Au moins 15 soldats ont été tués lundi dans des combats dans l'ouest du Niger, une région toujours déstabilisée par les jihadistes, près d'un an après l'arrivée au pouvoir d'un régime militaire dans ce pays sahélien.
"Lundi 22 juillet, une unité des Forces de défense et de sécurité (FDS) en opération s'est accrochée avec des groupes armés terroristes sur l'axe Bankilaré-Téra aux abords du village de Fonéko", dans la région de Tillabéri (ouest), a annoncé mardi le ministère de la Défense dans un communiqué lu à la télévision publique.
Il annonce un "bilan provisoire" de 15 soldats tués, "trois disparus" et "16 blessés pris en charge par l'hôpital de Téra".
Le département de Téra est situé dans la vaste région de Tillabéri, au sein de la zone dite des "trois frontières" - entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso - devenue un repaire pour les jihadistes sahéliens afiliés à l'Etat islamique et Al-Qaïda.
Cette attaque survient près d'un an jour pour jour après un coup d'Etat qui avait porté le 26 juillet 2023 un régime militaire à la tête du Niger, une prise de pouvoir notamment justifiée par la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.
Un an après, les attaques de l'Etat islamique et Al-Qaïda dans la zone de Tillabéri se poursuivent : les embuscades et afrontements sanglants entre armée et jihadistes ont fait sur ces seules dernières semaines plusieurs dizaines de morts dans les deux camps.
Dans son communiqué de mardi, le ministère nigérien assure que 21 "terroristes" ont été tués dans ces afrontements et huit de leurs motos "détruites". Deux véhicules de l'armée nigérienne ont également été détruits.
La "prompte intervention des renforts à partir de Téra" a "contraint l'ennemi à rompre le contact et à (se) replier vers le nord", explique-t-il.
- Fête oficielle -
Téra est également le lieu de passage de milliers de camions de fret du Niger arrivant chaque mois du port de Lomé, au Togo, via le nord du Burkina, sous escorte des armées des deux voisins.
Malgré un important déploiement militaire - et la promesse de quadrupler les efectifs de l'armée d'ici à 2030 - les civils ne sont pas non plus épargnés, mais les bilans oficiels restent sporadiques et ceux indépendants, dificiles à obtenir.
Le 25 juin, vingt soldats et un civil avaient été tués dans la zone de Téra dans une attaque menée par "une coalition de groupes armés". En réponse, l'armée avait dit avoir tué "plus de 100 terroristes".
Mi-juillet, sept civils ont été tués par des "terroristes" dans le village de Dosso Kourégou, toujours dans la même région.
Le Niger est également confronté dans son sud-est par des violences de Boko Haram et de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP).
Le régime militaire dirigé par le général Abdourahamane Tiani, a déclaré lundi la journée du 26 juillet fête oficielle, pour commémorer son arrivée au pouvoir, date depuis laquelle le président civil renversé Mohamed Bazoum et son épouse Hadiza sont détenus. Mardi, la France a demandé la "libération inconditionnelle et immédiate" de M. Bazoum, une des rares prises de paroles internationales sur le sujet ces derniers mois.
"Cela fait un an qu'il est retenu prisonnier dans des conditions scandaleuses", a déclaré Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Afaires étrangères.
Dans sa lutte contre les jihadistes, le Niger a tourné le dos depuis le coup d'Etat à ses partenaires traditionnels.
La France, ex-puissance coloniale, a été priée fin 2023 de faire partir ses soldats basés au Niger pour lutter contre les jihadistes. Et d'ici à mi-septembre, les Américains auront également plié bagage, quittant notamment leur base de drones à Agadez (nord), après celle de Niamey.
Parallèlement, Niamey s'est rapproché de partenaires jugés "sincères" : l'Iran, la Turquie et la Russie, qui a envoyé des instructeurs militaires en avril et en mai, et de ses voisins le Burkina Faso et le Mali, eux aussi gouvernés par des régimes militaires et visés par les jihadistes.