Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article
Santé

Dr Chen Daohu, Chef de la mission médicale chinoise au Burkina

Publié le lundi 9 septembre 2024  |  Sidwaya
Dr
© Autre presse par DR
Dr Chen Daohu, Chef de la mission médicale chinoise au Burkina
Comment


« La coopération entre médecins chinois et burkinabè a obtenu des résultats remarquables »

La santé publique constitue l’un des principaux domaines de coopération entre la Chine et le Burkina Faso. A cet effet, une mission médicale chinoise s’est déployée au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tengandogo pour un partage d’expérience dans l’optique d’améliorer les techniques d’opération cardiaque au profit des patients. Dans cette interview, le Chef de la mission médicale le Dr Chen Daohu donne plus de détails sur leur intervention et leur vie au « pays des hommes intègres ».

S : Pouvez-vous présentez votre équipe médicale à nos lecteurs ?

Dr Chen Daohu (Dr C.D) : Nous sommes la sixième mission médicale chinoise au Burkina Faso, envoyée par la Croix-Rouge Chinoise, avec neuf médecins et deux traductrices, spécialisés en chirurgie cardiaque, endoscopie digestif, urgence, cardiologie, radiologie interventionnelle, anesthésie (perfusionniste en circulation extracorporelle), chirurgie thoracique, acupuncture (médecine traditionnelle chinoise)

S : Quel est l’objectif principal visé à travers l’envoie de votre équipe au Burkina Faso ?

Dr C.D : En collaboration avec les médecins burkinabè, nous avons pour objectif principal de prodiguer des soins médicaux à la population locale, d’apporter une assistance matérielle aux structures médicales locales, de former le personnel médical local afin de les aider à créer une équipe médicale autonome, de promouvoir l’amélioration des techniques médicales locales, de favoriser le développement durable des soins de santé au Burkina Faso et promouvoir la construction d’une communauté de santé pour l’humanité.

S : Quel est l’agenda prévu durant votre séjour au Burkina Faso ?

Dr C.D : Notre équipe médicale effectuera une mission d’un an, avec un programme comprenant des services médicaux, des formations professionnelles, des échanges académiques, des consultations bénévoles, ainsi que des dons de médicaments et d’équipements.

Concernant les soins médicaux, l’équipe médicale a effectué de mars à juillet 2024, 3 228 consultations, 1 138 hospitalisations, 93 chirurgies, 886 traitements en médecine chinoise, 144 traitements d’anesthésie, 24 coronarographies, 89 gastroscopies et 18 coloscopies au CHU de Tengandogo. Au total 245 patients en état aiguë et critique ont été sauvés.

Nous avons fournis également des enseignements démonstratifs et techniques dans le travail quotidien et organiser des formations thématiques. Il s’agit par exemple de la formation sur les maladies artérielles des membres inférieurs qui a eu lieu en fin mai et la conférence sur la chirurgie cardiaque conduite par l’équipe d’experts de l’hôpital provincial d’Anhui en mi-août. Des formations telles que la réanimation cardio-pulmonaire sont prévues par la suite. En outre, l’équipe médicale a profité des consultations bénévoles pour fournir des conseils et des formations aux médecins locaux.

Sur le plan académique, nous avons organisé plusieurs discussions sur des cas difficiles au CHU de Tengandogo et invité des experts chinois célèbres à y participer en ligne, par le biais du système d’échographie à distance. Des échanges ont également eu lieu entre les membres de l’équipe médicale et les médecins locaux sur l’examen d’échographie cardiaque du patient. Notre équipe a aussi animé un séminaire sur le thème de « la technique de fermeture percutanée des communications interauriculaires guidée par échographie » au CHU Yalgado. Louis Baziemo, seul médecin local pratiquant la médecine traditionnelle chinoise au Burkina Faso, a échangé sur des techniques de médecine chinoise et d’acupuncture avec l’équipe. Nous avons par ailleurs fourni une consultation gratuite au CHU Yalgado et fait don de matériel de médecine chinoise tout en présentant la technique de l’aiguille sous-cutanée de Fu chinoise. Le 18 juin 2024, l’équipe médicale s’est rendue à l’église baptiste de l’Eau vive à Ouagadougou pour expliquer et démontrer les exercices de soins oculaires et les opérations d’hygiène des mains aux orphelins, effectuer des examens physiques, des massages chinois et distribuer des cartables et des cahiers. Au second semestre, nous effectuerons une série de consultations gratuites dans les universités, à l’hôpital de l’amitié de Koudougou et dans les structures sanitaires primaires.

Le dernier volet de notre intervention est le don de médicaments et d’équipements. Le 12 juillet 2024, la Chine a fait un don de médicaments, de consommables et d’équipements médicaux d’une valeur de 33,78 millions francs CFA au Burkina Faso. Le 14 août 2024 également, nous avons offerts des médicaments, des consommables et des équipements médicaux dédiés à la chirurgie cardiaque au CHU Tengandogo d’une valeur totale de 120 millions de francs CFA.

S : Cette campagne à but non lucratif s’inscrit dans le cadre d’une promesse du président Xi Jinping lors de la 73ème Assemblée mondiale la santé qui annonçait des jumelages entre la Chine et 30 hôpitaux africains. Quel est le but et le contenu de cette campagne ?



Dr C. D : En 2020, la Chine et le Burkina Faso ont signé une lettre d’intention pour établir un mécanisme de coopération entre le premier hôpital affilié à l’Université des sciences et technologies de Chine (hôpital provincial d’Anhui) et le CHU de Tengandogo. Selon le plan du projet, l’hôpital provincial d’Anhui a envoyé en août 2024 une équipe de quatre chirurgiens cardiaques pour visiter le CHU de Tengandogo. L’objectif principal est d’améliorer le niveau du service chirurgical cardiaque de l’hôpital et de prendre en charge les malades pauvres souffrant des cardiopathies critiques. Cette campagne consiste à opérer gratuitement neuf patients atteints des cardiopathies compliquées avec une prise en charge gratuite de leurs frais d’hospitalisation. Des consultations de cas difficiles, des visites de malades et des échanges académiques ont été également réalisés. La chirurgie mini-invasive par une petite incision dans l’aisselle droite a été pratiquée pour la première fois au Burkina Faso grâce à notre équipe. Cette chirurgie présente les avantages d’une petite incision, d’une guérison rapide, de plaies cachées et belles et conserve l’intégrité du sternum.

S : Comment trouvez-vous la collaboration entre médecins chinois et burkinabè en matière de transfert de savoir-faire au profit des patients ?

Dr C.D : La coopération entre les médecins chinois et burkinabè a obtenu des résultats remarquables tout en démontrant la profondeur et l’étendue de la coopération médicale entre les deux pays. En termes de transfert de savoir-faire, la mission médicale chinoise a apporté des techniques médicales avancées au Burkina Faso et aidé les médecins locaux à améliorer leur niveau de diagnostic et de traitement à travers des opérations pratiques et des formations, l’envoie d’experts chinois pour une visite à court terme et la sélection de médecins locaux pour étudier en Chine.

La coopération entre les médecins chinois et burkinabè se fait également à travers des dons de matériels, le transfert de savoir-faire, la formation et des activités à but non-lucratif. Cela permet non seulement de former une équipe autonome capable de réaliser des opérations chirurgicales complexes au Burkina Faso, mais aussi d’améliorer directement les conditions médicales des patients, démontrant l’importance et l’impact positif de la coopération médicale entre la Chine et le Burkina Faso.

S : Quels sont les perspectives de collaboration entre l’Université de sciences et technologies de Chine et le CHU de Tengandogo en matière de vulgarisation des techniques modernes de chirurgie cardiaque ?

Dr C.D : La chirurgie cardiaque au Burkina Faso a démarré tardivement mais grâce à la collaboration entre médécins chunois et burkinabè, elle dispose actuellement d’une équipe chirurgicale cardiaque complète. Les deux parties ont une perspective prometteuse de coopération en terme de techniques modernes de chirurgie cardiaque et un grand potentiel de développement.



S : L’équipe médicale chinoise travaille depuis six mois maintenant au Burkina, que pensez-vous de votre travail et de votre vie ?

Dr C.D : Les médecins locaux qui travaillent avec nous à l’hôpital ne sont pas seulement nos collègues de travail, mais aussi nos partenaires de vie. Ensemble, nous franchissons les barrières culturelles et linguistiques et construisons une confiance mutuelle et des liens d’amitié. Un médecin burkinabè m’a dit que quelles que soient les difficultés que je rencontrerai ici, je pourrai lui en parler et il m’aidera de toutes ses forces. Ce sont des expériences importantes et de beaux souvenirs dans nos vies.

Il est vrai que des différences profondes telles que la langue, la culture, les coutumes et les croyances religieuses existent entre les deux pays avec de nombreux dialectes et que malgré une formation en français et avec deux interprètes, nous avons rencontré des obstacles à la communication dans notre travail. Cependant, ce sont ces défis qui nous ont incités à travailler plus pour nous adapter et nous intégrer à la culture locale tout en respectant les coutumes et les croyances religieuses locales, afin de mieux accomplir nos tâches professionnelles.

Les membres de notre équipe ne se contentent pas de fournir des services médicaux. Ils travaillent également à la formation de médecins locaux, en particulier de jeunes médecins. Cette formation des médecins locaux donne à notre travail une signification à long terme et permet aux membres de l’équipe médicale de sentir que leur travail a un impact positif sur l’amélioration du niveau médical local. Cette période d’expérience professionnelle a eu un impact profond sur l’éépanouissement de chacun d’entre nous. Grâce aux échanges et à la coopération avec des personnes d’origines culturelles différentes, nous avons exercé et amélioré nos capacités personnelles et notre communication interculturelle. Cette expérience n’enrichit pas seulement notre expérience de vie, mais apporte également de nouvelles perspectives à notre future carrière. Enfin, c’est un sentiment d’accomplissement qui nous anime en tant que médecin. En effet, avec nos compétences professionnelles et notre dévouement désintéressé, nous aidons la population locale à résoudre des problèmes médicaux et nous gagnons la reconnaissance et les éloges des médecins locaux et des patients.

Nadège YAMEOGO
Commentaires