Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Art et Culture

Patrimoine mondial de l’Unesco : La Cour royale de Tiébélé dans la cour des grands !

Publié le mercredi 31 juillet 2024  |  libreinfo.net
Nahouri
© Autre presse par DR
Nahouri dans le Centre-Sud : La Cour royale de Tiébélé inscrite sur la liste du patrimoine mondial
Comment


Après les Ruines de Loropéni en 2009, le Complexe W-Arly-Pendjari en 2017 et les sites de métallurgie ancienne de fer en 2019, le Burkina vient de placer un quatrième site sur le référencement très sélect du patrimoine mondial de l’Unesco. « Témoignage exceptionnel des traditions Kasséna » installé depuis le XVIe siècle, la Cour royale de Tiébélé vient d’accéder à la cour des grands, avec son empreinte architecturale unique et sa culture particulière…

Par Serge Mathias Tomondji

Le patrimoine mondial de l’Unesco, vous connaissez ? C’est la cour commune qui répertorie, classe et préserve les trésors de la communauté humaine, avec des sites de référence d’un bout à l’autre du monde ! Distinct du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, il désigne, selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), « un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité ».

Un héritage actualisé chaque année depuis 1978, et qui compte actuellement 1 223 biens dans 168 pays sur 195 États membres, alors que se tient, du 21 au 31 juillet 2024 à New Delhi, en Inde, la 46e session élargie du Comité du patrimoine mondial. C’est cette session qui vient d’ailleurs d’inscrire la Cour royale de Tiébélé, au Burkina Faso, sur cette prestigieuse liste. Une victoire pour le « pays des Hommes intègres », qui compte à présent quatre biens de classe mondiale.


Installé depuis le XVIe siècle, la Cour royale de Tiébélé constitue aujourd’hui « un témoignage exceptionnel des traditions Kasséna ». Un savoir-faire architectural et culturel qui a résisté au temps, se perpétuant de génération en génération. Mais aussi une édifiante « organisation sociale de la chefferie des croyances et de la religion, ainsi que de multiples aspects de la riche culture de ce peuple ».

Sublime architecture !
La Cour royale de Tiébélé est, en effet, un ensemble architectural en terre. Elle est clôturée par un mur d’enceinte défensif et comprend des « édifices organisés en concessions distinctes et séparés par des murs et des passages les reliant aux lieux de cérémonies ou de rassemblement extérieurs à l’enclos ». De plus, si les habitations sont construites par des hommes, elles sont ensuite « décorées de peintures symboliques réalisées par les femmes, seules détentrices du savoir et chargées de sa transmission ».

À Tiébélé, et dans le pays kasséna, on tombe invariablement sous le charme de ces constructions uniques aux motifs sublimes, chatoyants, pittoresques… D’où que l’on vienne et qui que l’on soit, on reste subjugué par la dextérité des femmes qui détiennent les ficelles de cet art architectural qui gouverne les édifices de cette partie du sud du Burkina Faso. D’autant que la chefferie de Tiébélé s’est construite sur une alternance de conflits puis de rassemblements, les différents groupes ethniques, notamment dougdjiebié, koumboul et mossé, ayant fini par taire leurs différences pour devenir des Kasséna.


En inscrivant la Cour royale de Tiébélé dans le Patrimoine mondial, l’Unesco vient incontestablement de lui donner une place méritée dans la cour des grands. Le site témoigne en effet « des valeurs et des traditions de ce groupe ethnique », renforce son identité culturelle et l’épingle davantage sur la carte du monde. La Cour royale de Tiébélé devient ainsi, plus que jamais, un bien de l’humanité, un patrimoine à préserver et à sauvegarder des griffes de la destruction, de l’oubli, du reniement…

Une Afrique sous-représentée…
Après les Ruines de Loropéni en 2009, le Complexe W-Arly-Pendjari en 2017 et les sites de métallurgie ancienne de fer en 2019, le Burkina vient donc de placer un quatrième site sur le référencement très sélect du patrimoine mondial de l’Unesco. Ces quatre sites font ainsi partie des 103 biens — dont 56 biens culturels et 42 biens naturels — recensés actuellement sur le continent africain, qui compte 47 États parties à la Convention pour la protection du patrimoine mondial.

En 2019 par exemple, l’Afrique comptait 52 sites culturels, 38 sites naturels et cinq sites mixtes, soit au total 95 biens sur la liste du patrimoine mondial. Ce qui représente 8,7% des 1 092 biens alors répertoriés à travers le monde. Avec 1 223 biens aujourd’hui, notre continent reste sous-représenté sur la fiche du Patrimoine, avec seulement environ 12% de tous les sites inscrits dans le monde.


De plus, indique l’Unesco, nombre de ces sites se retrouvent sur la liste du patrimoine mondial en péril et il est urgent qu’ils soient protégés et préservés pour le bonheur des générations futures. « Confrontées à diverses menaces contemporaines, telles que le changement climatique, le développement incontrôlé, le braconnage, les troubles civils et l’instabilité, de nombreuses merveilles de l’Afrique risquent de perdre leur valeur universelle exceptionnelle », précise l’institution onusienne chargée de l’éducation, de la science et de la culture.

Méconnaissance et insécurité
L’histoire des peuples nous renseigne en effet que certains biens de grande valeur ont été détruits pour des raisons idéologiques et/ou religieuses. On se souvient ainsi de la destruction, le 11 mars 2001, des deux statues géantes de Boudha dans la vallée de Bamiyan, en Afghanistan. Mais aussi, plus près de nous, du début de la destruction des célèbres manuscrits de Tombouctou, au Mali…

En plus d’être méconnus des populations elles-mêmes, les sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, ainsi que ceux dont regorge le pays, s’exposent aux effets pervers d’une situation sécuritaire pénible. C’est le cas notamment au Burkina Faso, où le terrorisme continue de … terroriser dans les hameaux et localités environnantes où se situent ces sites. Il y a donc lieu de travailler tous ensemble, main dans la main, pour garantir la sécurité et la pérennité de ces biens inestimables.


Du reste, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de 1972 le souligne avec force : « Le patrimoine est l’héritage du passé, dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration. » Notre devoir est donc d’en prendre bonne note afin de sauvegarder, vulgariser et protéger nos patrimoines, partout, tout le temps !
Commentaires