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Grossesses pathologiques : « Certaines femmes voudraient, coûte que coûte, avoir un enfant, même au risque de leur vie », dixit le Pr Françoise Millogo
Publié le vendredi 18 octobre 2013   |  Service Communication du CHU Yalgado Ouédraogo


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© Autre presse par DR
Grossesses pathologiques : « Certaines femmes voudraient, coûte que coûte, avoir un enfant, même au risque de leur vie », dixit le Pr Françoise Millogo


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Quand une hypertension artérielle, une anémie…… surviennent au cours d’une grossesse, ou quand une grossesse se développe chez une femme diabétique, drépanocytaire (forme grave : SS), hémoglobinopathe double hétérozygote SC…… les spécialistes parlent de « grossesses à risques ou de grossesses pathologiques ». Du fait de l’association d’une maladie à la grossesse, celle-ci nécessite un suivi particulier. Les éclairages du Pr. Françoise Danielle Millogo / Traoré, gynécologue obstétricienne au CHU-YO, aident à comprendre la problématique de ces types de grossesse.

« La grossesse, en elle-même, n’est pas une maladie, mais c’est l’association d’une maladie à la grossesse, qui fait que celle-ci nécessite un suivi particulier », indique le Pr Françoise Millogo
La grossesse est un état physiologique qui débute depuis la fécondation (la rencontre entre l’ovule et le spermatozoïde qui va former l’œuf) et qui s’achève à l’accouchement, qui est l’expulsion du bébé et du placenta. La grossesse, en elle-même, n’est pas une maladie. Mais, dans certains cas, pouvoir la mener à terme, relève d’un véritable parcours de combattante. Pour des raisons diverses, des femmes développent des tares comme l’hypertension artérielle, l’infection à VIH, les cancers, etc. la grossesse qui se développe sur ce terrain devient une grossesse pathologique (grossesse dont l’évolution peut être émaillée de nombreuses complications), au lieu d’être physiologique. Aussi, il se peut que ce soit la maladie qui vienne se greffer sur la grossesse en cours. Dans tous les cas, une telle grossesse peut comporter des risques aussi bien pour la mère que pour le fœtus.
Les risques pour la mère et l’enfant
La grossesse pathologique peut se compliquer de crises convulsives avec une altération de la conscience, d’un décollement du placenta avant l’accouchement (entraînant une hémorragie ++++++) ou se solder par des séquelles comme l’insuffisance rénale, l’hémiplégie chez la mère (paralysie de la moitié du corps) dans les cas d’hypertension artérielle. La maladie préexistante à la grossesse peut s’aggraver. Peuvent également survenir des fistules obstétricales, lorsque l’accouchement par les voies naturelles a traîné en longueur et a été laborieux, notamment les cas de gros bébés dus au diabète maternel. Les fistules obstétricales, se manifestent par des pertes incontrôlées des urines ou des matières fécales, parce qu’il s’est instauré une communication anormale soit entre la vessie et les voies génitales, ou entre le rectum et les voies génitales. Dans les cas d’anémie sévère résultant du paludisme, de la malnutrition, des parasitoses de saignements, de la destruction des globules rouges, les grossesses se soldent souvent par des avortements, des accouchements prématurés, des retards de croissance. En effet, au mieux des cas,« ces bébés naissent avec un petit poids».
Pour l’enfant, les risques de malformations sont grands surtout dans les cas d’infections virales telles que la rubéole ou en présence d’une infection parasitaire comme la toxoplasmose, explique le Pr Millogo. Certaines infections peuvent se transmettre de la mère au bébé (infections à VIH, Hépatite B …..).
A noter que le risque le plus grave d’une grossesse pathologique, est le risque vital à la fois pour la mère et pour le fœtus. Dans le cas d’espèce, le gynécologue est obligé d’arbitrer vite, « toujours en faveur de la vie de la mère » constate, avec regret, le Pr Millogo. Car, peut-il en être autrement quand «la poursuite de la grossesse va être fatale pour la mère », s’interroge-t-elle ?

Facteurs de risques et modalité de prise en charge

« Quand la grossesse vient se greffer, la circulation sanguine doit se faire au mieux en vue d’assurer les besoins de la mère et ceux de l’enfant. En plus il est attendu de ce cœur défaillant un effort supplémentaire, surtout au moment de l’accouchement ».
Dans le contexte africain et surtout burkinabè, le spécialiste déplore que « les femmes veuillent coûte que coûte, ne serait-ce qu’une ou deux fois, donner la vie, au risque de perdre la leur », quand bien même la contre-indication absolue de grossesse est établie, au regard du terrain sur laquelle celle-ci va survenir. Pour l’exemple, le Pr Millogo choisit les cardiopathies décompensées et explique. « La cardiopathie décompensée signifie que le cœur est « fatigué » et n’arrive pas à assumer normalement ses fonctions. Quand la grossesse vient se greffer, la circulation sanguine doit se faire au mieux en vue d’assurer les besoins de la mère et ceux de l’enfant. Aussi, est-il attendu de ce cœur défaillant un effort supplémentaire, surtout au moment de l’accouchement. Pour tout cela, il n’est pas souhaitable que ces femmes tombent enceintes ».
Outre les cas de contre-indications absolues de grossesse, il y a d’autres cas qui ne sont pas des contre-indications absolues de grossesse, mais qui nécessitent un suivi rigoureux et particulier. Il s’agit des grossesses précoces (avant 20 ans), des grossesses tardives (après 40 ans), et des grossesses multiples (jumeaux, triplés, quadruplés …..) etc.
La particularité de l’ensemble des grossesses pathologiques, c’est qu’elles exigent une prise en charge pluridisciplinaire, cest-à-dire qu’il faut que la femme soit suivie par un collège de spécialistes à la fois.
Dans ces équipes, il doit y avoir «en plus du gynécologue obstétricien, un spécialiste de la pathologie dont souffre la femme, un pédiatre pour la prise en charge de l’enfant qui a besoin de soins particuliers, des anesthésistes réanimateurs parce que ce sont des grossesses qui se soldent souvent par des complications graves ou par une césarienne », énumère la gynécologue.
Une telle prise en charge pluridisciplinaire est mieux indiquée au sein des centres hospitaliers universitaires, car il est relativement plus facile d’y avoir tous les spécialistes sur place, contrairement à certaines formations sanitaires.
Conseils de notre spécialiste
v Pour ces grossesses, au lieu des quatre consultations prénatales conseillées au Burkina Faso, le nombre de consultations sera non seulement élevé, mais le rythme encore plus rapproché. « On commence par une fois le mois, après on passe à une fois toutes les deux semaines, et enfin par un contrôle toutes les semaines jusqu’à l’accouchement», indique le Pr Millogo.
v Aussi, la prise en charge de ces grossesses pathologiques nécessite-t-elle de ressources financières conséquentes du fait des nombreuses consultations à faire, des multiples examens sanguins et échographies à réaliser, et des ordonnances à honorer. Or le pouvoir d’achat de nos populations est souvent bas, ce qui ne leur permet pas de faire face aisément à ces différents coûts. D’où le cri de cœur du Pr Millogo :
v Toute grossesse doit être planifiée. Avant de faire un enfant, une visite pré conceptionnelle est nécessaire pour vérifier si une éventuelle grossesse ne serait pas à risque. En cas de réponse affirmative, le couple doit se préparer en conséquence, et cela sur tous les plans. »
v La gynécologue demande également aux hommes d’accompagner leurs femmes sur le plan moral et financier du début jusqu’à la fin de la grossesse, parce que les femmes vivent souvent seules ces moments difficiles et ne sont pas pour la plupart financièrement indépendantes.

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