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Sidwaya N° 7529 du 25/10/2013

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Santé sexuelle et de la reproduction : regain d’intérêt pour la planification familiale au Burkina Faso
Publié le vendredi 25 octobre 2013   |  Sidwaya




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Le Burkina Faso a inscrit la Planification familiale (PF) comme priorité nationale. Avec l’aide reçue du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) depuis 2008, à travers son Programme mondial de sécurisation des produits de la santé de la reproduction, les acteurs mettent la main à la pâte pour que le rêve de porter la prévalence contraceptive de 15% à 25% d’ici à 2015 devienne réalité. Le pays est sur la bonne voie. Les populations des villes et des campagnes affirment que leurs conditions de vie se sont améliorées grâce à la pratique de la PF.

Tous les acteurs de la santé au Burkina Faso sont unanimes à reconnaitre que la planification familiale (PF) connait un regain d’intérêt. Du ministre de la santé à l’Infirmier chef de poste en passant par les directeurs régionaux de la santé, les médecins chef de district, les bénéficiaires…tous, sans détours, soutiennent que la PF est de plus en plus acceptée par les populations au Burkina Faso.Cette situation est surtout due à la volonté politique du gouvernement qui, grâce au programme mondial de sécurisation des produits de la santé de la reproduction (SR), a inscrit une ligne budgétaire spécifique pour l’achat des produits contraceptifs. Cette ligne budgétaire est régulièrement approvisionnée chaque année passant de 300 millions de FCFA au moment de sa création en 2008 à 500 millions de FCFA depuis 2010. « Concernant la ligne budgétaire, nous avons une particularité au Burkina qui me réjouit. Pour les questions de santé, ou de développement tout court, nous internalisons, c’est-à-dire que nous comptons sur l’accompagnement des partenaires mais nous travaillons aussi à assurer la relève », précise le ministre de la Santé, Léné Sebgo. Pour le représentant résident de l’UNFPA au Burkina, Dr Mamadou Kanté, deux événements majeurs justifient le regain d’intérêt de la PF au Burkina Faso. Il s’agit, premièrement, de la mise en œuvre du Programme mondial de sécurisation des produits de la Santé de la reproduction (SR) au Burkina Faso. Ce programme a permis d’étendre les interventions de la PF sur toute l’étendue du territoire et de développer des approches innovantes et pertinentes qui ont donné de bons résultats. Le deuxième fait marquant est le recensement général de la population dont les résultats ont montré que le niveau de fécondité était toujours élevé. « L’utilisation de tous ces résultats a permis d’alimenter le plaidoyer pour la prise en compte des questions de populations dans le développement. En outre, les résultats ont permis de sensibiliser les leaders à tous les niveaux et d’influencer les acteurs en charge de l’élaboration des politiques et programmes », indique Dr Mamadou Kanté. Il poursuit que le programme mondial de sécurisation des produits de la SR a permis à son agence d’appuyer la relance de la PF au Burkina avec cinq millions de dollars US (2,5 milliards de FCFA ) par an depuis 2008 jusqu’en 2013 et probablement au-delà. Cet appui a permis d’abord de renforcer les capacités de l’offre des services au niveau des Formations sanitaires (FS) par la formation du personnel et l’équipement. Ensuite, de renforcer l’accès aux services par le développement des services à base communautaire et de renforcer la stratégie avancée par l’offre des méthodes de longue durée.

L’équipe mobile
pour recruter encore plus d’utilisateurs de la PF

Mme Adiara Ouattara a vaincu la peur et surmonté les préjugés lorsqu’elle a décidé, volontairement, à Matroukou, village situé à quelques encablures de Bobo Dioulasso, deuxième ville du Burkina, d’adopter pour la première fois le Jadelle, un implant contraceptif de longue durée. En effet, grâce à la clinique mobile de l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) appuyée par l’UNFPA, Adiara, à 33 ans et après avoir eu deux enfants, bénéfice, d’une méthode contraceptive. « En adoptant la planification familiale, mon mari et moi voulons bien prendre soin de nos enfants avant d’en avoir d’autres. J’ai appris l’existence de la PF grâce au leader communautaire. J’ai attendu longtemps parce que j’avais peur des rumeurs qui disaient que la PF empêche d’avoir des enfants et rend malade », indique-t-elle. Et d’ajouter qu’elle en avait discuté avec son mari, mais restait réticente à cause des rumeurs. Adiara a fait le grand saut vers la PF sur les conseils du leader communautaire de la localité M. Dokaba Jean Sanou, mais surtout sur ceux de Mme Germaine Zongo, animatrice sociale à l’ABBEF. Dokaba Jean Sanou sillonne tous les villages de la localité pour sensibiliser les populations sur l’importance de la PF et distribuer les produits non prescriptibles tels les pilules et les préservatifs dans le cadre de la stratégie de Distribution à base communautaire(DBC), contribuant ainsi à créer la demande et l’utilisation des services et faciliter le travail des équipes mobiles. Ce travail en amont permet à Germaine Zongo d’expliquer aux bénéficiaires les avantages et modes d’utilisation de chaque méthode pour leur permettre de faire un choix éclairé. L’équipe mobile, conduite par la sage-femme Ada Traoré n’a pas eu tort d’avoir choisi le village de Matroukou. Après 34 ans de services dont 26 consacrés à la PF, Mme Ada Traoré est une personne bien avertie des questions de la santé de la reproduction en général et celles de la PF en particulier. Avec tact et douceur, elle amène les femmes intéressées par la PF à franchir le dernier pas, celui de la pose d’un implant, d’un Dispositif intra utérin (DIU). De 8 heures 30 minutes à 19 heures, l’équipe a réussi à inscrire dans son registre plus de 300 clientes parmi lesquelles 48 nouvelles utilisatrices de méthode de longue durée. Le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Matroukou a été choisi parce qu’habituellement, les méthodes de longue durée, notamment le Jadelle et le DIU n’y sont pas offertes par manque de personnel qualifié.
Les résultats obtenus en une journée sont spectaculaires comparés à ceux réalisés par le CSPS du village. En effet, celui-ci n’a enregistré que 745 personnes en 2012 et 461 pendant le premier semestre 2013. « L’objectif de l’équipe mobile est d’aller vers les populations pour favoriser l’accès géographique et financière des services de la PF de qualité, notamment les méthodes de longue durée de protection très prisées par les clientes », explique Mme Traoré. L’équipe mobile est l’une des stratégies innovantes mises en place par l’Etat pour réussir le pari de relever significativement l’utilisation de la PF en faisant passer le taux de prévalence contraceptive de 15% à 25% d’ici à 2015, date butoir des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notamment l’objectif 5 qui vise la réduction de la mortalité maternelle de trois quarts par rapport à son niveau de 1990.

Le Burkina Faso sur la bonne voie

Le constat sur le terrain prouve que le Burkina Faso est sur la bonne voie. Sur toute l’étendue du territoire national, la PF est en train d’inscrire ses lettres de noblesse. A Konadougou, village de la province de la Léraba, situé à plus de 560 Km de la capitale Ouagadougou, à 20 km de la frontière ivoirienne et 25 km de celle malienne, l’infirmier du CSPS, M. Moussa Pakodotogo, parle sans ambages du regain d’intérêt que rencontre la PF dans sa localité. Pour lui, cela est dû à la sensibilisation, à la disponibilité des produits ainsi qu’à la Semaine nationale de la planification familiale (SNPF). Le moins que l’on puisse dire, c’est que la sensibilisation a engendré un changement de comportements. Ainsi, 96,5% de la population burkinabè peuvent citer au moins une méthode contraceptive. Le chef du village, M. Saïdou Coulibaly, leader coutumier, mobilise et sensibilise ses concitoyens sur le bien-fondé de la PF. Siaka Coulibaly, jeune de 32 ans et seul mécanicien de la localité, ne tarit pas d’éloges sur la PF. D’ailleurs, malgré son jeune âge et après avoir eu trois enfants, il a décidé d’en rester là. Un choix délibéré guidé par la volonté de mieux s’occuper de sa progéniture. Comme au CSPS de Konadougou, la clinique du Centre d’écoute pour jeunes(CEJ) de l’ABBEF de Bobo-Dioulasso ne désemplit pas. Il est pris d’assaut par une jeunesse avide de connaissances sur sa sexualité. Et le jeu en vaut la chandelle, car les comportements à risque sont souvent sources de drames. Fatimata Soré, âgée de 16 ans et Aminata Sankara, âgée de 19 ans l’ont appris à leurs dépens. La première, enceinte de 8 mois, fréquente le centre pour des consultations prénatales. Ayant arrêté ses études en classe de 5e, elle a été « surprise » par la grossesse par manque d’informations sur la PF. La deuxième, analphabète, a, elle aussi, été surprise par une grossesse en 2011. Elle fréquente le centre et suit à la lettre les conseils des animatrices après avoir choisi la méthode de longue durée Jadelle, pour, dit-elle, « ne plus avoir d’ennuis », vu que celui qui l’avait enceintée avait refusé de convoler en juste noce avec elle et de s’occuper de l’enfant.
Marie Somé, également cliente de la clinique qu’elle fréquente depuis une année, vient de décrocher son baccalauréat cette année à 19 ans. Elle a choisi la pilule afin « de mieux contrôler sa sexualité et poursuivre ses études supérieures sans risque d’une grossesse non désirée » affirme-t-elle. Le plus grand nombre de clientes sont recrutées dans les formations sanitaires publiques, notamment les CSPS. De par leur nombre estimé à 1495 en 2012 et de par leurs missions, ce sont les structures de santé les plus proches des populations rurales. Elles sont nombreuses les clientes de la PF qui, comme Makoura Soura, sont bien connues du personnel du CSPS de Flantama de Banfora dans le Sud-Ouest du Burkina. « J’ai adopté la méthode Jadelle pour pouvoir planifier ma vie et faire ce dont j’ai envie. La PF a beaucoup d’avantages et j’exhorte mes sœurs à adopter une méthode contraceptive de leur choix. Elle nous donne d’énormes avantages. Elle nous aide à bien éduquer nos enfants, à faire quelque chose d’utile dans notre vie », conseille-t-elle. Mme Ami Soura, responsable de l’unité de PF du CSPS de Flantama salue le retour en force de la PF au Burkina. « Avant 2008, les activités de la PF étaient en léthargie, mais avec la volonté politique nationale et celle de la communauté internationale, les choses sont en train de bouger en faveur de la PF. Beaucoup de travail est fait, notamment la sensibilisation, la subvention des produits contraceptifs, le renforcement des capacités pour amener les femmes à adhérer à la PF », souligne-t-elle.

Mettre tout en œuvre pour relever la prévalence contraceptive

La surveillance hebdomadaire des stocks de produits contraceptifs a été déterminante dans la sécurisation de ces produits. Stratégie pertinente pour réduire les ruptures de stocks, la surveillance hebdomadaire des produits contraceptifs fait en sorte qu’à tout moment, tout couple, toute femme qui se présente de façon volontaire à une formation sanitaire trouve une gamme complète de méthodes contraceptives pour opérer son choix. « Depuis que nous avons instauré la surveillance hebdomadaire des stocks de produits contraceptifs en 2012, je peux dire que la disponibilité des produits s’est vraiment améliorée » souligne la directrice générale de la Santé, précédemment directrice de la Santé de la mère et de l’enfant Dr Djénéba Sanon/Ouédraogo. Selon le chef de l’agence de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables (CAMEG) de Bobo-Dioulasso, Dr Rèma Alphonse Ramdé, il y a une nette amélioration dans la gestion des produits de la PF ces cinq dernières années. « L’agence de Bobo qui a en charge les districts sanitaires de la région des Hauts Bassins ne connait pas présentement de rupture. Nous avons actuellement tous les produits dont nous avons la charge de la distribution », affirme Dr Ramdé. Son propos est corroboré par le pharmacien régional des Hauts Bassins, Hyacinthe Ouédraogo qui note que le logiciel de gestion de stocks CHANNEL est un bon outil. En effet, il a amélioré la gestion des stocks parce que des difficultés se ressentent en temps réel sur le logiciel. Ce logiciel a été introduit et vulgarisé au Burkina Faso, ainsi que dans de nombreux pays. « De même, nous ne pouvons pas faire sortir un stock s’il est inexistant. Nous ne pouvons pas non plus livrer un stock qui est périmé étant donné que les produits sont enregistrés avec les dates de péremption », rassure Hyacinthe Ouédraogo.
La surveillance des stocks exige des CSPS de faire le point des produits contraceptifs disponibles au niveau des dépôts de Médicaments essentiels génériques (MEG) et de la maternité chaque lundi. Ces informations sont transmises au point focal du district qui est le pharmacien. Ainsi, chaque semaine, le médecin chef du district a une idée précise de la disponibilité de ces produits dans chaque formation sanitaire de son ressort. Après compilation, les données de chaque district sont transmises le même jour aux directions régionales de la santé afin de rendre compte de la disponibilité des produits dans l’ensemble des districts et des formations sanitaires de la région.

Le logiciel CHANNEL est un bon outil

« Depuis que la surveillance hebdomadaire est en marche dans la région, nous n’avons en aucun moment, été interpellés pour un quelconque manquement », note M Ouédraogo. Toutefois, il soutient qu’il est souhaitable de maintenir l’utilisation de CHANNEL autant que faire se peut tout en l’améliorant parce qu’il nécessite qu’on le mette constamment à jour après chaque opération. Avec tant d’ingrédients et une volonté à surmonter toute épreuve, c’est avec juste raison que les acteurs de la promotion de la PF envisagent de réussir la prouesse d’atteindre 25% de prévalence contraceptive d’ici 2015 et relever ainsi le défi du Plan national de relance de la PF. Ce qui revient à satisfaire les besoins en PF de 332000 nouvelles utilisatrices en trois ans en plus des anciennes. Plan fédérateur, il associe secteur public, partenaires techniques et financiers, secteur privé et société civile.
Avec plus de 14,7 milliards de FCFA de budget, il constitue un véritable tableau de bord sur lequel chaque acteur sait exactement ce qu’il faut faire pour remplir son contrat, c’est-à-dire atteindre l’objectif qui lui a été assigné. Augmenter la prévalence contraceptive de 10 points en trois ans peut paraître ambitieux, mais pas impossible au regard de la mobilisation nationale actuelle en faveur de la PF qui s’avère être un impératif pour le Burkina Faso dans sa quête d’une réelle maitrise de la croissance démographique et d’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et infantile.
La directrice générale de la Santé, Dr Djénéba Sanon/Ouédraogo, est convaincue que relever ce défi permettra au Burkina Faso d’avoir un espace serein pour le bien-être des populations. « En fixant l’objectif de 25% de prévalence contraceptive d’ici à 2015, nous nous sommes dit que nous avons l’obligation de l’atteindre », rassure-t-elle. M. Boureihiman Ouédraogo, directeur exécutif de l’ABBEF soutient que le défi de 25% de prévalence contraceptive mérite d’être relevé en ce sens que la PF contribue à plusieurs niveaux (individuel, familial, communautaire, national) à assoir les bases solides d’un développement socioéconomique durable du Burkina en garantissant la santé à la mère et à l’enfant, en luttant contre la mortalité maternelle et néonatale, bref, en luttant contre la pauvreté. « L’objectif de 25% est réalisable si tout le monde s’y met » indique-t-il. Pour sa part, Dr Mamadou Kanté de l’UNFPA affirme qu’au rythme des résultats engrangés, les 25% de prévalence contraceptive d’ici à 2015 sont à portée de main. Cela pourrait arriver même plus tôt que 2015, renchérit-il. « Dans tous les cas, nous sommes optimistes parce que nous savons que les autorités sanitaires, le privé et la société civile sont vraiment déterminés à faire en sorte que toutes les femmes aient accès librement aux services de contraception si elles en ont besoin. Il n’y a aucun doute que tous les ingrédients sont réunis pour atteindre les 25% de prévalence contraceptive d’ici à 2015 », affirme-t-il. D’ores et déjà, la tendance évolutive de la prévalence contraceptive au Burkina Faso est plus que satisfaisante à en croire les résultats de la dernière enquête réalisée en 2012 où la prévalence contraceptive est estimée à 21,9%. Le ministre de la Santé Léné Sebgo et le représentant résident de l’UNFPA au Burkina, Dr Mamadou Kanté invitent les acteurs de la santé en général, à redoubler d’ardeur pour faire de 2015 l’année de la Planification Familiale au Burkina Faso.

Charles OUEDRAOGO

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