Journée mondiale du rein : « Le Burkina prévoit réaliser, en 2025, les premières transplantations rénales sur des couples de patients » (Dr Robert Lucien Kargougou, ministre de la Santé)
Le deuxième jeudi du mois de mars est retenu par le monde entier qui se mobilise pour célébrer la Journée mondiale du Rein. Cette année, le thème est : « 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐬 𝐫𝐞𝐢𝐧𝐬 ? 𝐔𝐧𝐞 𝐝é𝐭𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐫é𝐜𝐨𝐜𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐭è𝐠𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐚𝐧𝐭é 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐬 𝐫𝐞𝐢𝐧𝐬 ». Dans ce message, le ministre de la Santé, Dr Robert Lucien Kargougou, fait le point de la lutte contre la maladie rénale au Burkina et annonce des perspectives pour en venir à bout.
Chaque année, le deuxième jeudi du mois de mars, le monde entier se mobilise pour célébrer la Journée mondiale du Rein. Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde, prend part à cette importante commémoration qui constitue une occasion privilégiée de sensibiliser notre population sur l’importance de la santé rénale.
Cette journée vise à rappeler l’impact des maladies rénales chroniques sur la santé publique, à renforcer la connaissance sur leurs facteurs de risque, à promouvoir la prévention et à encourager l’adoption de modes de vie sains. C’est également une opportunité de dresser le bilan des actions menées par le Ministère de la Santé en matière de santé rénale et d’esquisser les perspectives pour faire face aux défis persistants.
Le thème retenu cette année est : « 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐧𝐭 𝐯𝐨𝐬 𝐫𝐞𝐢𝐧𝐬 ? 𝐔𝐧𝐞 𝐝é𝐭𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐫é𝐜𝐨𝐜𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐭è𝐠𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐚𝐧𝐭é 𝐝𝐞 𝐯𝐨𝐬 𝐫𝐞𝐢𝐧𝐬 ». Ce thème invite chacune et chacun à prendre conscience de l’importance du dépistage et de la prévention des maladies rénales, véritables menaces silencieuses pour la santé.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne adulte sur dix souffre d’une affection rénale, soit près de 𝟖𝟓𝟎 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞. Entre 1990 et 2019, les maladies rénales sont passées du 𝟏𝟕𝐞 𝐚𝐮 𝟏𝟎𝐞 rang des causes de décès dans le monde, et sans action efficace, elles pourraient devenir la 𝟓𝐞 𝐜𝐚𝐮𝐬𝐞 𝐝𝐞 𝐝é𝐜è𝐬 à l’horizon 2040.
En Afrique, faute de registres nationaux, l’ampleur réelle des maladies rénales est mal connue. Toutefois, les estimations indiquent une prévalence de 𝟏𝟏 à 𝟏𝟑% dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, touchant principalement des personnes jeunes, contrairement aux pays développés où la maladie affecte majoritairement les personnes âgées.
Au Burkina Faso, en 2023, on estimait à 𝟐,𝟓 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐨𝐧𝐬 le nombre de personnes souffrant d’une maladie rénale chronique, dont une grande majorité l’ignore. En milieu hospitalier, plus du tiers des patients sont diagnostiqués à un stade terminal, ne laissant comme seule option thérapeutique que l’hémodialyse. En 2023 toujours, le pays comptait plus d’𝐮𝐧 𝐦𝐢𝐥𝐥𝐢𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐭𝐢𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐝𝐢𝐚𝐥𝐲𝐬𝐞, alors que les besoins sont estimés à 𝐞𝐧𝐯𝐢𝐫𝐨𝐧 𝟐𝟎 𝟎𝟎𝟎 𝐩𝐚𝐭𝐢𝐞𝐧𝐭𝐬. Cette même année, 𝟕𝟐𝟕 𝐝é𝐜è𝐬 liés à l’insuffisance rénale chronique ont été enregistrés.
Les principales causes de l’insuffisance rénale chronique sont l’𝐡𝐲𝐩𝐞𝐫𝐭𝐞𝐧𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐫𝐭é𝐫𝐢𝐞𝐥𝐥𝐞 (𝐇𝐓𝐀) et le 𝐝𝐢𝐚𝐛è𝐭𝐞, responsables de près d'𝐮𝐧 𝐜𝐚𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐝𝐞𝐮𝐱. Selon les enquêtes nationales STEPS, la prévalence de l’HTA est passée de 𝟏𝟕,𝟔% à 𝟏𝟖,𝟐% et celle du diabète de 𝟒,𝟗% à 𝟕,𝟔% entre 2013 et 2021. Ces deux maladies provoquent des lésions des petits vaisseaux sanguins rénaux, altérant progressivement le fonctionnement des reins.
Ces tendances traduisent l’ampleur des défis à relever par notre système de santé et appellent à une action concertée et renforcée.
𝐋𝐞𝐬 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠é𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞 𝐠𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭
Face à cette situation, le Ministère de la Santé, avec l’appui de ses partenaires, a élaboré un 𝐏𝐥𝐚𝐧 𝐬𝐭𝐫𝐚𝐭é𝐠𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐢𝐧𝐭é𝐠𝐫é 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐥𝐮𝐭𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐥𝐚𝐝𝐢𝐞𝐬 𝐧𝐨𝐧 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟒-𝟐𝟎𝟐𝟖, axé sur la prévention, la sensibilisation, le dépistage précoce et la prise en charge adaptée.
Le pays dispose actuellement de 𝐬𝐢𝐱 𝐜𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐝’𝐡é𝐦𝐨𝐝𝐢𝐚𝐥𝐲𝐬𝐞 fonctionnels implantés au Centre hospitalier universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo, au CHU de Bogodogo, au CHU de Tengandogo, au CHU Sourou Sanou, au Centre hospitalier universitaire régional de Ouahigouya et au Centre hospitalier régional (CHR) de Tenkodogo.
Dans une dynamique d’amélioration de l’accès financier aux soins, le gouvernement a décidé, le 13 mars 2024, de réduire significativement le coût de plusieurs actes médicaux. Ainsi, dans les hôpitaux publics :
- Le scanner passe de 50 000 F CFA à 25 000 F CFA
- L’IRM passe de 100 000 F CFA à 40 000 F CFA
- La séance de dialyse passe de 15 000 F CFA à 2 500 F CFA
- La caution de 500 000 F CFA exigée pour la dialyse a été purement et simplement supprimée.
𝐕𝐞𝐫𝐬 𝐥𝐚 𝐠𝐫𝐞𝐟𝐟𝐞 𝐫é𝐧𝐚𝐥𝐞
Le Burkina Faso franchit également des étapes décisives pour rendre la transplantation rénale une réalité. Après le vote de la 𝐥𝐨𝐢 𝐧°𝟎𝟑𝟖-𝟐𝟎𝟐𝟎 relative au don, au prélèvement, à la transplantation et aux greffes d’organes, de tissus et de cellules humains en décembre 2020, l’adoption 𝐝𝐞𝐬 𝐝é𝐜𝐫𝐞𝐭𝐬 𝐝’𝐚𝐩𝐩𝐥𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 en août 2023, et la mise en place du 𝐂𝐨𝐦𝐢𝐭é 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫ô𝐥𝐞 𝐞𝐭 𝐝’é𝐭𝐡𝐢𝐪𝐮𝐞 en juillet 2024, le pays prévoit réaliser, en 2025, les premières transplantations rénales sur des couples de patients. Ces avancées marquent un tournant dans la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique et nourrissent un espoir légitime pour de nombreux malades.
𝐋𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐢𝐯𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐝é𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭
Parmi les priorités du Ministère de la Santé figurent :
- L’ouverture prochaine de nouveaux centres d’hémodialyse dans les CHR de Gaoua, Fada N’Gourma, Banfora, Dédougou et Dori
- Le développement de la transplantation rénale comme alternative durable à la dialyse.
Cependant, au regard de l’ampleur de la maladie rénale et des conséquences sociodémographiques dans notre pays, j’en appelle à la prévention, qui reste la meilleure arme contre la maladie rénale chronique et l’insuffisance rénale. J’invite donc l’ensemble de la population, en particulier les adultes, à 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫ô𝐥𝐞𝐫 𝐫é𝐠𝐮𝐥𝐢è𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐭𝐞𝐧𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐫𝐭é𝐫𝐢𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐠𝐥𝐲𝐜é𝐦𝐢𝐞, au moins une fois par an. La prévention de la maladie rénale chronique et de l’insuffisance rénale passe aussi par :
- La 𝐥𝐮𝐭𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥’𝐚𝐮𝐭𝐨𝐦é𝐝𝐢𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 et 𝐥𝐞𝐬 𝐦é𝐝𝐢𝐜𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐫𝐮𝐞
- L’adoption d’un 𝐦𝐨𝐝𝐞 𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐞 𝐬𝐚𝐢𝐧 : pratique régulière d’une activité physique, alimentation équilibrée, modération de la consommation de sel, de sucre, de graisses et d’alcool, arrêt du tabac.
𝐄𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐥𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧
Chers compatriotes, en cette Journée mondiale du rein, j’en appelle à 𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭é 𝐢𝐧𝐝𝐢𝐯𝐢𝐝𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐞𝐭 𝐜𝐨𝐥𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐯𝐞. Protégeons nos reins en adoptant des comportements de prévention. Ensemble, mobilisons-nous pour freiner la progression des maladies rénales dans notre pays.