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Burkina : Il devient terroriste avec la promesse d’un salaire mensuel de 500 000 F CFA

Publié le mardi 15 octobre 2024  |  Minute.bf
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Né en 1996 dans la Commune de Bourzanga, C. M., cultivateur, berger et orpailleurs, vivant en union libre sans enfant a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroristes. Le 23 septembre 2024, il a comparu devant les juges du Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme au Tribunal de grande instance (TGI Ouaga II). Le prévenu C. M. a, dans ses déclarations, reconnu avoir adhéré à un groupe terroriste parce qu’on lui promettait une rémunération de 500 000 F CFA par mois.

Visage inquiet ; tête et barbe rasées ; taille fine, 1,77m environ ; tee-shirt et pantalon de sport coupé au tibia. C’est ainsi que s’est présenté le prévenu C. M. à la barre du TGI Ouaga 2, pour son jugement. Il est reproché à cet individu les faits d’association de malfaiteurs terroristes. Il a été interpellé courant 2019, dans la commune de Kongoussi, région du Centre-nord.

Dans son Procès verbal (PV) d’audition devant le juge d’instruction, C. M. indique avoir été enrôlé dans le groupe terroriste par un certain El Hadj D. M. Le prévenu C. M. soutient que son recruteur lui a fait des promesses pour l’en convaincre. En effet, en enquête préliminaire devant le juge d’instruction, C. M. affirmait avoir été dupé. « Ils (les membres du groupe terroriste dont D. M., ndlr) m’ont flatté. Je suis rentré dans leur groupe, car ils m’ont promis une rémunération de 500 000 F CFA par mois », a-t-il déclaré.

« Je reconnais ces déclarations mais… »

Prévenu pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, C.M., plaide « non coupable » à la barre. Il affirme même que ces déclarations en enquête préliminaire, quoi qu’elles soient bien de lui, ont été dites sous une contrainte. « Quand les Forces de sécurité m’ont arrêté, ils m’ont frappé et c’est par la suite que j’ai fait ces déclarations. Je reconnais ces déclarations, mais j’ai dis ça parce qu’on me frappait », se défend-il, devant les juges. « Le juge d’instruction avait-il une arme pointé sur vous ? », questionne la chambre au prévenu. « Non », réplique-t-il. Malgré cela, le prévenu reste sur sa défense : « depuis que je suis né jusqu’à présent, je ne connais pas les terroristes ».

Pourtant, le procureur a dévoilé que l’analyse du téléphone portable du prévenu a révélé qu’il était en étroite collaboration avec ledit groupe terroriste et son recruteur D. M. Et il a été interpellé dans un maquis alors qu’il ingurgitait deux bouteilles de bière.

Ce groupe terroriste, révèle le procureur, est à la base de plusieurs attaques terroristes dans le Centre-nord. Ils ont attaqué la base de la gendarmerie de Bourzanga et Namissiguia.

Le procureur poursuivant dans ses réquisitions a reconnu qu’il s’agit d’un dossier complexe, parce que le prévenu est revenu sur l’essentiel de ces déclarations. Dans sa requête auprès des juges, le procureur a souligné que le prévenu a été interpellé au milieu d’autres personnes dans un maquis et cette interpellation ne s’est pas faite de façon fortuite. Elle a été faite au regard de certaines informations sur le prévenu, a insisté le parquet. Pour le ministre public, même si le prévenu dit avoir fait ses déclarations en enquête préliminaire sous « la torture », il n’en demeure pas moins qu’elles sont cohérentes.

En effet, le procureur a indiqué que le prévenu a donné l’identité du groupe terroriste et leur idéologie. Il s’agit d’un groupe affilié à Al-Qaïda, dont El Hadj D.M. procédait au recrutement. Le prévenu affirme même que le groupe a attaqué la base de la gendarmerie de Bourzanga et celle Namissiguia, et perpétré plusieurs pillages. Le prévenu affirme toujours que la formation au sein du groupe terroriste se fait dans un camp situé au Mali. Il précise, en sus, qu’on les garde en observation dans un camp pour voir leurs aptitudes avant d’entamer la formation pratique.

Du reste, à la barre, le prévenu a laissé croire qu’il ne savait pas qu’il était devant un juge au moment où il faisait ses déclarations en enquête préliminaire, raison pour laquelle il a tenu ses propos.

Pour le ministre public, ces déclarations avec des détails précis prouvent que le prévenu C.M. est un membre de ce groupe terroriste. Il a même participé à la formation dans un autre pays, telle que décrite par le prévenu lui-même. De plus, il est constant sur leur méthode : « instaurer la terreur au sein de la population, surtout celle qui n’épouse pas leur idéaux religieuses ». Le procureur déduit qu’appartenir à ce genre de groupe c’est bien être en porte-à-faux avec les institutions de la République. Il a requis que le prévenu soit reconnu coupable des faits à lui reprochés conformément aux dispositions légales en vigueur, notamment le code de procédure pénale, article 361. En répression qu’il soit condamné à 21 ans de prison ferme, dont 16 ans de sûreté et à une peine d’amende de 2 millions de F CFA ferme.

Le prévenu « en larme » pour son dernier mot à encore clamé son innocence : « Qu’est ce que j’ai ? Qu’est ce que vous voulez me faire ? Je vous demande pardon », a-t-il déclaré.

Le Tribunal, statuant publiquement, après débat contradictoire, suivant la procédure en matière correctionnelle et en premier ressort, a déclaré C.M. coupable des faits d’association de malfaiteurs terroristes en lien avec une entreprise terroriste. En répression, les juges, ont condamné C. M. à une peine d’emprisonnement de 21 ans dont 12 ans ferme et 8 ans de sûreté, plus 1 millions de F CFA d’amende avec sursis. Ils ont, en outre, condamné le prévenu au dépens.

Conformément à la loi en vigueur, le prévenu C.M. dispose de 15 jours pour faire appel de cette décision de justice.

Mathias Kam
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