Le président burkinabé Blaise Compaoré est un homme qui pense qu’il n’a pas changé. Pourtant le discours qu’il avait tenu à Paris à propos des Maliens ne ressemble pas à celui qu’il vient d’accorder à Jeune Afrique.
Qu’on lui accorde le crédit du changement dans la décision malienne de demander une aide à la Cedeao, ne lui donne toutefois pas tout le crédit d’un président qui n’a pas revu ses positions concernant notre pays. En effet, la Cedeao a mis du bémol dans ses directives concernant le retour à l’ordre constitutionnel et le retour des militaires dans les casernes. Même le Fdr s’est adapté au contexte de crise, en marchant, jeudi dernier, au milieu des banderoles où étaient inscrites : ‘’soutien à l’armée malienne. ‘’
C’est dire que, face au contexte malien, les considérations de la Cedeao et partant, du Fdr envers le capitaine Amadou Haya Sanogo ont beaucoup évolué, pour ne pas dire changé, puisqu’on ne brandit plus les menaces d’embargos et de sanctions si les militaires ne rentrent pas dans les casernes, mais qu’on parle plutôt, de manière tout à fait réaliste, de soutien à l’armée malienne.
Tout le monde a compris- peut-être à l’exception des Américains qui tiennent à leur démocratie libérale- que de toute façon, c’est l’armée qui doit faire la guerre, donc autant préserver le moral des troupes. C’est pourquoi, dans une récente interview accordée à Jeune Afrique, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, affirmait qu’il n’a aucune relation avec le capitaine Sanogo, malgré les visites à Kati de son ministre des affaires étrangères, Djibril Bassolé. A l’occasion, il répondait ainsi aux questions de Jeune Afrique :
Dans une interview accordée à une chaîne d’information française, vous vous êtes montré pour le moins critique envers les autorités de Bamako, pointant du doigt le « manque de leaders ». Pensez-vous que Dioncounda Traoré ou Cheick Modibo Diarra sont des erreurs de casting ? ‘’
Cette interview date. À l’époque, compte tenu de la gravité de la crise, nous ne parvenions pas à obtenir de Bamako une position claire. Nous nagions dans l’ambiguïté la plus totale. Cela appartient désormais au passé.
Il semble que le vrai patron dans le Sud soit le chef de la junte, le capitaine Sanogo. Quelles relations entretenez-vous avec lui ?
Je n’ai aucune relation avec lui. Si le président par intérim ou le Premier ministre maliens pensent qu’il a un rôle à jouer, c’est à eux de le gérer, pas à la Cedeao.
Il ne représente pas un frein à votre action ?
Non!
A la question posée par RFI, le journal Le Monde et Tv5, lors du sommet de la francophonie en République démocratique du Congo, à savoir si les troupes burkinabé seraient présentes dans le territoire malien, il a répondu qu’ils attendent le mandat de la Cedeao et qu’ils sont déjà présents au Darfour. Les journalistes ont répliqué pour lui dire que la situation était différente, alors Blaise Compaoré a précisé : ‘’ Ce n’est pas pour faire la guerre au Mali, mais pour l’accompagner. ‘’