Les Jeux olympiques devraient donner de l’élan à la croissance française au troisième trimestre, attendue « aux alentours de 0,4% », mais des risques liés à l’incertitude politique pèsent sur l’activité économique, a indiqué mardi la Banque de France.
La banque centrale a dit anticiper une « progression significative » du produit intérieur brut (PIB) entre juillet et septembre, dans sa note mensuelle de conjoncture, qui confirme une première estimation publiée début août.
« Le milieu de la fourchette [de prévision] est aux alentours de 0,4% », a précisé le chef économiste de la Banque de France, Olivier Garnier.
Après une croissance de 0,2% au deuxième trimestre, le PIB enregistrerait une hausse de 0,1% à 0,2% hors JO, à laquelle s’ajouterait l’impact temporaire d’environ 0,25% généré par le plus grand événement sportif au monde — hébergé à Paris du 26 juillet au 11 août — et par les paralympiques du 28 août au 11 septembre.
Cette prévision est toutefois entourée d’aléas, tant à la hausse — de possibles effets d’entraînements des JO — qu’à la baisse — l’incertitude politique découlant des élections législatives anticipées. « Une hausse de l’incertitude a un effet négatif sur l’activité, qui crée notamment des comportements attentistes (…) Cela accroît l’incertitude de ce trimestre », a prévenu M. Garnier.
– Calendrier serré –
Cet attentisme des entreprises reste de mise alors que, nommé jeudi par le président Emmanuel Macron, le nouveau Premier ministre Michel Barnier s’est attelé à la formation d’un gouvernement, plus de deux mois après le scrutin qui n’a débouché sur aucune majorité claire.
Le temps presse face à un calendrier de plus en plus resserré pour présenter le projet de budget pour 2025, un texte particulièrement lourd censé être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard, puis voté et publié d’ici au 31 décembre.
La tâche s’annonce compliquée: les prévisions de déficit public pour cette année (5,1% du PIB) et 2025 (4,1%) sont menacées de dérapage, selon le Trésor, en raison de la forte dégradation des finances publiques qui vaut déjà à la France une procédure pour déficit excessif par la Commission européenne.
Lundi, le ministre démissionnaire de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire avait assuré que la France pouvait tenir ses objectifs, notamment celui de baisser le déficit à 3% en 2027. Mais ce dernier est de plus en plus considéré comme hors d’atteinte, notamment par le député Charles de Courson, rapporteur général du budget, qui l’a jugé « impossible » mardi « dans la situation politique actuelle ».
– « Encéphalogramme plat » –
De son côté, l’Institut national de la statistique (Insee) a abaissé lundi de 0,5% à 0,4% sa prévision de croissance du PIB pour le troisième trimestre, estimant que l’incertitude politique et le coût élevé du crédit pèseraient sur les investissements des entreprises.
Les mois suivants pourraient se révéler plus difficiles encore. Sur le dernier trimestre de l’année, le PIB se contracterait de 0,1%, selon l’institut statistique. Ce dernier a toutefois maintenu inchangée à 1,1% sa prévision pour 2024, légèrement mieux que celle du gouvernement démissionnaire (1%).
Pour le seul mois d’août, les quelque 8.500 entreprises interrogées par la Banque de France entre le 28 août et le 4 septembre ont mentionné une progression de l’activité, modérée dans l’industrie et plus forte dans les services grâce aux JO et une météo plus clémente.
La hausse attendue pour septembre est plus légère, avec possiblement « un contrecoup » dans les services, selon Olivier Garnier.
Dans l’industrie, les carnets de commandes sont toutefois jugés dégradés, seule l’aéronautique tirant son épingle du jeu. « C’est un encéphalogramme assez plat », a commenté le chef économiste, évoquant ici aussi « un certain attentisme dans les décisions d’investissement ».
Dans le bâtiment, l’activité a légèrement reculé en août, en raison de congés plus nombreux que les années précédentes, et évoluerait peu en septembre.
Concernant les prix de vente, ils se sont normalisés dans l’industrie et le bâtiment, et sont en voie de l’être dans les services.
Les difficultés d’approvisionnement sont relativement basses (mentionnées par 9% des entreprises), sauf dans l’automobile et l’aéronautique, tandis que les difficultés de recrutement ont un peu remonté (36%).