Après la vague des rentrées scolaires et politiques au Faso, le Fou du Roi choisit à présent de faire sa sortie médiatique. Moi je ne rentre pas, car je suis régulièrement dehors dans la rue et je vois dans des détails, beaucoup de choses que les politiciens, qui roulent à 100 k/H dans des voitures aux vitres noires, ne peuvent voir. Vraiment, on abuse du vocable rentrée. En dehors des élèves et étudiants qui étaient en récréation pour les vacances, les politiciens parlent de rentrée alors qu’en réalité ils ne font pas de pause et sont permanemment en campagne électorale en France comme au Burkina et dans d’autres républiques bananières à travers le monde.
Ecoutez ! Après analyses des arguments pour et contre la mise en place du Sénat au Burkina, il ressort que ce sont majoritairement les prises de position des partis de l’opposition et de certains groupes de la société civile qui ont été beaucoup plus comprises par les citoyens que les messages du parti au pouvoir et de son gouvernement. La loi du nombre pourrait expliquer cela en partie. En effet, pendant que le pouvoir donne sa lecture des faits, une kyrielle de partis d’opposition et d’organisations de la société civile martèlent progressivement et pendant longtemps des arguments contraires qui, à force de médiatisation, deviennent des leçons qu’une grande partie de la population retient par cœur.
Par conséquent, un grand déficit d’information persiste sur le contenu et le bien fondé du Sénat et des mesures sociales du gouvernement visant à endiguer la vie chère. Tenez par exemple, des étudiants du campus de Zogona ne savent pas encore que les anciennes cités universitaires de Zogona seront désormais transformées en bureaux des enseignants pour offrir de meilleurs cadres à l’encadrement des étudiants. Apparemment, le Président du Faso semble bien au courant des réalités du pays en demandant au gouvernement d’élargir les concertations sociales et politiques en vue d’asseoir la pertinence de l’opérationnalisation du Sénat. Il reste encore beaucoup de travail à faire à ce niveau. Sinon, parmi des citoyens qui savent le rôle du Sénat, certains affirment qu’ils n’y sont pas contre pourvu que le gouvernement s’attèle aussi à promouvoir des mesures sociales et stratégies durables de lutte contre la vie chère au profit de l’ensemble des populations. Inutile de vous dire que la localisation de certaines boutiques témoins du gouvernement pour la vente de vivres à prix social, demeure méconnue de beaucoup de citoyens. Encore, un déficit de communication.
Ecoutez ! Concernant le Sénat, je pense qu’il ne serait pas superflu d’y écarter les religieux qui semblent se laisser influencer par des partis politiques qui mènent des combats déguisés pour la conquête du pouvoir sous le fallacieux prétexte du Sénat. Quand certains de ces partis organisent des marches et meetings ou font des déclarations incendiaires dans les médias, des religieux n’arrivent pas à avoir un vrai recul pour mieux analyser les choses et se laissent trop influencer par des mascarades politiciennes qui ne reflètent pas les préoccupations profondes des populations au plan national. C’est mieux que les religieux restent en marge du Sénat et prient pour la paix et le bien du pays, de toute façon, les autres composantes du Sénat ont des appartenances religieuses individuelles, sans que cela n’engage la responsabilité des structures religieuses des minarets et églises. Avec le recul dans le temps, il y’a des citoyens qui affirment avoir participé aux marches et meetings de l’opposition en Juin et juillet 2013, non pas parce qu’ils sont militants de l’opposition, mais plutôt pour tirer la sonnette d’alarme contre la vie chère. Des artisans reprochent au gouvernement de ne pas mener une politique de promotion de l’artisanat national car, la plupart des marchés publics sont orientés pour des commandes de meubles à l’étranger dont la qualité est parfois inférieure à ce que des ateliers qualifiés de menuiserie nationale produisent. Ainsi, on importe parfois des meubles défectueux que l’on ramène à des artisans nationaux pour des réparations. Quel paradoxe ! Donc, les populations ont des préoccupations légitimes liées à leurs conditions de vie et de travail et profitent de toute tribune pour se faire entendre sans cautionner les mesquineries politiciennes de tout acabit. Il ne faudrait donc pas faire d’amalgame. Il existe beaucoup de partis au Burkina qui ne peuvent pas individuellement mobiliser mille personnes pour une marche ou un meeting. Ils n’ont même pas un fichier fiable de militants engagés et utilisent élèves et étudiants manipulables pour des grèves et actes de vandalisme afin de servir leurs sales besognes politiques.
Le grand problème au Burkina Faso, c’est l’absence d’une opinion publique crédible. Les gens ne prennent pas le temps d’analyser le bien- fondé des choses et réagissent promptement de façon négative par des débats empreints de peu de lucidité dans des bars, cabarets et autres lieux de causerie. L’histoire est en train de prouver que quasiment, tous les grands projets de développement au Burkina ont fait à priori l’objet de critiques et de réactions hostiles pour aboutir plus tard ,à l’évidence de leur pertinence. Par exemple, la construction de la salle internationale de conférence de Ouaga 2000, des échangeurs de Ouagadougou a été fustigée et la pertinence de ces infrastructures a été reconnue de nos jours au plan national et international.
N.B : Dans l’histoire des royaumes à travers le monde, il y’ a toujours eu celui qu’on appelait le fou du roi, qui prenait plaisir à se donner en spectacle par des déclarations et propos empreints d’humour. Dans l’entourage du roi, il était le seul à dire haut ce que les autres pensent bas. C’était pourtant un personnage très écouté du roi, car il ne faisait pas de l’hypocrisie et permettait de découvrir des réalités cachées. Aussi, à travers la chronique du Fou du roi, nous vous relaterons des faits invraisemblables, des indiscrétions, du coq à l’âne, toujours dans le respect des normes de la déontologie journalistique. Toujours est-il que le fou, philosophiquement parlant, est celui qui a tout perdu sauf la raison.