XIXe Sommet de la Francophonie : L’OIF est-elle soluble dans les choix de rupture africaine ?

Publié le vendredi 4 octobre 2024 | Aujourd`hui au Faso

© Présidence par DR
Communiqué final du premier Sommet des chefs d’Etats de l’Alliance des États du Sahel
Le premier sommet des Chefs d`Etat de l`Alliance des Etats du Sahel (AES) s`est tenu le 06 juillet 2024 à Niamey, sous la présidence de S.E. le Général de Brigade Abdourahamane TIANI, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie

Villers-Cotterêts en France brisera-t-il la glace entre cette ex-Métropole et certains pays de son ex-précarré ? Ce 4 octobre et ce, jusqu’à demain 5 octobre, se tient le XIXe Sommet de la Francophonie, 32 ans après sa dernière édition en France.

De quoi l’OIF est-elle le nom par exemple au Sahel où depuis 2022, dans 3 pays que sont le Mali, le Niger et le Burkina, on s’échine à détricoter des rapports jugés paternalistes et néocoloniaux ? La Francophonie forte de 88 pays et gouvernements est une communauté de langue, de culture, et de mœurs. Elle a tendance d’ailleurs à déborder l’aspect langagier, puisque de plus en plus, ce sont les intérêts et les apports multiformes qui priment sur le reste. La preuve vient d’ailleurs de la n°1 de l’OIF, la Rwandaise Louise Mushikiwabo dont le pays a rejoint le Commonwealth a déclassé le français au profit de l’anglais comme langue d’enseignement, une Louise Mushikiwabo qui a été préférée à la Canadienne Michaëlle Jean. Autre preuve de ce tournant copernicien s’il en est le prochain sommet France-Afrique se tiendra au pays de Jomo Kenyatta, le Kenya anglophone !

«Créer, innover et entreprendre en français» tel est le thème de ce raout de 48 heures qui se déroule au grand palais de Paris, et qui regroupe cette mosaïque francophone qui partage au fond, les mêmes valeurs exprimées par la langue et pas seulement.

Une dizaine de chefs d’Etat africains, sont annoncés pour cette grand-messe de la Francophonie qui a forcément subi une mue. On cite Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, Bassirou Diomaye Faye du Sénégal, Félix Tshisekedi de la RD Congo, Mahamat Deby du Tchad, Paul Biya du Cameroun, Nana Akufo du Ghana, le Roi du Maroc et Brice Oligui du Gabon…

L’époque des Senghor, Houphouët Boigny, Sekou Touré, et même de leurs successeurs est révolue. Place à des générations africaines en état de scrutations vers d’autres horizons que francophones, des générations frondeuses, qui n’ont pas connu la colonisation, à peine entendent-ils parler de la nébuleuse Françafrique, lesquelles générations aspirent à autres choses que les discours sirupeux et aux habituels prêchi-prêcha ! Alors, doit-on s’attendre à des propos de rupture à ce sommet de l’OIF ?

Sans doute, pas peut-être du côté du Sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, qui pourrait fendra l’armure de bons nombre de ses pairs absents de ce sommet, qui se délecteraient d’entendre certaines phrases de sa bouche !

A la réalité aussi, la séance calinothérapie effectuée hier 3 octobre par le locataire de l’Elysée pourrait aussi adoucir le ressentiment de certains dirigeants de ses pays africains. A commencer par le Tchadien, Mahamat Deby éberlué que depuis quelques mois le Pôle financier de Paris s’intéresse à ses Biens dits Biens mal acquis (BMA). Les affaires pourtant continuent entre l’axe Paris-N’Djamena, puisque le MEDEF était au Tchad récemment.

Les apartés élyséens pourraient aussi au-delà de ce rabibochage avec le Tchad, essayé de rapprocher Félix Tshisekedi et Paul Kagamé, au sujet du M23 qui écume l’Est de la RD Congo. Pas sûr que Macron puisse faire crocheter les atomes entre les 2 présidents prêts à en découdre sur ce brûlot du Nord-Kivu !

Finalement, l’OIF c’est un «machin» selon ses contempteurs qui est utile aux membres et de toute façon en Afrique, l’adage connu est que «se parler, échanger, ne construit pas une case, mais resoud bien des problème ».

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