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Burkina Faso : reprendre la maîtrise de notre monnaie pour libérer notre avenir

Publié le mercredi 18 juin 2025  |  Autre presse
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© Autre presse par DR (Photo d`archive utilisée juste a titre d`illustration et ne correspond pas forcément avec le contenu de l`article)
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Pendant des décennies, le Burkina Faso a vu sa politique monétaire dictée par l’occident. Arrimée au franc CFA, son économie s’est développée sous contrainte, privée des leviers essentiels pour décider de son propre destin. Aujourd’hui, alors que le pays se réinvente et cherche des voies nouvelles vers la souveraineté, la question monétaire est plus que jamais cruciale.
Le franc CFA : une fausse sécurité, un vrai coût
Créé à l’époque coloniale et toujours garanti par le Trésor français, le franc CFA impose aux pays de la zone, dont le Burkina, de déposer 50 % de leurs réserves de change à Paris. En échange, une promesse : une convertibilité illimitée avec l’euro.
Mais derrière cette promesse, la réalité est bien plus douloureuse. D’après des estimations sérieuses, le Burkina Faso perd chaque année entre 380 et 550 milliards de francs CFA à cause de ce système. Ces pertes proviennent :
• des intérêts non perçus sur les réserves immobilisées à l’étranger,
• d’un cadre monétaire rigide incapable de soutenir le développement,
• d’un modèle commercial tourné vers l’Europe, au détriment de nos voisins africains,
• et d’un manque chronique de financements publics.
En bref, une économie qui tourne avec un moteur bridé.
Une croissance freinée, une transformation bloquée
Les chiffres sont sans appel : les pays africains hors zone CFA enregistrent en moyenne 1,5 à 2 % de croissance en plus chaque année. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent adapter leur monnaie à leurs réalités, stimuler leurs exportations, protéger leur marché intérieur, et mobiliser leur Banque centrale pour financer l’investissement.
Pendant ce temps, le Burkina Faso reste prisonnier d’un taux de change fixe et d’une économie figée, incapable de répondre efficacement aux besoins de sa population.
Une monnaie libre, pour un peuple libre
Il est temps de repenser notre avenir monétaire. Sortir du franc CFA, ce n’est pas céder à une émotion nationaliste, c’est reprendre un droit fondamental : celui de décider pour nous-mêmes. Une monnaie nationale ou sahélienne nous permettrait :
• de contrôler notre masse monétaire et nos taux d’intérêt,
• de financer les infrastructures, l’agriculture, la santé et l’éducation,
• de relancer le commerce intra-africain et de sortir de notre dépendance vis-à-vis des marchés européens.
Oui, le chemin sera semé d’embûches : il faudra gérer l’instabilité initiale, l’inflation, la transition technique. Mais les bénéfices à long terme — souveraineté, autonomie, croissance durable — en valent largement la peine.
Conclusion : une réforme pour l’histoire
Chaque année, jusqu’à 550 milliards de francs CFA quitte notre économie à cause du franc CFA et de 1 200 à 1 600 milliards de FCFA pour tout l’AES, soit le double sur une période de 20 à 30 ans. Combien de routes, d’hôpitaux, d’écoles, d’emplois cela représente-t-il ? Il est temps de poser les bonnes questions, et d’y répondre avec courage.
Le Burkina Faso a entamé un nouveau chapitre de son histoire. Il est maintenant temps d’y inscrire une nouvelle monnaie. Une monnaie pensée ici, gérée ici, et tournée vers l’intérêt de notre peuple.
Car sans souveraineté monétaire, il ne peut y avoir de souveraineté réelle.
SALIFOU IBRAHIM - Economiste
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