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Politiques de développement endogène : Cours magistral du Premier ministre à l’université Thomas Sankara

Publié le jeudi 25 juillet 2024  |  aOuaga.com
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Politiques de développement endogène : Cours magistral du Premier ministre à l`université Thomas Sankara
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A l’occasion de l’ouverture des travaux du Colloque international Thomas Sankara, le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson KYÉLEM de TAMBÈLA, a livré une communication sur le thème : "Politiques de développement endogène : Une réponse aux crises en Afrique ", ce jeudi 25 juillet 2024, à l’Université Thomas Sankara, à Ouagadougou. Selon lui, "pour qu’un peuple dominé se mette à travailler pour lui-même, il doit d’abord prendre conscience du degré de son aliénation, et se doter d’une volonté de déconstruire les différents schémas d’aliénation". L’intégralité de son intervention.



Introduction


1- Ce thème est à la fois profond et pertinent, tellement sa réalité est violente dans l’Afrique actuelle, et surtout dans le Burkina Faso d’aujourd’hui. Les crises qui surviennent dans le continent africain sont pour la plupart le résultat de la non-adaptabilité des faits politiques aux réalités sociales et sociologiques.

2- En Afrique, et principalement en Afrique francophone, ce qui se constate facilement, c’est la persistance de l’auto colonisation qui est le fait que le colonisé trouve valorisant de ressembler au colonisateur, de sorte que ce dernier n’a aucun effort à faire pour imposer sa culture.

3- En 1377, Ibn Khaldun expliquait le phénomène de l’auto colonisation en ces termes : « Les vaincus veulent toujours imiter le vainqueur dans ses traits distinctifs, dans son vêtement, sa profession et toutes ses conditions d’existence et de coutumes. La raison en est que l’âme voit toujours la perfection dans l’individu qui occupe le rang supérieur et auquel elle est subordonnée. Elle le considère comme parfait, soit parce que le respect qu’elle éprouve [pour lui] lui fait impression, ou parce qu’elle suppose faussement que sa propre subordination n’est pas une suite habituelle de la défaite, mais résulte de la perfection du vainqueur. Si cette fausse supposition se fixe dans l’âme, elle devient une croyance ferme. L’âme alors, adopte toutes les manières du vainqueur et s’assimile à lui. »

4- Si l’on considère que la victoire peut être militaire ou culturelle, le constat d’Ibn Khaldun s’est toujours appliqué en tout temps et en tout lieu. Dans l’Antiquité, le peuple juif a toujours été divisé entre la fidélité à son Dieu, et l’admiration et l’adoption des croyances et des civilisations des vainqueurs : Égyptiens, Assyriens, Babyloniens, Romains.

5- Alexandre Le Grand a vaincu militairement la Perse, mais il a succombé sous le charme de la supériorité de la civilisation perse. De même en fut-il de Rome qui vainquit la Grèce, mais succomba aussi sous le charme de sa civilisation.

6- Un peuple vaincu, militairement ou culturellement, et qui accepte sa défaite, ne se perçoit qu’à travers le reflet du vainqueur. Sa vie sociale, culturelle et économique s’organise en fonction des réalités du vainqueur. Les aspirations du vainqueur deviennent ses propres aspirations. Parfois même, le vaincu cherche à aller au-devant des aspirations du vainqueur pour mieux réussir son assimilation et recevoir les félicitations du vainqueur.

7- De nos jours, ce phénomène se constate facilement dans les anciennes colonies, principalement les anciennes colonies françaises d’Afrique où les alphabétisés et les lettrés vivent les pieds en Afrique et la tête en Occident. Plutôt que d’être continuellement tiraillé entre l’Afrique et l’Occident, mieux vaut aller directement vivre en Occident et être en harmonie avec soi-même, d’autant plus que cela confère un certain prestige. C’est ce qui explique la ruée de jeunes Africains, aliénés par la culture occidentale, vers l’Europe et l’Amérique du Nord, quitte à braver tous les obstacles.

8- Dans un tel contexte, il est difficile de parler de développement endogène. Celui-ci exige des préalables qui sont la décolonisation des mentalités (I), et une volonté politique assumée de gouverner différemment (II).

I- De la décolonisation des mentalités

9- Dans son Discours programme du 1er mai 1981, le Président Saye Zerbo de la Haute-Volta déclarait : « C’est pourquoi, en tout premier lieu, s’impose la décolonisation de nos mentalités longtemps acquises à l’idée de la "pauvreté presque irréversible de la Haute- Volta" que d’aucuns se plaisent à accréditer. » Il y a dans cette déclaration une prise de conscience d’une certaine réalité. Cependant, tout porte à croire que Saye Zerbo voyait les choses sous l’angle principalement économique. Il s’agissait de démentir l’idée qui prévalait alors que la Haute-Volta était un pays pauvre sans issue. Il s’emble que l’essentiel lui échappait.

10- Le vrai problème sera diagnostiqué un peu plus tard par le Président Thomas Sankara. Arrivé au pouvoir dans la nuit du 4 août 1983, dès le lendemain il déclarait que sa principale préoccupation était de transformer les mentalités, de transformer la façon d’être et de penser des Burkinabè.

11- Pour qu’un peuple dominé se mette à travailler pour lui-même, il doit d’abord prendre conscience du degré de son aliénation, et se doter d’une volonté de déconstruire les différents schémas d’aliénation. Tâche d’autant plus difficile que l’aliénation aura parfois affecté tous les aspects de la vie en société, jusqu’aux moindres réflexes.

II- De la volonté politique de déconnexion

12- Une fois que le diagnostic est posé, il faut prescrire le traitement et l’appliquer. C’est souvent à ce niveau que tout pèche. Un membre gangréné ne saurait se traiter avec des calmants. Il faut une chirurgie parfois radicale qui peut aller jusqu’à l’amputation du membre pour sauver la vie du patient.

13- Dans les années 1970, le Président Mobutu avait décrété la politique de l’authenticité. Cela avait conduit au changement du nom du pays qui, de République démocratique du Congo, était devenu le Zaïre. S’ensuivit la zaïrisation qui voulait que les noms des villes prissent des noms autochtones. Léopoldville la capitale devint ainsi Kinshassa. Élisabethville et Stanley ville changèrent aussi de noms pour devenir Lubumbashi et Kisangani. Les prénoms devaient aussi s’adapter à la nouvelle donne. Le Président Joseph Désiré Mobutu devint Sese Séko Mobutu.

14- Ce mouvement fut légèrement suivi au Togo où le Président Étienne Gnassingbé devint Éyadéma Gnassingbé, et au Tchad où le Président François Tombalbaye devint N’Garta Tombalbaye. En dehors de ce saupoudrage, rien de substantiel ne fut entrepris pour une décolonisation des mentalités. L’impact de ce mouvement fut de faible portée dans la mentalité des citoyens. De nos jours cette politique est pratiquement ignorée, et les Congolais rivalisent plutôt d’ardeur dans l’appropriation des valeurs culturelles occidentales. Un Congolais qui n’a pas encore fait un séjour à Paris ou à Bruxelles se sent dévalorisé. Les Congolais rivalisent, jusqu’au ridicule, dans l’imitation du style vestimentaire occidental à travers la sapologie qui est la manifestation de la Société des ambianceurs et des personnes élégantes (SAPE).

15- La politique d’authenticité prônée par Mobutu n’avait pas pris conscience de l’ampleur du problème. Peut-être n’était-ce qu’une diversion de Mobutu destinée à gagner du temps face à des difficultés internes ! il est vrai que les symboles peuvent avoir un rôle à jouer, mais la volonté de décolonisation doit aller plus loin que les faits superficiels, et s’attaquer aux racines mêmes de l’aliénation des mentalités. Il s’agit de déconstruire les fondements économiques et culturels de la domination étrangère. C’est donc un processus méthodique, patient, permanent, de long terme qui doit aboutir au changement de comportement et de penser des citoyens. Cela nécessite une meilleure compréhension des termes développement (A) et développement endogène (B).

A) Du développement

16- En parlant de sociétés humaines, c’est avec beaucoup de réserve que le terme développement doit être employé. Développement sied mieux à des créatures inanimées qu’à des êtres animés, surtout quand il s’agit de l’être humain. On peut dire qu’une plante, une usine, une agglomération se développe. Peut-on dire autant d’une personne ? Les sentiments, les perceptions, les analyses, les possibilités de choix sont plus importants pour les personnes humaines que l’accumulation ou l’accroissement des biens matériels.

17- On voit des personnes quitter des pays dits développés, et aller s’établir dans des pays dits pauvres et y trouver leur bonheur. De même, les candidats à l’émigration vers les pays dits développés ne sont pas toujours les plus pauvres, car pour ce faire, il faut réunir une certaine somme qui aurait pu être utilement investie dans les lieux de départ. Des plus pauvres qu’eux ont choisi de rester sur place pour se battre, et s’en sortent. C’est donc plutôt la perception que l’on a de soi-même et de la vie qui prime. Le terme développement est donc impropre. Il conviendrait de trouver un terme mieux adapté comme émancipation, épanouissement, progrès ou fierté.

C’est donc par défaut, et pour se conformer à l’usage que le terme développement est employé dans ce contexte.

B) Du développement endogène

18- Le développement endogène ou autocentré n’est pas assimilable à la croissance économique. Comme le fait bien remarquer Joseph Ki-Zerbo « à quoi servirait la croissance dans la dépendance ? A quoi sert de grossir si l’on grossit comme esclave et si, par-là, on progresse dans la servitude ? » Le Président Saye Zerbo semblait avoir cerné la notion. Dans son discours programme du 1er mai 1981 il déclarait : « À notre sens, le concept de développement doit être entendu comme la volonté farouche d’un peuple à maîtriser son destin par le travail, l’acquisition de connaissances et de savoir-faire, pour aboutir à l’épanouissement total de la personne et de la collectivité. »

19- Dans le développement endogène, il s’agit en réalité « de s’organiser pour inventer de nouveaux modes de vie, situés entre une modernisation dont on souffre mais qui procure néanmoins quelques avantages et une tradition dont il est possible de s’inspirer tout en sachant qu’il est impossible de la faire revivre. » Pour réaliser un tel projet, il y a un préalable qui est la nécessité de procéder à la rupture avec le système économique et culturel existant marqué par l’extraversion économique et culturelle. Le développement endogène est incompatible avec une économie extravertie dont les impératifs sont dictés de l’extérieur, et qui fonctionne pour répondre à des intérêts étrangers, en faisant fi de l’harmonie sociale.

20- Une fois la rupture décidée et assumée, il convient d’en examiner la méthode et le processus de la mise en œuvre. Une rupture brutale et incomprise par la population peut remettre en cause tout le processus, car le développement endogène doit nécessairement être accompagné par la population sur qui repose l’initiative et la réalisation de la plupart des projets à impact social direct. La population doit donc être préparée à la rupture, et doit la souhaiter dans sa majorité, en dépit de l’opposition inévitable des classes privilégiées qui profitent de la dépendance économique et culturelle à l’égard de l’étranger. La rupture devra donc se faire progressivement en fonction de la situation économique réelle de chaque pays.

21- Dans le cas du Burkina Faso, après la brève expérience de la Révolution démocratique et populaire (R.D.P.) de 1983 à 1987, les nouvelles autorités se sont engagées dans la voie du développement endogène. Elles ont en vue tous les segments de l’économie.

22- Dans le domaine agricole, il s’agit d’encourager la production et la consommation des produits locaux. À cet effet, du matériel agricole a été acquis en grand nombre. Pour limiter l’importation du riz, les moyens sont mis en œuvre pour en accroître la production, notamment par la sécurisation des sites de production malgré le terrorisme, et la mise à disposition de terres et de semences adaptées. La filière anacarde a été restructurée et dynamisée. Des essais sont en cours pour la production locale de blé, de café et de cacao. Ce qui à terme, limitera l’importation de ces produits et de leurs dérivés.

23- Dans le domaine artisanal, des dispositions ont été prises pour encourager le port du Faso Dan Fani qui est un tissu produit localement de manière artisanale, à partir du coton local. À terme, cela conduira à la limitation de l’importation des tissus. Les locaux administratifs sont prévus pour être maintenant équipés par les artisans en lieu et place du mobilier qui était importé.

24- Dans le domaine commercial, la suspension de l’exportation des céréales vise à en assurer la consommation locale au meilleur prix. Au besoin à en assurer la transformation. Des centrales d’achat sont prévues pour contribuer à l’écoulement des produits agricoles locaux à travers tout le territoire au meilleur prix. Des opérations de sensibilisation au "consommer local" ont déjà été menées, et d’autres sont en cours.

25- Dans le domaine industriel, l’État a procédé à la nationalisation de la Société sucrière de la Comoé (SO.SU.CO) qui souffrait de manque d’investissements, de mauvaise gestion et d’insuffisance de production. La Brasserie du Faso (BRAFASO) qui a toujours peiné à démarrer a été reprise par l’État pour lui insuffler le dynamisme nécessaire. Les brasseries seront encouragées à l’utilisation accrue de matières premières locales. Des usines textiles sont en construction pour contribuer à résorber la production nationale de coton. Des usines de transformation de la tomate sont en construction et seront bientôt fonctionnelles. Au niveau des mines, une usine de traitement des résidus miniers a été mise en place, et une raffinerie d’or est en construction.

26- L’activité économique est sous-tendue par le système financier. C’est pourquoi dans ce secteur, l’État a procédé à la redynamisation de la Banque agricole du Faso et à l’opérationnalisation de la Banque du Trésor et de la Banque postale. Ce, dans le but de se donner des leviers indispensables au soutien de la politique économique.

27- Dans le domaine de l’environnement, une politique hardie de reboisement est en cours avec pour objectif un Burkina vert. Il s’agit de reverdir les villes et les grands axes du pays. Chaque citoyen est appelé à donner sa contribution pour la réalisation de ce projet gigantesque.

28- Pour soutenir les activités économiques, le système d’enseignement connait une certaine refonte. L’initiation aux métiers est progressivement introduite au primaire, et l’enseignement des métiers au secondaire et au supérieur. L’apprenant, en plus des connaissances théoriques, devra aussi apprendre à faire usage de ses mains en fonction de son environnement. Ce qui contribuera à faciliter son insertion professionnelle, quelle que soit l’issue de son cursus scolaire.

29- L’Association pour la promotion de l’économie communautaire (A.P.E.C.) a été mise en place pour inciter les citoyens à s’investir pour la promotion économique du pays, et recueillir les diverses contributions. Les fonds ainsi récoltés sont orientés dans la création d’entreprises et d’usines, contribuant ainsi à la transformation des produits locaux et à la création d’emplois. Chaque contributeur se sent ainsi concerné par les projets économiques de l’A.P.E.C.

30- Un développement sans sécurité peut être facilement remis en cause par des facteurs internes ou externes. Le Burkina Faso l’a expérimenté avec d’abord, à partir du début des années 2000, les bandits de grand chemin, couramment appelés "coupeurs de route", qui braquaient en rase campagne les véhicules de transport collectif et même des véhicules particuliers, et maintenant avec le terrorisme qui sévit dans le pays depuis 2015.

31- En plus des corps militaires et paramilitaires constitués, la participation citoyenne à la sécurisation du territoire se fait à travers le corps des Volontaires pour la défense de la patrie (V.D.P.), et les structures traditionnelles de défense et de protection comme les "koglewéogho" et les "dozos". Un Fonds de soutien patriotique (F.S.P.) a été mis en place pour recueillir les contributions des citoyens au renforcement de la sécurisation du territoire. Chaque citoyen est ainsi interpellé, et se sent concerné par les problèmes de sécurité.

32- Pour impliquer l’ensemble de la population à la gestion des affaires du pays, une loi a été votée portant institution des Comités de veille et de développement (COVED). Le Coved est une organisation civile, apolitique, sui generis, chargé de la promotion de l’action citoyenne. Il est appelé à s’implanter dans chaque secteur et chaque village du territoire national. Il aura en charge la participation à la gestion du secteur ou du village dans tous les aspects de la localité.

Conclusion

33- Le développement endogène doit prendre en compte tous les aspects de la vie de la nation avec la participation réelle des citoyens qui font de leur affaire la gestion du pays. Le développement endogène c’est l’émancipation de l’Homme et de tout l’Homme. L’Homme dans ses besoins physiques et matériels, et dans ses besoins psychiques, morales et spirituels. Dans le développement endogène l’Homme est pris en compte dans son entièreté, en tant qu’individu et élément de la société à la fois.

34- Les crises surviennent à la suite de dysfonctionnement entre la perception que les citoyens ont de la façon dont ils sont gouvernés, et l’insatisfaction qu’ils éprouvent quant à la prise en compte de leurs aspirations. Sans un tel dysfonctionnement, la source des crises s’assèche. Le développement endogène entrainant la participation de chacun à la gestion de la communauté et de la société, les contestations individuelles ou collectives deviennent illégitimes. D’où la résorption des crises sociales et la stabilité politique et sociales. Exemple peut être pris des sociétés traditionnelles africaines dans lesquelles le chef ou le roi était rarement contesté. Elles ont connu ainsi des siècles de stabilité intérieure.

35- Le développement endogène tend à la marginalisation du capitalisme individuel et sauvage au profit d’une organisation sociale de la production, de la distribution et de la consommation. Il tend à favoriser les coopératives, la propriété collective et communautaire, et le capitalisme populaire.

36- Remettant en cause le modèle économique dominant actuel fondé sur l’ultralibéralisme et le capitalisme sauvage, toute tentative d’entreprendre une politique de développement endogène sera combattue par tous ceux qui tirent profit du système économique dominant actuel. C’est pourquoi, dès le départ, il faudra veiller à la mise en place d’une politique de résistance contre les infiltrations, les sabotages de tous ordres et les tentatives de déstabilisation politique et économique. Pour n’avoir pas pris suffisamment en compote cet aspect, de nombreuses tentatives ont été fourvoyées ou trahies. Ce qui instaure le doute et le scepticisme dans l’esprit des partisans du développement endogène quant à sa pertinence, et marque des victoires d’étape de l’ultralibéralisme.

37- Le développement endogène qui incorpore les citoyens dans leurs préoccupations, ingère les crises sociales qui peuvent être absorbées avant même leur manifestation. Il se présente donc comme la seule perspective pour résoudre les crises multiformes qui secouent actuellement les sociétés africaines.

38- Dans la mesure où les citoyens, à travers leurs organisations, sont associés à la gestion des pouvoirs économiques et politiques, les trop grandes disparités de rémunérations ne peuvent se justifier. D’où une harmonisation sociale pour une paix générale.



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