ans dans le désert malien, que tôt ou tard il y aurait de nouvelles prises, mais on était loin d’imaginer que ce serait aussi rapidement et que, cette fois-ci, ça virerait au drame. La joie n’aura en effet été que de courte durée puisque samedi, Claude Verlon et Ghislaine Dupont, respectivement technicien et journaliste de Radio France internationale, ont été enlevés à Kidal puis exécutés.



En plein 13 heures. Ils ont osé faire ça ! C'est la liberté, particulièrement celle de presse et d'expression, qu'on vient d'assassiner, même si elle sait toujours renaître partout où on tente de la nier ou de l'encadrer. Si jusqu’à hier les circonstances exactes du drame n’étaient pas encore totalement connues, on savait que nos deux confrères venaient juste de réaliser une interview avec Ambery Ag Rissa, un des leaders du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Y a-t-il eu dérapage suite au rapt ou ont-ils été froidement abattus ? L’ont-ils été ès qualités comme on est fondé à le croire ? S’agit-il d’une mesure de représailles après l’intervention de l’armée française au Mali et la récente libération des ex-otages ? De qui émane le coup (islamistes, rebelles touaregs…) ? Les questions, nombreuses, sont pour le moment sans réponses, mais cette tragédie vient rappeler de la plus cruelle des façons combien la paix et la sécurité sont encore loin d’être acquises dans le septentrion malien, particulièrement à Kidal, pourtant tenue par le MNLA et où sont aussi présents des éléments de l’armée malienne, de l’opération Serval et de la Minusma. C’est que dans cette guerre désormais asymétrique qui a cours au nord Mali les djihadistes et les rebelles de tous poils qui y sévissent se fondent dans la population civile, avec parfois la complicité de celle-ci, dans une espèce de perfidie assassine. Comment dans ces conditions distinguer le paisible homme bleu du désert du combattant qui dissimule une charge sous sa gandoura si ce n’est après l’explosion ?

Ce drame vient également rappeler une fois de plus qu’en période de conflit, les journalistes qui savent être en première ligne dans la quête de l’information tombent souvent au champ d’honneur le micro à la main et nos deux confrères viennent s’ajouter à la liste déjà longue des journalistes de RFI et d'autres organes qui ont payé un lourd tribut à l’exercice de leur profession, si noble mais si dangereuse. Il y a dix ans, c’est Jean Hélène qu’on muselait à jamais à Abidjan. Et que dire de Johanne Sutton (tombée en Afghanistan) et de bien d'autres dont les voix étaient devenues si familières pour beaucoup au point qu'aux yeux de certains auditeurs, c'est presque des proches qui viennent d'être fauchés.

Tant que cette engeance s’attaquait à des camps militaires ou à des commissariats, on pouvait encore comprendre. Mais quel message veulent-ils envoyer en s’en prenant maintenant à des pisse-copies ? Que RFI soit quelquefois accusée, à tort ou à raison, d’être la voix de la France officielle ne saurait excuser un tel déchaînement macabre, de surcroît quand ils s'accordent à chanter en chœur le professionnalisme à tout crin dont faisaient montre les deux suppliciés. Et on se demande ce que va faire François Hollande qui a, là, l’occasion de durcir le ton avec le maîtres de Kidal. Paris, ne l’oublions pas, a toujours entretenu des relations ambiguës avec les Touaregs, une sorte de bienveillance coupable qui a, en partie, fait le lit de la crise qui secoue le Mali depuis 18 mois. Et si Kidal est toujours cette sorte d’enclave et de no man's land qu’elle est, c’est quelque part du fait du Grand chef blanc et ce sont, à bien des égards, ses errements que nos confrères viennent de payer au prix fort. Sans doute faut-il maintenant que le général Hollande endosse à nouveau sa tenue de combat pour rebattre les cartes et que la communauté africaine et internationale procède sans délai à la rallonge d’hommes et de matériel que Bert Koenders, le représentant spécial de l'ONU au Mali, réclame à cor et à cri ?

Espérons donc que ce crime inqualifiablle sera l'occasion pour tous de se remuer pour faire rentrer Kidal dans le giron malien. En attendant, il faut souhaiter que les auteurs du forfait soient vite retrouvés et châtiés à la hauteur de leur acte abject.

Mais s'il est une chose dont on se convainc, c'est que le sang de ces martyrs qui vient d'être injustement versé constitue une semence pour l'éclosion d'autres Ghislaine et Claude, autant à RFI que dans toutes les rédactions de par le monde. Car la liberté d'informer et le droit à l'information auront toujours le dernier mot.



La Rédaction

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