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Général Tchoutchoubatchou : "La créativité peut venir de partout, mais le succès, lui, vient de la constance"

Publié le jeudi 20 novembre 2025  |  Autre presse
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© aOuaga.com par DR
Général Tchoutchoubatchou : "La créativité peut venir de partout, mais le succès, lui, vient de la constance"
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Lorsqu’il lançait sa première vidéo sur Facebook en 2017, Abdou Kéré était loin de s’imaginer qu’il venait d’ouvrir la porte d’une carrière professionnelle. Huit ans plus tard, celui qui est désormais connu sous le pseudonyme de Général Tchoutchoubatchou définit la web-comédie comme sa "vie".

"C’est ma vie, parce que c’est ce qui me nourrit", confie-t-il.

Aujourd’hui, le jeune humoriste publie au moins une création par jour sur ses différentes plateformes digitales. "Il faut travailler, être régulier, ne pas copier les autres, et avoir ses propres limites", conseille-t-il.

"La créativité peut venir de partout, mais le succès, lui, vient de la constance", ajoute le Général.

Un rythme qui impressionne autant qu’il fascine. "Je dois tourner, je dois poster, je dois publier. C’est mon travail, c’est comme un professeur qui se lève pour aller donner cours, ou un magistrat qui va au tribunal", argumente-t-il.
Le Général Tchoutchoubatchou a reçu des dizaines prix en Afrique, y compris le Prix de l’humoriste le plus influent du Burkina Faso, le Prix du meilleur influenceur africain au Togo ou encore le Prix du meilleur web-comédien africain aux African talent Awards en Côte d’Ivoire.
L’émergence d’une carrière portée par le digital
Né et grandi à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, où il obtient son Baccalauréat, Abdou Kéré débarque à Ouagadougou en fin 2015 pour poursuivre des études en Géographie à l’Université Joseph Ki-Zerbo. Mais il vient surtout poursuivre un rêve : percer dans le cinéma, au cœur de la capitale du septième art africain, le Fespaco. Fan de séries et d’acteurs burkinabè comme Les Bobodiouf, L’As du lycée ou encore Trois hommes-un village, il s’imagine déjà acteur. Mais la réalité le rattrape rapidement : peu de castings, peu de cachets, et des opportunités rares.

"Pour vraiment vivre du cinéma, il faut tourner tout le temps, être sélectionné régulièrement. Ce n’était pas mon cas. Alors je me suis dit pourquoi ne pas transformer mes blagues que j’écrivais en vidéos."
Celui qui était encore connu sur les réseaux sociaux comme Abdou Kéré publie, en 2017, sa première vidéo qui devient virale sur Facebook. "Les gens ont beaucoup apprécié. Je dis tiens, tiens ! Si c’est comme ça, pourquoi ne pas continuer", se rappelle-t-il.

Kéré y voit un tremplein pour réaliser son rêve d’acteur. Mais il manque de moyens suffisants pour ses tournages et montages.

"Je le faisais par passion, car c’est moi qui dépensais : à l’époque, il fallait contacter quelqu’un pour filmer, quelqu’un pour monter la vidéo. Et ces personnes ne pouvaient pas le faire gratuitement, puisqu’elles vivaient aussi de ce travail.".

Ses économies d’employé de commerce, qu’il exerçait à ses temps libres, ne suffisaient pas pour être régulier. Mais à force de persévérance, il arrive, à partir de 2018, à lier des partenariats qui vont booster sa productivité.

Et le web prend la place que le cinéma n’a pas pu offrir à ce jeune passionné du septième art, qui multipliait les formations pour se donner plus de chance.

Il décide d’exprimer ses talents d’humoriste et comédien, uniquement sur les réseau sociaux. "Et vu qu’en ce moment il n’y avait aucun humoriste burkinabè ou comédien burkinabè qui faisait ça sur les réseaux sociaux, je me suis lancé. Et ça a commencé à prendre".

Cherchant un nom d’artiste qui marque, Abdou Kéré opte pour une formule atypique. "Je voulais quelque chose de drôle, de bizarre, que personne d’autre ne pourrait prendre. C’est comme ça que Tchoutchoubatchou est venu. Après, j’ai ajouté "Général". Ça ne veut rien dire, mais ça marche", dit-il en plaisantant.
Un créateur africain aux 19 millions d’abonnés
Aujourd’hui, ses différentes plateformes digitales cumulent plus de 19 millions d’abonnés et des centaines de millions de vues. Le créateur est suivi au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Guinée, au Mali, au Cameroun, en République Démocratique du Congo et dans bien d’autres pays.

Contrairement à de nombreux créateurs qui évoluent dans un concept unique, le Général refuse d’être limité. "Je suis universel", affirme-t-il. "Je fais tout. Je n’ai pas de concept précis. Je peux faire de l’humour, de la sensibilisation, travailler avec des ONG… L’inspiration vient de la société. On observe, on exagère un peu, on met notre touche d’humour."

Mais dans un pays conservateur comme le Burkina Faso, la liberté créative doit obéir à certaines règles tacites. Et Général Tchoutchoubatou sait qu’il ne faut pas franchir le rubicon. "On sait ce qu’il ne faut pas faire. Je ne franchis jamais la ligne rouge. Même dans les scènes sensibles, on ne se touche pas, on ne se colle pas. Je respecte mes valeurs religieuses et les sensibilités de la société."

En près de neuf ans, l’humoriste dit n’avoir jamais eu d’ennuis liés à ses contenus. Une seule fois, cependant, son équipe et lui ont été interpellés pour une publicité de médicament publiée sans autorisation officielle.

"On ne savait pas que c’était interdit. Ils (ndlr : les régulateurs du Conseil supérieur de la communication) nous ont expliqué. On nous a donné un avertissement. J’ai compris que ça peut être dangereux, que ça peut nuire à la société. On ne l’a plus jamais fait." Depuis, le général s’est formé à la communication et la publicité offrant ainsi des prestations publicitaire dans le respects des règles nationales.
Une équipe de confiance mais une créativité très personnelle
Derrière ses vidéos, on retrouve "une petite équipe de confiance", construite dit-il depuis des années. "J’ai quatre acteurs principaux : deux filles, deux garçons. Les nouvelles personnes, c’est rare. Il faut une formation spécifique, parce que le web-humour, c’est différent du cinéma", explique-t-il.

Même si le "Général" s’est entouré d’une équipe professionnelle et permanente, la réflexion et l’écriture restent entre ses mains. "De l’idée au scénario final, c’est moi seul. Eux, ils apportent le jeu d’acteur. Je sais ce que ma communauté aime. Je sais ce qui marche", dit-il.

Un choix et une carrière qui marche très bien pour le web-humoriste pour qui, sortir dans les rues de Ouagadougou relève parfois du défi.

"Les gens me suivent en moto jusqu’à ma destination juste pour faire une photo", raconte-t-il, amusé. "Parfois je suis obligé de sortir camouflé avec lunettes, cache-nez, chapeau… Mais ça me rend fier. Si les gens n’aimaient pas ce que je fais, j’allais arrêter."

Pour lui, la web-comédie n’est pas une parenthèse. C’est l’avenir car explique-t-il, ... suite de l'article sur Autre presse

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