Plusieurs personnes ont été enlevées ou sont portées disparues ces derniers jours à
Ouagadougou, notamment des proches de l'ancien chef de la diplomatie Djibril Bassolé,
rallongeant la longue liste de victimes de disparition forcée de voix considérées hostiles à la
junte au pouvoir.
Au moins deux enfants du général Bassolé ont été enlevés par des hommes armés, selon des
sources proches de la famille, interrogées par l'AFP.
Sa fille, Yasmine a été enlevée lundi, quelques heures après avoir quitté l'hôpital où elle avait
été hospitalisée suite à un malaise, lors d'une première interpellation vendredi, a afirmé une
source de l'entourage de M. Bassolé.
Dans un enregistrement audio transmis à l'AFP qui n'est pas daté, Mme Bassolé assure que
son domicile a été perquisitionné par "quatre individus" se présentant comme des
gendarmes puis que l'hôpital où elle séjournait ce week-end était "quadrillé" par l'armée.
Elle explique que son frère Aziz a aussi été enlevé, samedi. "On ne sait pas où il a été
emmené", indique t-elle.
Selon des proches de la famille, l'ancien aide de camp du général Bassolé a quant à lui été
interpellé vendredi par des individus, alors qu'il assistait à des obsèques.
Ancien pilier du régime de l'ex-président Blaise Compaoré renversé en 2014, le général
Bassolé a été condamné à dix ans de prison pour son implication dans un coup d'Etat
manqué en 2015 au Burkina Faso. Il avait été évacué pour la France en 2020 pour des raisons
de santé et vit en exil depuis.
Ces derniers mois, il avait critiqué l'ineficacité de la junte militaire d'Ibrahim Traoré, arrivé au
pouvoir en septembre 2022 lors d'un putsch, face aux violences jihadistes qui gangrènent le
pays.
Depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Traoré, de nombreux cas d'enlèvements de voix
considérées comme hostiles au régime militaire ont été rapportés cette année à
Ouagadougou et dans d'autres localités du pays.
Cette semaine, le mouvement de la société civile Sens (Servir et non se servir) a également
alerté sur d'autres disparitions, notamment celle de Mohamed Sinon, qui a pourtant été un
soutien de la junte lors de sa prise de pouvoir.
"Notre chère patrie est devenue coutumière des pratiques indignes que sont entre autres les
enlèvements, les disparitions, les tortures, en un mot, de l'arbitraire", a regretté le
mouvement Sens, dont le leader, le célèbre avocat Guy Hervé Kam, a été victime de deux
enlèvemetu me tél?nts, avant d'être inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour "complot".
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