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À Praia, le Burkina présente son initiative pour lutter contre la malnutrition scolaire

Publié le vendredi 22 novembre 2024  |  Agence de Presse Africaine
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© Agence de Presse Africaine par DR
À Praia, le Burkina présente son initiative pour lutter contre la malnutrition scolaire
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Au troisième jour de la 16e réunion de l’équipe pluridisciplinaire du Bureau sous-regional de la FAO en Afrique de l’Ouest, Dr Alice Gisèle Anago Sidibé, secrétaire permanente de l’Initiative présidentielle contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition en milieu scolaire au Burkina Faso a présenté ce programme phare du gouvernement. L’objectif est de garantir à chaque enfant scolarisé un repas équilibré quotidien, en favorisant la production locale et l’autonomie des communautés. Dans un entretien qu’elle a accordé à APA en marge de la rencontre, elle revient sur les objectifs, les résultats obtenus, ainsi que les défis à surmonter pour assurer le succès de ce programme ambitieux.

Pouvez-vous nous parler davantage de cette initiative du gouvernement du Burkina Faso ?

L’initiative présidentielle est un projet de protection sociale ambitieux qui reflète l’engagement des autorités les plus hautes du Burkina Faso dans la lutte contre la faim dans notre pays. L’innovation de cette initiative réside dans le lien formel qu’elle crée entre l’approvisionnement des cantines scolaires et la production locale. Ceux qui connaissent l’œuvre de Sankara, ou qui l’ont étudiée, savent qu’il a prôné cette philosophie : consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous mangeons pour être autonomes, résilients, et dignes. On doit reconnaître qu’il est difficile de considérer l’Afrique comme un continent pauvre.

L’Afrique n’est pas pauvre lorsqu’elle mobilise presque toutes ses ressources naturelles, notamment en agriculture. Le seul problème pourrait résider dans l’accès à certaines technologies. L’objectif de l’initiative est d’assurer à chaque enfant, de 4 à 18 ans, un repas équilibré par jour, tout en améliorant les conditions des populations rurales vulnérables, en particulier celles confrontées à la précarité alimentaire.

Pour qu’un enfant mange à l’école, il faut que les cantines scolaires soient approvisionnées. Cependant, ce n’est pas la mission d’un ministère de l’Éducation de produire des repas, mais bien celle des parents d’élever, d’éduquer et de nourrir leurs enfants. L’État a un rôle régalien, mais il ne peut pas tout faire.

L’initiative a été lancée sous le gouvernement du président Roch Marc Christian Kaboré en 2021 et continue d’être soutenue par les gouvernements de transition. Cette initiative met d’abord l’accent sur la production locale, améliore le statut nutritionnel des enfants, renforce les revenus des populations vulnérables et améliore la gouvernance des programmes. Le secrétariat permanent de l’initiative, qui est l’entité chargée de sa mise en œuvre, est ancré au sein du premier ministère, un choix stratégique pour garantir une synergie intersectorielle.

Souvent, les projets restent sectoriels, mais en Afrique, il est crucial d’éviter le cloisonnement des actions. Lorsque les initiatives sont unifiées, elles deviennent plus durables et visibles. Au Burkina Faso, le Premier ministre donne les lettres de mission et impulse la synergie entre les ministères. Chaque ministre, dans son budget, a un objectif lié à cette initiative, ce qui facilite sa mise en œuvre lors de l’arbitrage budgétaire.

Environ 9 millions d’enfants en âge scolaire ne sont pas scolarisés au Burkina Faso. L’éducation étant un droit fondamental, l’État investit chaque année 19 milliards de francs CFA dans les cantines scolaires. Cependant, cela couvre à peine 40 jours d’alimentation. Des financements innovants sont donc nécessaires, et l’endogénéisation des actions est cruciale. Les communautés doivent être les premières à participer activement pour assurer la durabilité des projets.

L’initiative a déjà montré des résultats concrets. Par exemple, elle a permis aux enfants de mieux comprendre l’agriculture et d’avoir un lien direct avec la production alimentaire. Des jardins scolaires sont mis en place, ce qui permet non seulement de diversifier les menus, mais aussi d’améliorer la qualité des repas grâce à un approvisionnement direct du champ à l’assiette.

L’initiative a attiré des partenaires comme la FAO, le FIDA, le PAM et l’UNICEF, qui se sont engagés financièrement et techniquement pour soutenir la production agricole, la lutte contre la pauvreté, les cantines scolaires et l’éducation. En dehors de ces organisations internationales, une quinzaine d’autres partenaires, dont des ONG comme World Vision et CRS, soutiennent également cette initiative.

Un autre résultat majeur est la création d’une loi pour encadrer les cantines scolaires, une première au Burkina Faso, grâce à l’appui de la FAO. Cette loi va responsabiliser les acteurs concernés, notamment l’État, pour garantir la qualité de l’alimentation scolaire, un enjeu essentiel pour notre développement.

Vous avez participé à la 16e réunion de l’équipe pluridisciplinaire de la FAO. Repartez-vous avec de nouvelles perspectives ?

Oui, cette réunion a renforcé notre capacité à porter ce plaidoyer. Ce que je souhaite, c’est que les partenaires comme la FAO et d’autres organisations partagent davantage d’expériences pratiques avec les acteurs locaux. J’aimerais que des cantiniers ou des comités de gestion de cantines du Burkina Faso puissent échanger leurs expériences avec ceux du Sénégal, afin de tirer des enseignements sur les modèles réussis et leurs forces et faiblesses.

Cela montre qu’il y a déjà des acquis, mais qu’il reste encore des efforts à faire…?

Effectivement, l’initiative est nationale, mais il faut l’étendre à l’échelle nationale. Nous avons commencé avec des communes pilotes, et le défi maintenant est d’étendre le programme à toutes les écoles. Étant un pays enclavé, nous faisons face à des problèmes d’eau, de conservation et de routes, mais ces défis sont adressés par les ministères concernés au sein de l’initiative. Le conseil d’orientation stratégique, présidé par le Premier ministre, se réunit régulièrement pour garantir la redevabilité et l’efficacité des actions.

Il y a une véritable responsabilité, et je dois rendre compte de mes actions au retour, pour assurer la visibilité de cette initiative du Burkina Faso.


AC/APA
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