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Le Quotidien N° 899 du 23/10/2013

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Homosexualité au Burkina : On joue avec le feu !
Publié le mercredi 23 octobre 2013   |  Le Quotidien




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Ça y est ! Le débat sur la prise en compte des homosexuels dans la lutte contre le VIH/Sida est sur la place publique. Le projet, très délicat, était surtout traité dans des séminaires et ateliers restreints, comme si on avait peur des réactions qu’il susciterait. Des terminologies diverses ont même été trouvées pour désigner ces groupes sans les stigmatiser. Ainsi, on parle de « travailleuses du sexe » pour les prostituées et d’ « hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes » pour les homosexuels. Tôt ou tard, il fallait cependant sortir de l’hypocrisie du silence et dire ce qu’il en est. C’est ce que le maire de Ouagadougou vient de faire. Pour tenter de couper court aux rumeurs persistantes, Marin Ilboudo a dû monter au créneau pour dévoiler, le 21 octobre dernier, l’existence effective d’un programme de plus de 500 millions de FCFA destiné à prendre en charge les prostituées et les homosexuels. La précaution avec laquelle les acteurs de la lutte contre le Sida manipulent ce nouveau programme, en direction des groupes dits spécifiques, est très frappante. Et on peut les comprendre. En effet, si le cas des prostituées ne suscite pas trop de controverses et de passions, il en est autrement des homosexuels. C’est clair, le sujet demeure un tabou et passe mal dans l’opinion. Comment alors prendre en charge ce groupe dans la lutte contre les IST/Sida sans heurter les consciences ? Comment convaincre les Burkinabè que ce n’est pas le début d’un processus déguisé de légalisation de l’homosexualité? L’exercice est délicat, voire périlleux, pour le maire et tous les acteurs engagés dans ce programme. Il y a en effet un constat irréfutable qui est fait par les spécialistes du Sida au Burkina : les prostituées et les homosexuels demeurent des groupes où la prévalence du VIH est encore grande. Il faut donc s’y attaquer, pour éviter de mettre en péril tous les efforts consentis pour inverser les tendances au Burkina. Du point de vue donc des médecins et des acteurs impliqués dans la réponse au VIH/Sida, seul l’objectif compte. Pour eux, il s’agit de personnes à préserver ou à soigner, indépendamment de toute considération morale, religieuse ou culturelle ou sociologique. Mais le grand public n’a pas cette conception du problème. Il considère l’homosexualité comme le mal incarné dont il faut s’éloigner. Alors, que faire ?

Ce qui est sûr, le Burkina marche sur des œufs avec ce programme. Il sera difficile de faire accepter le fait que les homosexuels doivent être traités sur le même pied d’égalité que le reste de la population. Ce serait leur donner des droits, et ouvrir la porte vers une reconnaissance sociale et pourquoi pas légale, que beaucoup ne sont pas près d’accepter. La question demeure donc : ce genre de subvention ne cache-t-il pas le dessein caché des bailleurs de fonds à légaliser l’homosexualité ? Quand on sait que le Burkina est le pays qui expérimente tout, il y a de quoi s’interroger sur les tenants et aboutissants de l’initiative. C’est à se demander si le Burkina n’est pas encore parti pour servir de cobaye, cette fois-ci dans le lobbying en faveur des homosexuels? Alors que partout en Afrique (hormis l’Afrique du Sud), les législations nationales sont très sévères sur la question. Certains dirigeants ont même exprimé haut et fort leur sainte horreur de l’homosexualité. La palme de l’homophobie devrait sans doute être décernée à Yaya Jammeh de Gambie et à Robert Mugabe du Zimbabwe. Comme sentences, le président Jammeh a promis que « si un homosexuel arrive ici en Gambie, on va le tuer comme on tue un chien », tandis que Mugabe prévoit l’enfer pour les gays au Zimbabwe. C’est dans ce contexte de levée de boucliers contre le phénomène de l’homosexualité en Afrique, que le Burkina lance son programme anti-Sida. Dans le même temps, en Occident, la cause des homosexuels gagne du terrain, avec les légalisations en cascades des mariages gays. Deux mondes s’opposent aujourd’hui de façon radicale sur l’homosexualité : l’Occident qui n’y voit aucun inconvénient et l’Afrique qui refuse d’en entendre parler. Les autorités du Burkina s’engagent donc sur une voie périlleuse en reconnaissant aux homosexuels certains droits. Seront-elles comprises ? Les semaines et les mois prochains nous le diront .

La Rédaction

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