Qu’on l’appelle Front Polisario ou Sahara occidental, c’est un dossier brûlant en permanence entre le Maroc et l’Algérie, car depuis le déclenchement de ce conflit du désert en 1975, expression pour qualifier une guerre de décolonisation entre un groupe de Sahraouis avec le Front Polisario contre le Maroc pour , nul n’imaginait qu’un demi siècle après, ce prurit désertique resterait aussi purulent.
Victoire du Maroc à l’époque, mais dans le fond, le patron de ce bout de sable, Abdel Aziz, le premier dirigeant du Front Polisario et ses hommes se rebiffent. Et alors que l’Algérie s’en mêle, pour des raisons politiques et stratégiques, le souverain alaouite d’alors Hassan II, fait du Sahara occidental «une cause nationale». En fait, comme l’écrira le poète Abdelatif Laâbi, le Maroc devient «malade du Sahara».
En choisissant ce 30 juillet 2024, jour de la fête du trône pour reconnaître la marocanité du Sahara occidental, la France officialise en fait un rapprochement avec le Royaume marocain, vieux de plusieurs décennies, lequel tropisme a des explications sociales, politiques, et géopolitiques, et surtout économiques.
La France compte 2 millions de binationaux marocains, et plusieurs entreprises du CAC40 sont au Maroc. Evidemment à Rabat, on jubile, on pavoise de cette option française de ce soutien franc et clair de la souveraineté du Maroc sur le Sud de son territoire. A l’opposé, cette posture pour le plan d’autonomisation du Sahara occidental a provoqué l’ire noire des Algériens, à commencer par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, qui pose un double acte pour manifester sa désapprobation : annulation de son voyage à Paris prévu pour fin septembre-début octobre et rappel de son ambassadeur à Paris.
Scruté côté Alger, cette prise de position de la France, qu’aucun président de ce pays n’a jamais osé, complique davantage, ce brûlot saharien et même qu’on parle de «l’irresponsabilité extrême de la France».
Car au-delà de l’onde de choc en Algérie, et du clash diplomatique avec la France, les relations franco-algériennes qui se sont pourtant rassérénées ces dernières années, avec l’apport du rapport-Stora, alors que depuis 1962, elles ont toujours été en dents de scie avec plusieurs pics polaires, au délà de ces considerations, c’est un tournant fondamental dans ce dossier.
Alors, avec ce tonnerre diplomatique français dans le ciel algérien, doit-on s’attendre à des rétorsions commerciales de l’Algérie vis-à-vis de la France ? L’Algérie étant le 1er premier pays partenaire commercial de la France, verra-t-on ce commerce s’amenuiser ou disparaître ?
Avec 95% de ses hydrocarbures (pétrole, gaz) vendus à la France, que se passera-t-il avec ce pied de nez fait aux indépendantistes sahraouis, soutenus par Alger ? On le constate, 50 longues années après, la question n’est pas totalement vidée.