Le Rwanda vient de réussir un grand coup diplomatique. Même s’il n’a pas livré bataille face à un concurrent, étant donné qu’il était le seul candidat de l’Afrique, son élection au Conseil de sécurité des Nations unies, le 18 octobre dernier, comme membre non permanent pour un mandat de deux ans, reste une victoire politique et diplomatique. Et ce n’est pas son président, Paul Kagamé, qui dira le contraire.
Lui dont le pays rejoint ainsi trois autres pays africains au Conseil en qualité de membres non permanents à savoir l’Afrique du Sud, le Togo et le Maroc. On constate que cette élection intervient à un moment où un rapport des experts de l’ONU accuse le Rwanda et l’Ouganda de continuer à soutenir les rebelles congolais du M23. C’est vrai que la candidature du Rwanda est antérieure aux accusations de soutien à ce mouvement rebelle mais elle aurait pu être recalée par certains pays. Ce qui prouve d’une certaine manière que la diplomatie de Paul Kagamé est assez influente. Mais comme il fallait s’y attendre, des mouvements de défense des droits de l’Homme, notamment Human Rights Watch, ont protesté contre cette élection du Rwanda au Conseil de sécurité de l’ONU. Une réaction qui ne fait ni chaud, ni froid à Kigali qui, comme à l’accoutumée, n’accorde pas de crédit au nouveau rapport, en témoignent les propos de la ministre des Affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo.
Elle estime que ce rapport est très problématique et que quiconque envisagerait de prendre des mesures en se fondant sur celui-ci serait mal avisé. La question-clé que l’on se pose est de savoir ce que le Rwanda fera désormais après l’obtention de ce fauteuil onusien. Va-t-il continuer à nier l’évidence, à opprimer ses opposants et semer le désordre chez son voisin congolais comme par le passé ou va-t-il œuvrer pour la recherche de la paix ? Sans être trop pessimiste, il ne faut pas attendre grand-chose de Kigali. En tout cas, il serait utopique de penser que Kagamé va changer du fait de cette élection. C’est un vrai prédateur des droits de l’Homme et il serait difficile qu’il devienne du jour au lendemain, un agneau ou un démocrate bon ‘’teint’’. Et comme le dit un adage, l’habitude est une seconde nature. Par contre, ce qui semble sauter aux yeux, c’est que cet enfant terrible des Grands lacs a maintenant une occasion en or pour mieux se défendre. Paul Kagamé pourrait également se servir de ce privilège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour envoyer des flèches à ses ennemis, notamment les Occidentaux qui tirent à boulets rouges sur lui. Et sur ce plan, l’Afrique peut se réjouir d’avoir trouvé un gendarme idéal. Kagamé, on le sait, n’a jamais reculé face aux Américains et aux Européens et pourrait bien dire certaines vérités aux grandes puissances. Tout compte fait, le Rwanda est entré dans le cercle des grandes nations. Et ce, malgré l’opposition farouche de la République démocratique du Congo (RDC). Crédible ou pas, il faudra désormais compter avec le Rwanda.