Le Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes terroristes a organisé du 22 juillet au 07 août 2024 la deuxième session de l’année des jugements de présumés terroristes. Pour des raisons sécuritaires, la consigne a été donnée aux journalistes qui couvraient les procès de ne faire aucune publication y relative durant toute la session. Après la fin de ladite session, Libreinfo revient dans une série d’articles sur les procès qu’il a couverts. Aujourd’hui, nous vous proposons le compte rendu de celui de D.O. Il a été appréhendé sur la route de Dassa, province du Sanguié, région du Centre Ouest, par les forces de défense et de sécurité en novembre 2021. A la barre à Ouagadougou, le 24 juillet 2024, il a tenté de prouver son innocence. Au terme de son procès, il a été relaxé au bénéfice du doute.
Par Prisca Konkobo
D.O est poursuivi par le ministère public pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Tout commence un matin de novembre 2021, aux environs de 7h.
Sorti de chez lui, pour « acheter du thé », une colonne de forces de défense et de sécurité en patrouille le voit de loin en train de rentrer dans la brousse. Les terroristes ayant pour habitude de poster des éclaireurs, D.O est pris pour l’un d’eux. Il tente de se justifier.
« Je partais acheter du thé. C’est chemin faisant que j’ai eu envie de me soulager. J’ai laissé mon vélo au bas-côté de la route et je suis rentré dans les herbes. C’est là qu’on m’a pris. Je n’avais même pas encore mis ma ceinture. On m’a demandé où je partais, j’ai dit que j’allais acheter du thé à la boutique. Ils m’ont dit qu’on va m’emmener à Tougan et faire des enquêtes pour voir si je ne renseigne pas les terroristes », raconte-t-il à la barre.
« Vous faisiez quoi au bord de la voie alors que la colonne de militaires passait ? », demande le tribunal. « Je n’avais même pas vu les militaires. J’ai laissé le vélo au bord de la route avant de descendre me soulager », rétorque le prévenu.
De Tougan, D.O sera envoyé à Dédougou puis à la Prison de haute sécurité de Ouagadougou en attendant son jugement. Selon le procureur, le numéro du prévenu n’est pas reconnu comme un numéro suspect et il n’est pas en contact avec des terroristes.
Il a également affirmé que D.O est resté constant dans ses déclarations pendant la phase de l’enquête préliminaire. « Il n’y a pas d’éléments suffisants pour le retenir dans les liens de la prévention », a indiqué le procureur avant de requérir sa relaxe.
A l’issue des débats et des réquisitions du procureur, le tribunal a décidé de relaxer D.O au bénéfice du doute.