La prière d’Ide al- Fitr marquant la fin du mois de pénitence musulman a été officiée par El Hadj Aboubacar Sana, imam de la grande mosquée de Ouagadougou et imam des deux fêtes. Placée sous le signe de la paix, elle s’est déroulée comme à l’accoutumée à la Place de la nation de la capitale burkinabè le dimanche 19 août 2012.
Après 30 jours de jeûne, les musulmans du Burkina Faso, à l’instar de ceux de la majeure partie des musulmans du monde, ont effectué le 19 août 2012 la prière d’Ide al-Fitr marquant la fin du mois glorieux de Ramadan. La pluie matinale de ce jour n’a pas empêché les fidèles musulmans de la capitale de prendre d’assaut la Place de la nation, mosquées et autres places publiques pour rendre grâce à Allah. La prière à la Place de la nation a été présidée par El Hadj Aboubacar Sana, imam de la grande mosquée de Ouagadougou et imam des deux fêtes. Son sermon, en langue nationale mooré, a été axé sur la paix. Selon le secrétaire général de la Communauté musulmane, El hadj Moussa Semdé, l’imam a prôné la paix et le respect mutuel. « C’est dans le respect mutuel que chacun aura plus de considération pour celui qu’on a en face », a-t-il dit avant d’ajouter que dans la mesure où les musulmans vivent avec d’autres communautés, le souhait de la Communauté musulmane est d’avoir une meilleure entente avec ces différentes communautés. « Que chaque musulman travaille à renforcer cette paix, à renforcer nos liens de solidarité car, même si nous ne sommes pas des frères en Islam, nous sommes des frères d’une même société, qui aspirons à cette paix pour pouvoir bien vivre notre spiritualité », a-t-il relevé. Il a également invité les fidèles musulmans à avoir une pensée pieuse pour le regretté El hadj Oumarou Kanazoé qui était le président de la Fédération des associations islamiques du Burkina. Si au siège du Cercle d’études, de recherche et de formation islamiques (CERFI), la prière a été dirigée par l’imam Soulga, le sermon a été lu par l’imam Yacoub Tiemtoré. Il a relevé que le mois de Ramadan est l’une des meilleures et des plus belles écoles de la vie : école de la foi, de la spiritualité, du don, de la solidarité, de la justice sociale.
Après un rappel des évènements douloureux survenus en 2011, l’Etat a été interpellé sur la bonne gouvernance dans tous les secteurs de la vie sociopolitique. « Comme chacun a pu l’observer, l’incivisme se développe de plus en plus au Burkina Faso », a-t-il estimé, avant de souligner qu’il faut interpeller également toutes les couches sociales, les leaders religieux et coutumiers, la société civile pour mieux éduquer la jeunesse et l’orienter. Une pensée pieuse a été faite à l’endroit des Ivoiriens à la recherche d’une paix durable et au peuple malien. « Parce que la foi musulmane est une foi universelle qui brise le cadre de l’espace et du temps, que nos prières accompagnent les peuples du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la RD Congo, de la Palestine, de la Syrie, de la Libye, de l’Afghanistan, de l’Irak, etc. », a-t-il dit. Après le mois de Ramadan, les fidèles ayant les moyens ont aussi été invités à mieux se préparer pour le pèlerinage aux lieux saints.
Chrétiens et musulmans éduqués à la justice et à la paix
L’archevêque de Ouagadougou, Mgr Philippe Ouédraogo, qui a coutume d’assister ou de se faire représenter aux prières des deux fêtes musulmanes, a indiqué que sa délégation est venue au nom de l’Eglise catholique pour manifester sa proximité avec les musulmans et leur souhaiter bonne fête. Chaque année, au niveau du Saint-Père, le Pape Benoît XVI à Rome, un message est toujours adressé aux frères et sœurs musulmans du monde entier à l’occasion de la Fête d’Id al-Fitr. L’archevêque s’est dit porteur d’un message notamment du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Un message placé sous le thème « Eduquer les jeunes chrétiens et musulmans à la justice et à la paix ». Pour Mgr Philippe Ouédraogo, ce thème est d’actualité car notre monde a soif non seulement de justice mais aussi de paix.
Ce message souligne la tâche d’éducation qui est confiée à toute la société, en commençant par l’œuvre des parents et, avec eux, des familles, des écoles et des universités, sans oublier les responsables de la vie religieuse, culturelle, sociale, économique et du monde de la communication.