Le Centre national des archives a organisé le jeudi 11octobre 2012 à Ouagadougou, une conférence publique sous le thème : « L’éducation en Haute Volta coloniale ».
« L’éducation en Haute Volta coloniale », c’est sous ce thème que s’est tenu le jeudi 11 octobre 2012 à Ouagadougou, la conférence publique organisée par le Centre national des archives. Selon le conférencier, Dr Maxime Compaoré, les écoles coloniales avaient un objectif purement politique et stratégique. De ce fait, il a déclaré que l’école était une des manifestations concrètes de l’impérialisme français, soucieux uniquement de l’expansion de sa culture et de sa domination. Dans cette logique, elle visait à assurer sur place la formation d’un certain nombre d’auxiliaires destinés à atténuer la pénurie du personnel européen. Il a aussi précisé que ce système d’enseignement sélectif, avait un caractère élitiste et les quelques privilégiés qui y accédaient étaient formés dans un esprit de soumission et de servilité vis-à-vis des représentants de l’autorité coloniale. Aux dires du conférencier, l’organisation de l’enseignement en Afrique occidentale française (AOF) débute en 1903. Avant cette date, il a révélé que les initiatives scolaires étaient laissées à l’appréciation des autorités coloniales locales. « La réglementation scolaire de novembre 1903, consignée à travers trois arrêtés du Gouverneur Général Roume, devait poser les bases d’une organisation uniforme de l’enseignement pour toutes les colonies de l’AOF. Ces textes constituaient la première charte de l’enseignement en AOF », a-t-il expliqué. Il a en outre signifié que le texte organique proposait l’organisation d’un enseignement primaire et élémentaire et était donné dans trois types d’écoles. Il a cité les écoles de village, les écoles régionales et les écoles urbaines. Avec l’occupation française, les premières écoles, a rappelé le Dr Compaoré, ont vu le jour en 1898 à Bobo-Dioulasso et à Boromo. « Dès leur installation, les troupes coloniales françaises ouvrirent une école dite indigène à Bobo-Dioulasso. La même année, une école du même type fut établie à Boromo qui abritait un détachement militaire. En avril 1899, Ouagadougou accueillait à son tour une école dite école de cercle », a-t-il soutenu. Ensuite suivirent les écoles de Léo et de Koury en 1900, Dori en mai 1901, Gaoua au début de l’année 1902 et Tenkodogo en 1903. Selon lui, l’implantation de tous ces « embryons d’écoles » était essentiellement le fait des militaires qui en assuraient la direction avec l’aide de quelques interprètes. L’arrivée d’un personnel enseignant qualifié fit progressivement disparaître les « écoles de poste » au profit des écoles de village et des écoles régionales. Ce qui a permis, selon le chercheur, aux écoles de Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Ouahigouya, Boromo et de Banfora de recevoir leurs premiers instituteurs européens respectivement en 1904, 1907, 1911, 1913. Pour lui, les missionnaires (catholiques), installés sur le territoire de la Haute-Volta depuis le début du XXe siècle se sont intéressés à l’école comme moyen d’éducation et d’évangélisation. « A Koupéla, les Pères Blancs organisèrent une école dès leur installation en 1900. Cette collaboration entre l’administration et la mission catholique allait être de courte durée, puisque les grands débats menés en métropole autour de la laïcité aboutissent en 1904 à l’adoption, par la Chambre des députés, de lois consacrant la séparation de l’Eglise et de l’Etat », a-t-il souligné. Le conférencier a aussi expliqué qu’à l’instar de la création de la colonie qui eut lieu le 1er mars 1919, l’organisation d’un service de l’enseignement en Haute-Volta se fit tardivement et jusqu’à la création du service de l’enseignement en 1920, les écoles étaient contrôlées par le service de l’enseignement du Soudan français (actuel Mali). A cette époque, il a souligné que la répartition des écoles en Haute-Volta était la suivante : 4 écoles régionales à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Dédougou, Dori, deux écoles de village à deux classes (à Koudougou, Ouahigouya), 11 écoles de village à 1 classe (à Tenkodogo, Fada N’Gourma, Diapaga, Say, Kaya, Téra, Léo, Diébougou, Gaoua, Boromo, Banfora). M. Maxime Compaoré a aussi fait savoir que ces écoles régionales permirent un recrutement régulier à l’école primaire supérieure de Ouagadougou qui fut créée par les arrêtés du 12 juillet et 23 août 1920). Dès la création de la colonie de Haute-Volta en 1919, il a clamé que les secteurs scolaires s’organisèrent autour des écoles régionales existantes. Malheureusement, a-t-il dit, la suppression de la colonie de Haute Volta en 1932 et la répartition du territoire qui s’en est suivie contribuèrent à retarder considérablement l’expansion de l’œuvre scolaire. Malgré les résultats prometteurs, Maxime Compaoré a confié que l’école primaire supérieure de Ouagadougou fut fermée à la suite de la dislocation de la colonie de Haute-Volta. A la faveur de la réorganisation de l’enseignement au lendemain de la Conférence de Brazzaville, l’école, a indiqué le conférencier, s’oriente vers des objectifs plus nobles visant à instruire les jeunes gens et à leur procurer les bagages nécessaires pour participer au développement de leurs territoires. D’où sa réorganisation en 1945. Désormais, la distinction entre les écoles préparatoires, élémentaires et régionales disparaissait et celles-ci prenaient toutes, l’appellation d’écoles primaires et conduisaient au certificat d’études primaires élémentaires (CEPE). M. compaoré a fait savoir : « A sa reconstitution en 1947, le territoire de Haute-Volta héritait des établissements scolaires que la Côte-d’Ivoire, le Soudan français et le Niger lui restituaient, soit : 79 écoles primaires mixtes dont 20 privées, 10 écoles de filles dont 7 privées, 3 collèges modernes et 2 cours normaux, dont un privé. Tous ces établissements réunissaient un total de 8.355 élèves représentant un taux de scolarisation de 2% et étaient organisées autour des circonscriptions de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso ». En sus, il a expliqué qu’en Haute Volta, le développement de l’enseignement secondaire normal était lié au développement de l’enseignement primaire. De ce fait, on notait dès 1945, la création des cours normaux publics à Koudougou, à Ouahigouya (1948), à Ouagadougou (1952) et du cours normal privé catholique de Toussiana (1944) qui permit de former sur place des maîtres, réduisant ainsi la pénurie de personnel, a précisé le conférencier. Ainsi, en 1948, la Haute Volta, comptait 63 écoles publiques et 22 écoles privées et en 1960 le territoire possédait 224 écoles publiques et 130 écoles privées.