La direction régionale de l’agriculture et de la sécurité alimentaire du Nord en collaboration avec le Projet riz pluvial (PRP) a organisé une visite commentée du bas-fond rizicole de Bogoya Binda dans la commune de Ouahigouya, le jeudi 17 octobre 2013. Une visite qui a permis aux décideurs et bailleurs d’apprécier la bravoure des producteurs de ce site qui attendent une récolte de 140 tonnes.
La saison des pluies tire vers sa fin et c’est le lieu pour les décideurs et les bailleurs de fonds de chercher à évaluer les fruits de leurs investissements dans le secteur de l’agriculture. A Bogoya Binda, dans la commune de Ouahigouya, les autorités régionales de l’agriculture et de la sécurité alimentaire du Nord ainsi que les premiers responsables du projet riz pluvial, avec à leur tête, le gouverneur Khalil Bara, sont allés toucher du doigt l’état des productions dans le bas-fond rizicole de ce village, le jeudi 17 octobre 2013. La visite commentée du jour a débuté par une présentation du site. Et selon Aubain Syan, encadreur des producteurs de Bogoya Binda, le bas-fond a été aménagé en avril-mai 2012 et s’étend sur une superficie de 35 hectares. Cette année, ce sont 430 producteurs dont 150 femmes qui se partagent le périmètre, a-t-il fait savoir. A quelques semaines des récoltes, les techniciens intervenants dans le bas-fond estiment son rendement à 4 tonnes l’hectare, soit une production totale attendue de 140 tonnes de riz. Ces performances seraient dues, de l’avis de M. Syan, à l’appui de partenaires dans l’aménagement du site d’une part, et surtout au don de semence et à la subvention des intrants par le Projet riz pluvial (PRP) à travers l’ambassade de Chine Taïwan d’autre p art. Au cours de cette saison hivernale, les investissements sur le site sont estimés à environ 14 millions de francs CFA contre des recettes prévisionnelles de 21 millions après vente des récoltes et des résidus des récoltes ; soit un bénéfice de plus de 7 millions attendus. Au-delà de ces espoirs que suscitent les récoltes, les producteurs de Bogoya n’ont pas manqué d’évoquer quelques difficultés auxquelles ils sont confrontés et de soumettre des doléances aux autorités présentes. Au registre des difficultés, M. Syan cite la faible disponibilité des intrants, la faible organisation des producteurs, le manque d’infrastructure de stockage et d’aire de séchage. Pour ce faire, les producteurs sollicitent la réalisation de puits pour l’irrigation d’appoint et la production maraîchère, l’appui en matériel d’irrigation, l’organisation de producteurs en coopérative, une formation en technique de compostage, la construction d’un magasin de stockage et d’aire de séchage.
La visite proprement dite du bas-fond a permis aux autorités d’apprécier l’état végétatif des champs. Ce sont notamment 4 parcelles qui ont été visitées. A la première station, c’est le champ de Djibrina Ouédraogo, un producteur ayant respecté le calendrier cultural qui a été présenté. Ici, l’on a mis en évidence l’intérêt qu’il y a à respecter les conseils des techniciens pour ce qui est du démarrage des travaux champêtres. A la deuxième station, c’est l’importance des diguettes qui a été mise en évidence. Selon Noufou Ouédraogo, le propriétaire de cette parcelle, la technique de la diguette lui a permis de retenir les eaux dans son champ, toute chose qui a également permis à ses plans de s’épanouir malgré les poches de sécheresse.
De la production à la transformation
A la station trois, c’est une démonstration de la technique de récolte qui a été faite dans la parcelle de Hamado Ouédraogo. Le dernier champ visité est celui de Noufou Porgo, un exploitant qui allie du riz à la production maraîchère grâce à un puits qu’il a lui-même creusé pour les besoins de la cause. M. Porgo fait de la production maraîchère pendant la saison sèche, toute chose qui constitue un avantage pour lui pendant la saison des pluies car la fumure utilisée permet à ses plants de croître rapidement plus que ceux des autres producteurs du bas-fond. Visiblement satisfait de la visite du jour, le gouverneur du Nord a estimé que ce bas-fond est un véritable pôle de production alimentaire de la province du Yatenga, à l’image de Bagré dans le Boulgou. « La sortie a été positive pour nous. Il faut dire que nous sommes dans une région écologiquement difficile, où la nature n’est pas généreuse. Mais quand vous voyez dans un bas-fond 35ha de riz et où plus de 400 personnes y travaillent, cela vous réjouit lorsque vous êtes responsable de la région », a dit le gouverneur Khalil Bara. Et le coordonateur du projet PRP de renchérir, que beaucoup de gens avaient des appréhensions lorsqu’il a décidé de lancer les activités de son projet dans la province du Yatenga, au regard de l’adversité de la nature. Il se réjouit , après cette visite, qui lui donne raison d’avoir essayé cette production en ces lieux.
Après le bas-fond, le gouverneur et sa suite sont revenus dans la ville de Ouahigouya où ils sont allés visiter l’unité de transformation de l’Association des femmes entreprenantes du Yatenga (AFEY). C’est un complexe de production de farine de céréale qui emploie 30 femmes. Selon Mme Marie Madeleine Ouédraogo, membre de l’association, l’AFEY a été créée en octobre 2008. Son objectif est notamment de lutter contre l’analphabétisme et conscientiser les femmes sur leurs responsabilités, négocier les appuis en formation sur la gestion de l’entreprise, le marketing… L’entreprise a une capacité de production de 1 000kg de farine /jour et ce sont essentiellement le maïs, le sorgho et le mil qui y sont transformés pour le moment. Ces farines sont conditionnées dans des sacs de 12kg, 20 kg et 100 kg et sont écoulées sur des marchés tels que Ouahigouya, Kalsaka, Séguénéga, Yako, Ouagadougou. Pour la directrice régionale de l’agriculture du Nord, Marie Madeleine Bengali, cette unité est une valeur ajoutée à la production. Toute chose qui contribue à diminuer le taux de chômage dans la région du Nord.