Au Burkina, prendre le bus pour se rendre au cours n’est pas une chose aisée pour les élèves et les étudiants. Nous avons fait le constat et avons été témoins de bousculades, avec souvent des blessures, auxquelles se livrent des étudiants de l’Université Thomas Sankara pour se rendre sur le campus par les transports en commun.
Il est 6h du matin au Mémorial Thomas Sankara de Ouagadougou en ce mois de septembre 2024. Nous sommes à l’arrêt du bus de transport en commun. Une foule d’étudiants attend de rallier l’Université Thomas Sankara, située à la sortie Est de la capitale, précisément dans le village de Gonsin. Les filles sont majoritaires. On entend des cris partout. De l’autre côté de la rue, certains étudiants descendent du bus, traversent la rue, puis se dirigent vers l’Université Joseph Ki-Zerbo par le couloir du Conseil de l’Entente dans le calme. C’est le stress, l’angoisse et la peur d’arriver en retard. A notre arrivée, deux bus venaient de bouger dans lesquels seuls les plus forts et les rapides ont pu embarquer.
C’est la période des devoirs. Kady Yangné s’est vue malheureusement obligée d’abandonner la lutte par manque de force physique et de redescendre faute de places. « Si tu n’as pas la force pour bousculer, tu ne peux pas accéder à l’intérieur du bus » explique-t-elle, en regardant les bus démarrer. « Tout le monde veut aller composer et il n’y a pas assez de bus sur la ligne. Cela fait qu’on se bouscule beaucoup », poursuit-elle.
Contrairement aux autres, Karim Kologho, nom d’emprunt, est arrêté à l’écart et observe avec patience. « J’ai le temps d’emprunter un autre bus et arriver à l’heure car j’ai un simple cours à partir de 9h » indique-t-il. « Ceux qui se bousculent sont ceux qui ont un devoir à composer ce matin », confie-t-il.
Incidents, blessures, évanouissements, etc.
Dans les bousculades, des incidents arrivent souvent. Selon Kady Yangné, « on se frappe, on se blesse trop. Et les filles-mères ont des difficultés pour accéder au bus ». Dans le bus, il y a des places assises et des places arrêtées. «On peut atteindre 100 dans le bus. Souvent, on atteint 120 à 130 passagers. Avec la surcharge, il y a beaucoup de risques », raconte un étudiant qui tente de mettre de l’ordre. « Le vendredi 6 août 2024, il y a eu des bousculades et nous avions essayé de mettre de l’ordre en vain à cause de la pression et la détermination des étudiants à monter dans le bus. Ainsi, il y a eu une fille qui s’est évanouie. On n’a pas pu la faire descendre parce qu’il n’y avait pas de place et d’espace. Une autre aussi est montée avec la bouche remplie de sang car en montant, quelqu’un l’a cognée », se rappelle-t-il.
Elise Kagambèga vit cette situation depuis deux ans, à l’en croire. « Tout le temps, c’est ainsi. A chaque année, nous vivons la situation avec l’arrivée des nouveaux bacheliers », déplore-t-elle.
La rentrée des classes, une période redoutée
Pour accéder à l’intérieur du bus, c’est le combat. Des initiatives sont souvent prises. Un jeune organise les passagers qu’il met en rang. « Vraiment, c’est difficile actuellement vu l’état et le manque de bus. C’est vraiment difficile pour les étudiants actuellement d’avoir le bus facilement à l’heure exacte pour les devoirs, pour les cours. Donc, pour monter dans le bus, c’est vraiment un combat », indique-il. « On essaie de mettre de l’ordre mais c’est difficile. Chacun veut une place, chacun veut monter », poursuit-il.
« Nous craignons la rentrée. Il y a un manque de bus et beaucoup tombent en panne», s’inquiète-t-il. « Nous avions fait des propositions mais jusqu’à présent il n’y a rien eu », laisse entendre l’étudiant qui tentait de mettre de l’ordre.
Ils ont tous un souhait, être soulagé à la rentrée. « Qu’ils augmentent le nombre de bus afin de nous permettre d’aller composer en toute sécurité », souhaite Kady Yangné. « Si les autorités pouvaient faire quelque chose avant la rentrée, cela va soulager les usagers des bus », dit un client.