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Burkina : Le projet de Franck Guissou pour « amorcer la souveraineté sanitaire»

Publié le mardi 30 juillet 2024  |  Libre Info
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© Autre presse par DR
Le Doctorant Franck Guissou prononçant son discours en République populaire de Chine
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Malgré les efforts des autorités burkinabè pour améliorer beaucoup de paramètres dans le domaine de la santé, il y a toujours un besoin d’accompagnement notamment dans la recherche. C’est fort de ce constat que le doctorant en médecine, Franck Guissou, a conçu un projet dans le cadre de la diplomatie sanitaire pour apporter aussi sa contribution. Ledit projet consiste à solliciter auprès de la République populaire de Chine un investissement de 20 milliards de francs CFA pour le secteur de la recherche en sciences de la santé au Burkina. Dans cette interview accordée à Libreinfo.net, M. Guissou évoque l’opportunité de son projet.


LI : Qu’est-ce que la diplomatie sanitaire ?

Franck Guissou : La diplomatie sanitaire est une discipline médico-diplomatique qui s’exerce à travers des actions de plaidoyer, de négociation et d’influence afin d’améliorer l’offre des soins de santé et participer à l’édification du système sanitaire en général. Cela, par le canal très privilégié et impactant de la diplomatie. Il s’agit de négocier au nom de la santé pour la santé.

LI: Présentez-nous votre projet entrant dans le cadre de la diplomatie sanitaire.

Franck Guissou : Lors de la 8e édition du Festival de la jeunesse Chine-Afrique 2024 qui s’est tenu en Chine du 19 au 26 mai dernier, j’ai eu l’honneur de représenter mon très cher pays le Burkina Faso à cette grande rencontre internationale entre la jeunesse africaine et la jeunesse chinoise.

Elle visait à amener les jeunes africains à s’investir dans les discussions entre leurs pays et la Chine afin de poser des actions d’avenir pour la consolidation de l’amitié entre la Chine et l’Afrique.

C’est lors de cette rencontre que j’ai eu l’opportunité de prononcer un discours au cours duquel j’ai introduit un projet dans le cadre de la diplomatie sanitaire qui consiste à solliciter auprès de la Chine un investissement de 20 milliards de francs CFA dans le secteur de la recherche en sciences de la santé du Burkina Faso. Le projet vise à améliorer le système sanitaire burkinabè de façon générale.

LI : Qu’est-ce qui a motivé un tel projet ?

Franck Guissou : Le projet a été motivé par les résultats scientifiques récents que le Burkina Faso a obtenus à la suite de recherches dans le secteur sanitaire. Je pense à la découverte du vaccin contre le paludisme avec le Professeur Alidou Tinto.

Il y a aussi la découverte du Faka qui est un phyto-médicament qui lutte contre la drépanocytose et qui a été développé et formalisé par une équipe du Professeur Innocent Pierre Guissou.

Ces deux résultats scientifiques étaient pour moi un argument pour plaider en faveur d’un investissement dans mon pays.

Le Burkina Faso regorge de potentialités en matière de recherches en sciences de la Santé. Cela pourrait faire découvrir d’autres solutions thérapeutiques.

LI : Avez-vous déjà présenté votre projet aux autorités burkinabè depuis votre retour de la Chine ?

Franck Guissou : De retour, j’ai tout de suite introduit le projet auprès de l’ambassade de Chine au Burkina Faso pour qu’elle soit sur la même longueur d’onde que les autorités chinoises.


Maintenant je suis dans une démarche d’obtenir des audiences auprès des autorités burkinabè pour leur parler du contenu et de l’opportunité du projet pour le Burkina.

Le projet est une action de solidarité à la dynamique actuelle du pays qui veut rehausser son image. Il est un appui aux différentes actions entreprises par les dirigeants du pays.

Le soutien de l’Etat burkinabè à ce projet peut se manifester par la mise en place d’une commission mixte de discussions entre nous et la partie chinoise.

La délégation burkinabè peut être constituée des ministères des Affaires étrangères, de la Santé et de l’Enseignement supérieur plus le porteur du projet que je suis pour voir la faisabilité.

LI : Concrètement quel intérêt le Burkina a-t-il à soutenir ce projet ?

Franck Guissou : Ce projet va permettre au Burkina Faso d’amorcer sa souveraineté sanitaire pour qu’à moyen et long termes, notre pays puisse être capable de fabriquer ses propres médicaments, ses propres vaccins et ses propres dispositifs médicaux. Ce qui fera du Burkina un hub pharmaceutique de la sous-région ouest africaine et même une référence mondiale en matière de santé.

Il permettra également de relever le défi de la démarche qualité de notre système de santé. Voyez-vous, à mon humble avis, l’un des défis majeurs de la médecine au Burkina, comme partout en Afrique, n’est pas seulement de fabriquer des qualifiés mais d’investir de façon conséquente dans le secteur en améliorant les infrastructures sanitaires que nous avons.

Et le gouvernement seul ne peut pas tout faire. En tant que citoyen et étudiant, dans mon domaine d’apprentissage qu’est la médecine, je peux réfléchir à des actions qui pourront aider à améliorer davantage la santé dans le pays.

Le budget de la santé exercice 2024 du Burkina Faso est de 330,6 milliards de francs CFA, soit 11,9% du budget total.

Ce qui est loin des recommandations de la Déclaration d’Abuja (Nigeria) où les gouvernements africains se sont engagés à allouer au minimum 15% des budgets nationaux à la santé.

Néanmoins, je salue l’engagement des autorités burkinabè qui s’emploient continuellement à améliorer ces chiffres. Notre projet est ainsi au bénéfice de l’État burkinabè.

LI : Comment se fera la mise en œuvre du projet ?

Franck Guissou : La mise en œuvre se fera par l’octroi de bourse aux étudiants en médecine, en pharmacie, en technologies biomédicales. Elle se fera aussi par des octrois de bourses de spécialisation pour les spécialités cliniques, de santé publique et de sciences de la santé ainsi que par le renforcement des capacités des plateaux techniques de nos centres médicaux universitaires.

LI : Quelle a été la réaction des autorités chinoises lorsque vous leur avez présenté le projet ?

Franck Guissou : La première réaction a été la volonté de participer à notre initiative de consolider les liens d’amitié entre les deux pays. Elles ont salué l’idée qui, selon elles, est mutuellement bénéfique.

LI : Rencontrez-vous des difficultés particulières dans la réalisation de ce projet ?

Franck Guissou : Pour l’instant, je ne peux pas dire qu’il y a des difficultés. Nous suivons notre petit bonhomme de chemin. Nous sommes dans la perspective de rencontrer nos autorités. C’est notre second défi à relever.

LI : Est-ce votre première fois de porter un projet pareil ?

Franck Guissou : Je suis à mon deuxième projet. J’ai pu réaliser mon premier projet dans le cadre de la diplomatie sanitaire avec l’ambassade de la République populaire de Chine au Burkina en juillet 2023. C’était au bénéfice des étudiants en médecine de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.

À l’époque, l’ambassade a validé le projet. Il s’en est suivi une remise d’un important lot de matériel médico-technique. Je remercie l’ambassadeur Lu Shan et son équipe qui ont eu un esprit d’humanisme en faveur de la santé des étudiants. C’était le premier résultat qui m’a conforté dans mon élan.

La santé est pour moi une responsabilité commune. Elle ne relève pas seulement des acteurs de la santé. C’est pourquoi j’exhorte les étudiants en médecine à s’engager davantage dans le domaine. À mon avis, la valeur n’attend ni le diplôme encore moins le nombre de diplômes. Nous avons une compétence humaine de qualité chez nous.
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