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Sidwaya N° 7278 du 18/10/2012

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La Francophonie à l’épreuve du temps
Publié le jeudi 18 octobre 2012   |  Sidwaya




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Le sommet de la Francophonie s’est tenu les 13 et 14 octobre 2012 à Kinshasa en République démocratique du Congo. Il a réuni une quinzaine de chefs d’Etat. Parmi eux, le président français, François Hollande. Le premier responsable de l’ancienne puissance coloniale a prononcé le 13 octobre 2012, comme la veille à Dakar, la capitale sénégalaise, un discours de vérité. François Hollande a rappelé les liens séculaires entre la France et l’Afrique en soulignant que le français était une langue africaine.
Le terme « Francophonie » est apparu en 1880. Le mot, a en effet, été inventé par le géographe français, Onesim Reclus (1837-1916), qui l’a employé pour la première fois pour évoquer à la fois les populations et les pays qui, à divers titres, utilisent la langue française. Mais avec le temps, la Francophonie est devenue plus politique que géographique. Que pouvons-nous retenir des réalisations de cette organisation ?
Depuis sa création en 1986, la Francophonie, dans le but d’atteindre ses objectifs de départ, peut se targuer d’avoir posé un certain nombre d’actes concrets dont nous ne citerons que quelques uns : les Jeux de la francophonie. La décision de sa création a été prise pendant le deuxième sommet de la Francophonie en 1987. Se tenant tous les quatre ans, ces jeux offrent l’opportunité aux athlètes des pays membres, de participer à des compétitions de haut niveau. La dernière édition a eu lieu en 2009 au Liban.
L’art, les sports et la langue française sont trois éléments qui constituent l’essentiel du programme des Jeux de la Francophonie. Sous la bannière de l’amitié, les jeux de la Francophonie invitent, la jeunesse de l’espace francophone à se rencontrer à travers des épreuves sportives et des concours culturels. Toutes choses qui favorisent le rapprochement des pays de la Francophonie et permettent aux pays membres d’affûter leurs armes pour d’autres compétitions sportives comme les Jeux Olympiques.
Une autre réalisation majeure est la promotion de la culture et de la langue française. Aux fins de promouvoir la culture française et celle des pays membres de la Francophonie, des centres culturels français ont été créés dans les pays membres qui ont pour langue officielle le français. Aussi, des Alliances françaises ont été tissées avec des pays lusophones et anglophones afin de promouvoir la langue française dans le monde.
L’autre acquis incontestable est l’annulation des dettes. Les dettes contractées par certains pays membres ont été purement et simplement annulées. Le cas remarquable est celui de la Côte d’Ivoire. Selon le journal Afrique Expansion (mars-avril 2010), la France a annulé 205 milliards de francs CFA de la dette ivoirienne.
On peut citer par ailleurs au titre des réalisations, le renforcement de la défense. A travers des signatures de partenariats de défense entre certains pays membres de la Francophonie, la France apporte à bon nombre de pays son appui en matière de formation, de logistique, etc. Le 19 janvier 2010, par exemple, la France et Djibouti, ont renforcé le partenariat de défense entre les deux pays notamment pour garantir l’intégrité territoriale djiboutienne face aux agressions érythréennes. La France dispose même à Djibouti de sa plus importante base militaire à l’étranger avec près de 3000 hommes.
La Francophonie dispose en outre de plusieurs organisations de coopération dont l’Union internationale de la presse francophone (UPF).

La Conférence des ministres de l’Education nationale (CONFEMEN) des pays ayant en commun la langue française, la Conférence des ministres de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (CONFEMER) sont également des structures mises en place grâce à la Francophonie.

Certes, des réalisations sont visibles mais les objectifs énumérés dans la charte de la Francophonie ne sont pas atteints. L’instauration et le développement de la démocratie restent encore une chimère dans certains pays francophones. La prévention, la gestion et le règlement des conflits, le soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’homme restent un idéal à atteindre dans beaucoup de contrées francophones. Le Mali, la RDC, le Togo, la Mauritanie ont du mal à instaurer un climat de paix durable, propice au développement.
Le rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle apparaît comme un rêve au regard des conditions drastiques d’obtention d’un visa dans les ambassades françaises implantées dans les pays francophones. Tout se passe comme si dans les faits, la France, patrie des Droits de l’homme, rechigne à ouvrir ses frontières à des peuples qui « ne sont pas rentrés dans l’histoire ! » Tant que nos ancêtres gaulois vont continuer à suspecter tout demandeur de visa de vouloir faire un aller simple pour la France, le rapprochement des peuples ne sera qu’un leurre, une simple vue de l’esprit, un mirage. Ces derniers jours, la presse française a relayé l’histoire rocambolesque mais surtout pathétique d’une famille camerounaise menacée d’expulsion. Depuis plusieurs années, cette famille vivait dans l’angoisse permanente d’un retour forcé au pays de Paul Biya. C’est finalement le succès au Baccalauréat à 14 ans d’un enfant surdoué de la famille qui a permis de sauver les siens ! Les rapatriements des sans papiers africains dans des conditions inhumaines sont légions en France.
Il est aussi reproché à la France d’être derrière certaines déstabilisations en Afrique parce que voyant ses intérêts menacés.
Le pillage systématique des ressources des anciennes colonies, les ingérences politiques pas toujours au profit des populations sont autant de reproches faits à la France.
La France qui était un pays de premier choix pour les étudiants issus des pays francophones est de plus en plus délaissée au profit d’autres destinations dont les Etats-Unis et le Canada. Les générations issues de ces écoles-là sont plus portées vers la culture shakespearienne que celle de Molière. A la différence de leurs aînés formatés en France, ayant une bonne connaissance de la culture et des traditions françaises, parlant avec beaucoup d’émotion des vins, des fromages, de la cuisine et des civilités français, les plus jeunes, eux, n’en ont cure. Ils ont plutôt développé des reflexes et des comportements étasuniens. Ils ne connaissent de la France que l’aéroport Charles-De- Gaule quand ils sont en transit vers d’autres destinations.

Pour changer la donne, la France devra peser de tout son poids pour accompagner ses partenaires francophones dans leur quête de démocratie, de savoir et de bien-être. Presque tous les pays francophones rêvent de connaître les avancées des pays membres du Commonwealth, la communauté des Etats ayant l’anglais en partage. Dans cette autre communauté, on privilégie le développement économique au-delà de la promotion culturelle. Tant que les pays francophones vivront dans la pauvreté, le sous-développement et sans espoir de lendemains meilleurs, la Francophonie se portera de plus en plus mal. Les populations francophones ont besoin d’actes concrets.
« Le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité », a fait savoir François Hollande, tout comme son prédécesseur, Nicolas Sarkozy qui avait annoncé le changement qui se fait toujours attendre. François Hollande a prôné « la sincérité » dans les relations avec les Africains, avec lesquels on peut tout se dire. « Je ne suis pas venu en Afrique pour imposer un exemple, ni pour livrer des leçons de morale. Je considère les Africains comme des partenaires et des amis. L’amitié crée des devoirs, le premier d’entre eux est la sincérité. Nous devons tout nous dire, sans ingérence mais avec exigence », a affirmé M. Hollande. Voilà qui est bien dit et les Africains suivront de très près les actes que posera le président de la République française. Etant donné qu’il se dit convaincu que « Si l’Afrique arrive à appliquer la vraie démocratie, si l’Afrique arrive à taire ses divergences, elle sera le continent où se jouera l’avenir du monde ».Même s’il est en perte de vitesse à travers le monde, le français semble avoir trouvé un refuge de choix en terre africaine. En effet, selon une étude, à l’horizon 2025, environ 85% des Francophones seront en Afrique. L’avenir de la langue française en théorie, se joue donc en Afrique. Nous disons bien en théorie car dans un contexte où des pays francophones d’Afrique comptent plus d’étudiants ou d’immigrés dans des espaces anglophones qu’en France c’est autant de terrains perdus par la France et la Francophonie. Ce ne sont pas ces jeunes Burkinabè partis étudier en Chine/Taïwan et qui pendant leurs temps libres, dispensent des cours d’anglais à domicile à des Taïwanais qui penseront le contraire.

Autrefois le Rwanda était un pays francophone ! Dans quelques années, cette même considération pourrait valoir pour d’autres pays. « Que serait la Francophonie si personne ne parlait français ? » s’est interrogé François Mitterrand, ancien président français. Il est également l’auteur de la citation selon laquelle « Il y a toujours un avenir pour ceux qui pensent à l’avenir ».
God save the Francophonie !


Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhi@yahoo.fr

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