Des fonctionnaires, des commerçants moyens, des privés qui encore se cherchent, c’est un peu le genre de la classe moyenne burkinabè. Dans l’argus des économistes, cet oiseau d’un genre moyen est : La classe sociale dite « Classe moyenne » rassemble un ensemble de population hétérogène, située au-dessus des classes pauvres et en dessous des classes aisées. La question de sa définition exacte reste délicate et explique que l’on parle aussi « des » « classes moyennes ». Les critères majeurs de définition étant le niveau de vie et l’appartenance ressentie à un statut social, il est patent que la notion varie suivant les pays et dans le temps. Selon ma compréhension, le Burkinabè moyen est celui qui arrive à subvenir aux besoins d’une famille de 4 personnes au minimum. Qui peut s’offrir l’eau courante, l’électricité, 2 repas par jour et un moyen de déplacements.
Au Burkina ce sont ces personnes de niveau moyen qui aujourd’hui risquent d’être une espèce en voie de disparition. La société dans laquelle nous évoluons est sans pitié ; donc à chacun d’attraper son sac et de suivre le courant ou tout simplement se noyer. Notre monde se divisera bientôt en deux classes : le trop riche et le trop pauvre. Pourquoi cela ? Je ne tâte pas le sable ou ne possède une boule de cristal mais je constate seulement que ce sont les mêmes riches qui s’enrichissent pendant que les mêmes groupes de personnes pauvres s’appauvrissent.
Dans un groupe de dix personnes, si vous faites une absence de 5 ans vous retrouverez les mêmes gars dans le même coin, la cause : « ah dans pays là on n’évolue pas ». Tout le monde se plaint mais personne ne parle. Si tu en parle on dit que c’est de la jalousie ou de la mesquinerie à la burkinabè. Pas un jour sans entendre quelqu’un dire que les Burkinabé sont mauvais. Je ne suis pas d’accord : les Burkinabé sont travailleurs et persévérants c’est peut-être le monde qui change et notre pays qui fait face à un moment des plus difficiles de son histoire.
Le pauvre s’il veut réussir doit connaître quelqu’un, ou jouer au lèche-botte. Même celui qui a de l’argent n’a pas d’avenir s’il ne connaît pas le circuit. Donc ceux qui sont sur les rails du succès s’y cramponnent bien sûr en espérant que le vent ne tournera pas. Le mérite aujourd’hui est d’être dans ce fameux circuit. On nous dit que le Burkina avance mais moi je ne crois pas à ce slogan aujourd’hui, il est beaucoup plus difficile pour un Burkinabè moyen de réussir.
Le rêve burkinabè (en référence au rêve américain) n’existe plus ou est rare. Un jeune parti de rien venu d’une famille moyenne a plus de mal à trouver du boulot. Il donne même du boulot à ses parents qui l’ont éduqué, scolarisé, et qui vont le nourrir et le blanchir. Cette classe moyenne s’essouffle puisque tout augmente sans que le salaire n’en fasse autant. Sans le savoir un beau jour ce peu de choses qui le contentaient devient un luxe. Pourtant lui pauvre humain n’a pas changé.
Beaucoup, surtout la classe moyenne se voit inexorablement trainé vers la pauvreté ou la suprême pauvreté. Comment ne pas devenir aigri dans ces cas ? Et après, ça étonne les dirigeants de voir les gens se fâcher et dépasser les lignes du correcte. Correcte n’existe pas quand on a faim. Toujours les mêmes qui gagnent des marchés ; les mêmes qui sont nommés ; les mêmes qui sont, soit maire, soit députés, soit ministres ou DG.
Ça commence sérieusement à peser sur cette classe qui se scinde inexorablement en très pauvres et en très riches. Que ferons-nous quand notre pays sera constitué de ces deux groupes et qu’aucune politique ne pourra être fédérante ? Peut-être serons-nous comme l’Australie ou d’autres pays qui ont simplement et purement choisi d’ignorer le problème. Les pauvres seront gardés loin des quartiers chics et des centres villes à mourir dans des entreprises pourries et des maisons invivables … Espérons que cette classe restera encore forte pour permettre à la balance de rester stable et aux vases de toujours communiquer s’il n’est pas trop tard.