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Incident aérien, détente diplomatique : Abuja et Ouagadougou désamorcent une crise à haut risque

Publié le jeudi 18 decembre 2025  |  aOuaga.com
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© aOuaga.com par DR
ncident aérien, détente diplomatique : Abuja et Ouagadougou désamorcent une crise à haut risque
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Un atterrissage non autorisé, des mots de trop, puis le choix du dialogue. Entre le Nigeria et le Burkina Faso, la diplomatie a repris de l’altitude. L’avion militaire nigérian de type C-130 et ses onze occupants, retenus depuis le 8 décembre à Bobo-Dioulasso après un atterrissage d’urgence non autorisé, ont finalement été libérés. L’issue est intervenue à la faveur d’excuses officielles d’Abuja et d’une mission diplomatique d’apaisement conduite par le ministre nigérian des Affaires étrangères, mettant un terme à un incident qui menaçait de raviver les tensions régionales, apprend-t-on ce jeudi 18 décembre 2025.

Cette résolution intervient au lendemain d’une audience accordée le mercredi 17 décembre par le capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition burkinabè, à Yusuf Maitama Tuggar, envoyé spécial du président nigérian Bola Ahmed Tinubu. Le diplomate était porteur d’un message de « solidarité et de fraternité », selon un communiqué du ministère nigérian des Affaires étrangères.

Au cœur du différend figurait l’atterrissage d’urgence, jugé irrégulier par les autorités burkinabè. En mission de convoyage vers le Portugal, l’appareil avait pénétré l’espace aérien du Burkina Faso sans autorisation préalable, avant de se poser à Bobo-Dioulasso en raison d’un problème technique.

À bord se trouvaient deux membres d’équipage et neuf militaires. Abuja a reconnu des « irrégularités » dans la procédure de survol, tout en insistant sur le caractère strictement sécuritaire de la décision de se poser. « Nous présentons nos excuses pour cet incident malheureux », a déclaré Yusuf Maitama Tuggar à l’issue de son entretien avec les autorités burkinabè, saluant au passage le traitement « courtois et fraternel » réservé aux militaires nigérians.

Dans un communiqué antérieur, l’Armée de l’air nigériane avait souligné que l’atterrissage avait été effectué « conformément aux protocoles de sécurité de l’aviation internationale », après la détection d’un incident en vol.

Soucieuse d’éteindre toute polémique, la diplomatie nigériane a également pris ses distances avec certaines déclarations internes. Le ministre Tuggar a fermement condamné les propos d’un responsable politique nigérian affirmant que les militaires retenus avaient été « maltraités » au Burkina Faso.

Qualifiés « d’insalubres », ces propos ont été officiellement désavoués par Abuja, l’armée nigériane confirmant que ses personnels avaient été traités avec respect par les autorités locales. Un geste destiné à éviter l’escalade verbale dans un climat déjà chargé.

L’incident avait pourtant suscité une réaction ferme. La Confédération des États du Sahel (AES) avait dénoncé une violation de son espace aérien. Dans un communiqué lu par le ministre burkinabè de l’Administration territoriale, Émile Zerbo, au nom du président en exercice de l’AES, le général Assimi Goïta, l’acte avait été qualifié « d’inamical ».

Le bloc sahélien avait rappelé que, depuis décembre 2024, tout aéronef pénétrant sans autorisation dans son espace confédéral s’expose à une neutralisation. Les systèmes de défense avaient alors été placés en alerte maximale, faisant planer le spectre d’un incident militaire aux conséquences imprévisibles.

Au-delà du contentieux aérien, la rencontre a permis d’aborder un sujet autrement plus structurant : la lutte contre le terrorisme. Le ministre nigérian a salué les « succès significatifs » engrangés par le Burkina Faso sur le front sécuritaire, tandis que les deux parties ont réaffirmé leur volonté de renforcer la coopération bilatérale et régionale.

Un signal important dans une région confrontée à une insécurité persistante et à une recomposition accélérée des alliances.

L’incident de Bobo-Dioulasso s’inscrit dans un contexte sous-régional extrêmement tendu. En janvier 2025, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont acté leur retrait de la Cédéao, bouleversant l’architecture politique et sécuritaire ouest-africaine.

Il est survenu au lendemain du déploiement d’avions militaires nigérians au Bénin, à la demande de Cotonou et dans le cadre des mécanismes de la Cédéao, après une tentative de putsch le 7 décembre. Une opération qui avait ravivé les crispations entre Abuja et les pays de l’AES.

Dans ce contexte, la résolution rapide de l’incident par la voie diplomatique apparaît comme un choix de responsabilité. Elle rappelle que, malgré les fractures politiques et institutionnelles, le dialogue demeure possible , et nécessaire pour éviter que des incidents techniques ne dégénèrent en crises régionales.


KM

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