Un procès relatif à des avortements dans la ville de Kongoussi a eu lieu le 10 octobre 2012 au palais de Justice. Débuté avec une femme, c’est finalement 13 personnes dont des corps habillés qui sont prévenues dans l’affaire et 10 ont comparu publiquement devant le tribunal.
Le tribunal de grande instance (TGI) de Kongoussi a refusé du monde le 10 octobre 2012. A majorité féminine, la foule a envahi le palais de Justice dès 8h pour assister à un procès dit atypique par certaines personnes, dont les faits remontent à juillet 2012. En effet, un agent de l’Action sociale se nommant T P en service dans une commune rurale du Bam a enceinté la femme d’un jeune homme de Kongoussi. Par la suite, la femme a avorté et son mari a posé plainte à la gendarmerie de Kongoussi contre son épouse pour avortement. Après investigations, il est ressorti que c’est un monsieur du nom de M S bien connu dans le monde associatif qui serait le présumé avorteur. Lors de l’instruction, d’autres révélations, et pas des moindres, ont été faites au procureur de Kongoussi. Le 10 octobre dernier, 13 personnes sont effectivement prévenues et 10 (7 femmes et 3 garçons) ont effectivement comparu devant le tribunal. Parmi ces derniers, il y avait un agent de la police nationale, une policière municipale, l’agent de l’Action sociale, la femme, l’épouse d’un officier de police en service à Kongoussi, etc. A la barre, tous ont reconnu les faits qui leur sont reprochés (avortement, incitation à l’avortement, interruption volontaire de grossesse, complicité d’avortement) excepté l’agent de police nationale. En décrivant son mode opératoire, M S a expliqué au tribunal qu’il utilisait une sonde calibré, du speculum, une pince et des paires de ciseaux pour avorter ses différents acolytes. Avec la sonde calibrée, il extrayait le liquide amniotique et, quelques jours après, la femme avortait. Ensuite, il prescrit de l’amoxicilline et d’autres produits pour guérir rapidement sa “patiente“. Selon toujours ses explications, sa pratique date de 6 ans. Son intention était, a-t-il dit, d’aider les auteures pour qu’elles puissent étudier ou pour d’autres raisons. Il percevait entre 12 500 et 30 000 F CFA selon le besoin des consommables, a-t-il précisé. Chaque femme ayant avorté a aussi expliqué comment se déroulait l’opération. Après environ 3 heures de procès (de 11h à 14h), le procureur a requis 36 mois ferme pour M S, 2 mois ferme pour les fonctionnaires et 3 mois ferme pour les autres. Tous ont demandé pardon et imploré la clémence du tribunal qui a envoyé le verdict en délibéré au 24 octobre prochain au regard de leur nombre.