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Lutte contre le Sida au Burkina : « La disponibilité des ARV est une avancée majeure », Dr Célestine Ki du SP/CNLS-IST

Publié le vendredi 6 decembre 2024  |  Sidwaya
L`ONUSIDA
© Autre presse par DR
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Le Burkina a commémoré, la journée mondiale de la lutte contre le Sida, le jeudi 5 octobre 2024, sur le thème : « Suivre le chemin des droits -Ensemble pour des services VIH inclusifs ». A cette occasion, Dr Célestine Ki du Secrétariat permanent/Conseil national de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles (SP/CNLS-IST), nous parle des progrès et des défis dans la riposte au VIH au Burkina.

S: Quels sont les principaux messages que vous souhaitez transmettre à l’occasion de cette journée, en lien avec le thème : « Suivre le chemin des droits-Ensemble pour des services VIH inclusifs » ?

Célestine Ki (C.K.) : La journée mondiale contre le Sida est organisée chaque 1er décembre dans le monde entier. Elle est le cadre de manifestations de soutien aux personnes vivant avec le VIH et elle commémore les victimes de maladies liées au Sida.
Le thème international de cette année 2024 qui est « Suivons le chemin des droits » met en exergue le fait que le monde peut mettre fin au Sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030, si nous mettons les droits de l’Homme au centre et avec les communautés en tête, au-devant.

Pour le Burkina, nous avons opté pour le thème suivant : « Ensemble pour des services VIH inclusifs », c’est-à-dire que personne ne soit laissée de côté dans la riposte au VIH. Certes, le pays a réalisé des avancées perceptibles dans la lutte contre le VIH/Sida, mais cette pandémie y sévit toujours. Il ne faut surtout pas baisser la garde mais au contraire investir davantage dans cette lutte si nous voulons atteindre notre objectif de l’éliminer en tant que problème de santé public à l’horizon 2030. L’une des meilleures stratégies pour y parvenir est d’associer tout le monde, les décideurs politiques, les différentes communautés, les couches vulnérables, les prestaires de services de tous les secteurs… Tout le monde et dans le respect des droits de tous.

S. : Comment évolue la situation du VIH ces dernières années ?

C.K. : Ces dernières années, la situation de l’infection à VIH se stabilise avec une prévalence en population générale de moins de 1% depuis 10 ans pour être à 0,6% en 2023 selon les estimations de l’ONUSIDA. Cependant, certains groupes plus vulnérables à l’infection à VIH comme les travailleurs de sexe et autres populations à haut risque ont des taux de prévalence de 10 à 30 fois le taux de prévalence nationale.

Les interventions de lutte contre le VIH devront être très vigoureuses et appropriées au profit de ces populations à très haut risque pour ne pas assister à un rebond de l’épidémie en population générale puisqu’il y a une forte interaction entre la population générale et ces populations à haut risque d’infection, par exemple, les clients des travailleurs de sexe sont issus de la population générale.

S. : Quels sont les modes de transmission du VIH ?

C.K. : Le VIH se transmet principalement par trois modes. Le plus courant est par des rapports sexuels non protégés. Il peut également être transmis par voie sanguine, notamment à travers des blessures causées par des objets tranchants contaminés tels que des lames, des rasoirs ou des aiguilles, et, bien que très rare, par une transfusion de sang non sécurisé (ce qui est interdit au Burkina Faso).

Enfin, la transmission peut se faire de manière verticale, de la mère à l’enfant, pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement. Il est important de préciser que le VIH ne se transmet pas par des piqûres de moustiques, par la salive, en partageant un repas avec une personne infectée ou en utilisant les mêmes toilettes.

S. : Quels sont aujourd’hui les populations les plus exposés au VIH au Burkina ?

C.K. : Les personnes les plus exposées au VIH sont les personnes qui ont des partenaires sexuels multiples, dans le travail du sexe et ceux qui négligent la protection par le préservatif lors des rapports sexuels occasionnels. Dans le contexte actuel de défi sécuritaire avec son corollaire de déplacement interne, du mouvement des troupes de défense et de sécurité, on assiste à une vulnérabilité accrue au VIH des personnes déplacés internes, des routiers qui attendent des jours et des jours pour suivre les convois sécurisés par l’armée ainsi que nos forces de défense et de sécurité et les VDP sans oublier les jeunes et adolescents.

S. : Que faire pour ne pas contracter le VIH ?

C.K. : Pour éviter de contracter le VIH, une personne ayant un statut sérologique négatif doit adopter des comportements préventifs pour limiter les risques. Cela inclut la pratique de l’abstinence, la fidélité mutuelle dans le couple, ou l’utilisation systématique du préservatif en cas de rapports sexuels hors de ces contextes. Il est également essentiel de ne pas utiliser d’objets piquants ou tranchants contaminés. Enfin, dans le cadre médical, le personnel de santé garantit l’utilisation de poches de sang sécurisées pour les transfusions.

S. : Quelles sont les stratégies clés de prévention mises en œuvre par le SP/ CNLS pour réduire les nouvelles infections au VIH ?

C.K. : Le SP/CNLS-IST, en collaboration avec ses partenaires, met en œuvre des stratégies clés pour réduire les nouvelles infections au VIH. L’une des priorités est la prévention de la transmission verticale du VIH, avec un dépistage systématique des femmes enceintes, la mise sous traitement antirétroviral (ARV) des femmes séropositives, et un suivi clinique et biologique rigoureux pour atteindre une suppression de leur charge virale. Cette approche inclut également une prophylaxie ARV pour le nourrisson, un dépistage précoce avant deux mois et un suivi prolongé jusqu’au sevrage, accompagné de dépistages ultérieurs.

La distribution gratuite de préservatifs auprès des populations les plus vulnérables, tout en garantissant leur accessibilité à coût réduit pour l’ensemble de la population, constitue une autre mesure essentielle. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation ciblées renforcent la connaissance du VIH, de ses modes de transmission et des moyens de prévention, avec une attention particulière portée aux groupes les plus exposés.
Le dépistage systématique et périodique des populations à haut risque telles que les travailleuses et travailleurs du sexe est également mis en avant. En cas de résultat positif, un traitement gratuit est initié immédiatement ou dans la semaine qui suit, assurant un accès rapide aux soins.

Le suivi clinique et biologique des personnes vivant avec le VIH sous traitement vise à renforcer leur observance et à garantir la suppression de leur charge virale, réduisant ainsi considérablement le risque de transmission. Des services différenciés sont également offerts, adaptés aux besoins spécifiques, comme la distribution d’ARV en dehors des centres de santé ou la mise à disposition d’autotests pour les partenaires de personnes séropositives. Cette approche intègre également le dépistage des enfants ou coépouses de personnes vivant avec le VIH.

S. : Quels sont les principaux succès dans la riposte au VIH ?

C.K. : La riposte au VIH au Burkina a enregistré plusieurs succès significatifs. Le leadership au plus haut niveau dans la lutte contre le VIH/Sida a été déterminant, tout comme la mobilisation des ressources domestiques, matérialisée par l’inscription annuelle d’une ligne budgétaire spécifique dans la loi de finances. La forte participation des associations et des acteurs communautaires, avec un leadership affirmé, a également renforcé l’efficacité de la riposte.

Le caractère multisectoriel de la stratégie nationale a permis de mobiliser divers secteurs pour une réponse coordonnée. La décentralisation des soins a facilité l’accès aux services de prise en charge médicale dans les structures de santé périphériques à travers tout le pays. Par ailleurs, la prévalence du VIH en population générale est stabilisée à moins de 1 % depuis une décennie, témoignant des progrès réalisés.

La disponibilité des Antirétroviraux (ARV), des intrants de dépistage, et des outils de suivi biologique à l’échelle nationale est une autre avancée majeure. Plus récemment, l’Etat a consenti à rendre gratuits les examens biologiques de suivi pour les personnes vivant avec le VIH, une mesure qui marque un tournant important dans l’amélioration de la prise en charge.

S. : Quels sont les principaux défis de la riposte au VIH ?

C.K. : Les principaux défis dans la riposte au VIH incluent plusieurs aspects cruciaux. Tout d’abord, il s’agit de mobiliser des ressources suffisantes, tant auprès de l’Etat que des partenaires financiers nationaux et internationaux, afin d’identifier les derniers cas malgré une prévalence relativement faible.

La lutte contre la persistance de la discrimination et de la stigmatisation, en particulier l’auto-stigmatisation, reste un enjeu majeur. Un autre défi est lié à la faible couverture en soins pour les enfants de moins de 15 ans vivant avec le VIH. Selon les estimations de l’ONUSIDA, environ 9 000 enfants seraient infectés au Burkina Faso, mais seuls 2 600 étaient dépistés et sous traitement au 31 décembre 2023.

De plus, le taux de suppression de la charge virale demeure insuffisant, en grande partie parce que la majorité des Personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sous ARV ne bénéficient pas systématiquement de tests annuels de charge virale. Ces examens biologiques, essentiels pour évaluer l’efficacité du traitement, doivent être exigés chaque année par les patients auprès de leur équipe de soins. Pourtant, le pays dispose des équipements et des intrants nécessaires à leur réalisation.

Enfin, le nombre élevé de PVVIH ne respectant pas leur traitement constitue un problème majeur. Cela peut s’expliquer par la lassitude, le manque d’information, ou les déplacements internes dus au contexte sécuritaire. Lors de tels déplacements, il est crucial que les patients contactent un service de santé dans leur nouvelle localité pour assurer le suivi de leur traitement et éviter toute interruption.

S. : Actuellement, on associe très souvent à la riposte au VIH/Sida à la lutte contre les hépatites virales. De quoi s’agit-il et quelle est l’ampleur de ces hépatites ?

C.K. : L’hépatite virale se définit comme une atteinte inflammatoire du foie due à un virus. On distingue 5 types de virus qui ont un tropisme hépatique, c’est-à-dire qui infectent avec prédilection les cellules hépatiques. Ce sont A, B, C D et E. Dans le monde, il y a plus de 254 millions de porteurs chroniques de l’hépatite B (pouvant transmettre le virus), avec plus de 1,1 million de décès annuels. Pour l’Hépatite C, on compte environ 71 millions de porteurs chroniques dans le monde avec près de 399 000 décès annuels. Au Burkina Faso, on estime que 8% de la population est atteinte de l’hépatite B contre environ 3% pour l’hépatite C. Ces hépatites peuvent évoluer vers des complications telles que la cirrhose et le cancer du foie.

S. : Quels sont les modes de transmissions des hépatites virales ?

C.K. : Les modes de transmission des virus des hépatites B et C sont les mêmes que ceux du VIH, la voie sexuelle, la voie sanguine et la voie verticale de la mère à l’enfant. Par contre, elles sont plus contagieuses que le VIH.
Les moyens de prévention sont aussi similaires à ceux du VIH.

S. : Quels sont les aspects de la lutte contre les hépatites associées à la riposte de l’infection à VIH ?

C.K. : Les hépatites B et C peuvent être concomitantes avec une infection à VIH ou non. Les aspects de prévention du VIH incluent actuellement la prévention contre les hépatites, le dépistage des hépatites et le traitement. Pour les PVVIH également infectée par l’hépatite B, la TARV contribue à traiter également l’hépatite B. Pour l’hépatite C, il est également acquis des médicaments pour traiter et gratuitement.

Wamini Micheline OUEDRAOGO
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