Des chercheurs d’Afrique et d’Europe se sont réunis les 25 et 26 octobre 2013 à Ouagadougou pour mener une réflexion autour des questions liées à la paix et à la sécurité sur le continent.
Pour faire du protocole de Durban, dénommé "Architecture de paix et de sécurité en Afrique" (APSA), une réalité, des chercheurs d’Afrique et d’Europe ont mené des réflexions, pendant deux jours à Ouagadougou, à travers un colloque. Les travaux qui se sont articulés autour de trois axes, ont permis aux participants de dresser un bilan critique de l’APSA et de faire des propositions concrètes à usage régional et international. De leur analyse, il ressort du premier axe portant sur le bilan critique du mécanisme, que l’APSA ne fonctionne pas. Pire les participants ont jugé son fonctionnement décevant. Selon le président du comité d’organisation du colloque, Dr Luc Marius Ibriga, le mécanisme de maintien de la paix et de la sécurité sur le continent ne fonctionne pas pour plusieurs raisons. A l’entendre, ce dysfonctionnement est lié à la manière dont il est conçu. Pour lui, le fait qu’il y ait trop d’éléments composites, entraîne de la lourdeur dans l’exécution des tâches. Aussi, il a ajouté que le fonds prévu pour alimenter et faire fonctionner cette architecture de paix qui n’est pour l’instant pas en place, pose un problème de moyen financier qui entrave la bonne marche du protocole.
Mettre en place un mécanisme de ressources propres
De son analyse, le fait que cette architecture est tributaire du « bon vouloir » des partenaires techniques et financiers, pose le problème de l’appropriation de l’APSA par les Africains. Ainsi, pour une meilleure appropriation du système de sécurité au niveau africain, les chercheurs ont recommandé entre autres, de mettre en place un mécanisme de ressources propres prélevées sur le tarif extérieur commun, sur la Taxe à valeur ajoutée (TVA) ou tout autre instrument financier pour les Etats membres. Quant au second axe intitulé « l’APSA et la construction d’une sécurité collective en Afrique », les chercheurs ont trouvé que la construction d’une sécurité collective pose plusieurs problèmes. Le principal, selon eux, est celui de l’absence de souveraineté de l’Etat dans certains pays africains. Aux dires du Dr Ibriga, la plupart des crises sur le continent, au Nord Mali, au Congo RDC, etc. se sont développées dans des zones appelées « zones grises » à cause de l’absence d’Etat. Et au professeur émérite de géographie politique à l’Université Bordeaux 3, Christian Bouquet, d’ajouter que ces zones grises, qui sont des territoires périphériques par rapport aux capitales africaines et sur lesquelles l’Etat a perdu tout contrôle, prospèrent toutes sortes de trafics de « Seigneurs de guerre ». C’est ainsi qu’il a suggéré à la communauté internationale de déverrouiller les moyens dont disposent les Etats africains pour pouvoir assurer le maintien de l’ordre et le respect de la loi sur l’intégralité de leur territoire. Ce qui signifie pour lui « que les Etats puissent payer les fonctionnaires à leur juste prix, les policiers, les gendarmes, les magistrats et les préfets ». En outre, les experts ont exhorté les Etats africains à renforcer leur autorité à la périphérie de leur territoire par une restauration des services de l’Etat concernant le dernier axe, relatif au partenariat entre Europe et l’Afrique en rapport avec l’APSA, il ressort des conclusions que l’Union africaine se doit d’adopter un instrument de modélisation avec ses partenaires, afin de répartir les compétences de chacun dans un souci d’appropriation. Par ailleurs, les chercheurs ont conseillé à l’Union européenne dans le cadre du protocole de Durban, d’adopter une ligne directrice, de trouver des voies et moyens permettant de garantir une prévisibilité et une stabilité de son soutien à l’Architecture de paix et de sécurité en Afrique. Le ministre de l’Administration territoriale et de la sécurité, Dr Jérôme Bougouma et celui en charge de la Sécurité sociale, Vincent Zakané, qui ont suivi avec « beaucoup d’attention » la lecture des recommandations résumées dans une déclaration dite de Ouagadougou, ont promis de les porter auprès des autorités burkinabè afin que lors de la rencontre Union africaine-Union européenne, des discussions soient menées pour dynamiser le processus de l’APSA.
Placé sous le thème « L’architecture de paix et sécurité en Afrique à la croisée des chemins » ; ce colloque a été organisé par le Centre d’études européennes et de l’intégration, le Centre Noël Emile de l’Université Ouaga II (CEEI), en collaboration avec le Cendre d’études et de recherche sur les droits africains et sur le développement institutionnel des pays en développement (CERDRADI) de l’Université Bordeaux IV et le réseau de la « chaire UNESCO » sur les intégrations régionales dans le monde.