Un collectif de proches des victimes du récent massacre de Barsalogho, dans le centre du Burkina Faso, accuse l’armée d’avoir forcé les habitants à sortir de la ville, les exposant à une attaque d’un groupe jihadiste afilié à Al-Qaïda qui a fait plusieurs dizaines de morts.
Le "Collectif Justice pour Barsalogho" (CJB) a assuré dans un communiqué consulté mardi par l’AFP que des responsables militaires "ont obligé, à travers des menaces, les populations à participer aux travaux, contre leur gré", pour "creuser un fossé autour de la commune afin de servir de tranchée de combats contre les terroristes".
Le collectif réclame que des enquêtes soient menées "afin que toutes les responsabilités soient situées" et demande au gouvernement "de déclarer les personnes tuées martyrs de la nation".
Aucun bilan humain ni auteur présumé n’ont été communiqués par les autorités, qui ont dépêché depuis dimanche quatre ministres et le chef d’état-major des armées à Barsalogho et à Kaya, chef-lieu de la région, où des dizaines de blessés ont été acheminés aprés l’attaque de samedi.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM, pour l’acronyme arabe), afilié aux jihadistes d’Al-Qaïda, a revendiqué l’attaque, indiquant seulement avoir pris le "contrôle total" du "quartier général des milices burkinabè" à Barsalogho.
L’ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou a présenté mardi ses condoléances aux familles des victimes de ce qu’elle qualifie d’"attentat terroriste".
Un des membres du Collectif Justice pour Barsalogho a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat, par peur de possibles représailles de l’armée, avoir participé dimanche à l’inhumation de "plus d’une centaine de corps" à Barsalogho.
Il dit également avoir perdu cinq membres de sa famille dans l’attaque.
Les proches des victimes auteurs du communiqué se disent "sidérés par l’attitude du gouvernement", qu’ils accusent d’avoir "falsifié les faits". Ils afirment que les renforts militaire ne sont arrivés que le lendemain de l’attaque, "autour de 14H00", alors que l’armée
avait déclaré avoir lancé une riposte dès samedi.
Depuis 2015, le pays est très régulièrement frappé par des attaques de groupes jihadistes, qui ont fait plus de 20.000 morts - civils et militaires - dont près de 3.800 cette année, selon l’ONG
Acled qui répertorie les victimes de conflits dans le monde.
L’ONU et Human Rights Watch ont accusé à plusieurs reprises les forces de sécurité burkinabè et les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, des supplétifs civils de l’armée) d’avoir commis des massacres contre des civils.
Le chef du régime burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en septembre 2022, avait promis de faire de la lutte contre le "terrorisme" sa "priorité".